Les
investisseurs ne trouvent pas la situation amusante.
La crise bancaire européenne ne
leur permet plus de souffler. Voilà que les deux plus grosses banques
allemandes sont venues faire la une avant même les banques italiennes, en
raison de leur taille et des dommages qu’elles pourraient causer au système financier
global. Et d’autres banques sont dans une situation plus délicate encore.
Certaines se sont déjà effondrées, et des bail-ins et plans de refinancements
commencent à être envisagés.
Deutsche Bank a enregistré un lundi très maussade après qu’il a été annoncé vendredi qu’Angela
Merkel a refusé de se pencher sur un refinancement de la banque avant les élections
générales de l’année prochaine. La popularité de la chancelière a récemment
été emboutie, et renflouer les banques du pays avec l’argent des
contribuables ne ferait qu’envenimer la situation.
Et il y a aussi Commerzbank,
dont le gouvernement possède 16% en conséquence du plan de sauvetage organisé
pendant la crise financière, qui serait sur le point de licencier 9.000
employés, soit près d’un cinquième de sa force de travail. Une décision qui
lui coûtera, selon certaines sources, environ un milliard d’euros.
Pour la financer, la banque devra réduire ses dividendes pour l’année 2016
afin de limiter l’hémorragie et préserver son capital, dans le cadre de ce
qui se trouve être un terrible environnement de taux d’intérêt négatifs.
J’aborde depuis un certain temps
le sujet de la crise bancaire européenne, qui semble se déplacer sans cesse d’un
pays à un autre. Il arrive que je la mentionne de manière amusante, parce que
nous devons tous préserver notre sens de l’humour en ces temps de trouble.
Mais les investisseurs qui ont
cru en les promesses de Draghi, en la force de Merkel et en leur volonté à
tous les deux de faire tout leur possible pour protéger les actionnaires et
propriétaires d’obligations des banques, qui ont cru en la reprise de l’Espagne
et en le nouveau gouvernement italien, ne rigolent plus.
Pour eux, la situation est
devenue un bain de sang. La crise financière globale a été balayée sous le
tapis. Et puis la crise européenne de la dette est venue faire s’effondrer
quelques banques en périphérie, les contribuables sont venus renflouer les
propriétaires d’obligations, et d’autres catastrophes ont elles-aussi été
balayées sous le tapis. Mais les problèmes n’ont pas été réglés pour autant. A
mesure que l’odeur de décomposition des actifs commençait à émaner de sous le
tapis, les investisseurs se sont bouché le nez et ont continué de jouer
pendant quelques temps.
Et aujourd’hui, la situation est
pire encore. Les investisseurs se demandent ce qui se trouve vraiment sous le
tapis – bien qu’ils ne veuillent pas vraiment le savoir, de peur que ce soit
vraiment trop moche. A chaque fois que quelqu’un jette un œil, disons aux
banques italiennes, un nouveau problème semble s’être métastasé.
Cette crise bancaire a le
potentiel de se transformer en une crise financière. Tout ce qu’il faudra
sera un effondrement des plus grands. Le flux de crédit se trouverait gelé
instantanément. Dans un système économique qui dépend du crédit, un tel
évènement représenterait une crise financière.
Le problème ne concerne pas qu’une
poignée de banques italiennes ou allemandes. Il est général.
Voici les 29 banques de l’indice
ESTX des banques de la zone euro (les banques suisses et britanniques ne sont
pas incluses). Il montre le déclin, en pourcentage, survenu depuis leur
record sur 52 semaines. Mais pour certaines de ces banques, notamment pour
les banques italiennes et portugaises, ce record à la hausse sur 52 semaines
était leur précédent record à la baisse sur 52 semaines, tellement leur
déclin a été fulgurant. Certaines ont déjà vu leurs actions passer à quelques
centimes il y a plusieurs années, et pour elles, en termes d’euros, les plus
grosses pertes ont déjà été essuyées. Voici donc ces banques, classifiées par
couleur en fonction de leur pays :

Si une banque voit ses actions
passer de 0,04 euro à 0,01 euro sur une période de 52 semaines, comme ça a
été le cas de Banco Comercial Português, alors elle est en faillite depuis 52
semaines, et ce déclin est essentiellement insignifiant, parce que ses
actions ne valaient déjà rien au départ.
Les actions de cinq de ces
banques s’échangent pour moins d’un euro. Huit autres s’échangent pour moins
de 3 euros. Ces 29 banques représentent une grosse portion du système
bancaire européen. Elles incluent certaines des plus grosses banques du
monde, comme Deutsche Bank, Société Générale et BNP Paribas. Ainsi que des
banques « systémiquement importantes » comme Unicredit, ING et
Santander.
Elles sont en difficulté, toutes
en même temps. Le comportement attentiste a été écrasé par les taux d’intérêt
négatifs.
Que
fera Merkel ? Lisez ceci : Deutsche
Bank in Free Fall. Shares, CoCo Bonds Plunge. Merkel Gives Cold Shoulder on
Bailout. Bank Denies Everything