La semaine dernière, la
Chambre des représentants et le Sénat ont voté en faveur du projet d’Obama
pour le Proche-Orient. Les deux organismes ont, sur une base bipartisane, autorisé
aux Etats-Unis d’entraîner et d’armer les rebelles qui ont combattu trois ans
durant pour renverser le gouvernement d’Assad en Syrie.
Bien que le gouvernement
syrien ait lui-aussi combattu l’EIIL et d’autres groupuscules extrémistes
pendant trois ans, les Etats-Unis refusent de s’adresser aux Syriens, et ont
demandé à Assad de ne pas interférer avec leur intervention sur le sol
syrien.
Le président Obama a promis qu’une
intervention aérienne suffirait à « dégrader et détruire l’EIIL ».
Il a annoncé la semaine dernière que :
"Les forces américaines
qui ont été déployées en Irak n’ont pas reçu de mission de combat… Je ne vous
soumettrais pas, ainsi que le reste de nos armées, à une nouvelle guerre de
terrain en Irak ».
Mais il ne fait aucun doute que
des soldats envoyés dans une zone de conflit soient des « combattants ».
Et de plus en plus y sont envoyés.
Bien que le président ait
promis que ses troupes ne viendraient pas fouler le sol syrien, le président
du Comité des chefs d’état-major, le Général Martin Dempsey, n’est pas d’accord
avec lui. Il a annoncé la semaine dernière au Comité des forces armées du
Sénat que les forces américaines sur le terrain auraient sous certaines
circonstances à se joindre aux troupes irakiennes ou kurdes.
L’intervention limitée promise
par le président il y a quelques semaines a déjà été intensifiée, et elle
menace aujourd’hui de devenir une autre guerre régionale majeure. En réalité,
il ne s’agirait bien entendu que de la continuation de la guerre en Irak
déclenchée il y a vingt-quatre ans par le président Bush, et à laquelle le
président Obama a promis de mettre fin.
Selon l’autorisation de la
semaine dernière, le président serait autorisé à entraîner 5.000 combattants
en Arabie Saoudite afin qu’ils intègrent la guerre civile en Syrie. Jusqu’à
présent, ces programmes d’entraînement étaient supervisés par la CIA en
Jordanie et en Turquie. Aujourd’hui, ils sont la mission du Pentagone et de l’Arabie
Saoudite.
L’entraînement de rebelles par
la CIA a contribué au passage d’armes depuis les mains de modérés à celles d’affiliés
d’Al Qaeda comme al-Nursa et l’EIIL, contre
lesquels l’administration dit combattre. En juillet, 1.000 combattants
affiliés à l’armée de libération syrienne, soutenue par les Etats-Unis, ont
rejoint les rangs de l’EIIL. Ils n’ont bien entendu pas oublié d’emporter
avec eux des armes américaines et les programmes d’entraînement dont ils ont
bénéficié, qui seront certainement utilisés contre le personnel militaire
américain mobilisé dans la région.
Que l’Arabie Saoudite ait été
choisie comme zone d’entraînement pour les prochains dirigeants de la Syrie
me semble être une mauvaise blague. Alors que l’EIIL décapitait deux journalistes
américains – un acte on-ne-peut-plus horrifique – la théocratie répressive
saoudienne décapitait des douzaines de ses propres citoyens, souvent pour des
crimes religieux mineurs.
Si nous voulons empêcher des
terroristes radicaux d’opérer en Syrie et en Irak, pourquoi ne pas dire à nos
alliés d’Arabie Saoudite de cesser de les financer et de les entraîner ?
Et si le gouvernement américain cessait lui-aussi d’entraîner les groupes
rebelles de Syrie et mettait fin à sa guerre en Irak, qui dure maintenant
depuis 1990 ?
Deux-cent millions de
personnes vivent à proximité de la zone où opère actuellement l’EIIL. Ce sont
elles qui font face à la menace de l’activité et de l’expansion du groupe.
Laissons-les combattre leur propre guerre plutôt que de faire de l’armée des
Etats-Unis l’armée mercenaire de puissants pays du Golfe. Souvenez-vous qu’ils
viennent chez nous parce que nous sommes chez eux. N’y restons pas.