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>Chômage des jeunes : les politiciens en roue libre  - H. Seize - 
Par Danielle Trinquet, paru initialement dans Laissons Faire, No.1, Juin 2013, page 45
Diplôme national consacré corrélativement à l’apparition de l’université de Paris, le baccalauréat est en action depuis le XIIIe siècle. Décrié parfois, réformé trop souvent, il continue pourtant à symboliser l’aboutissement des études secondaires, et constitue le premier grade universitaire. Lié à une conception étatiste de l’éducation, il a fait débat depuis des siècles déjà. Les économistes mêmes en sont allés de leur critique. Celle de F. Bastiat reste la plus célèbre et la plus profonde, et donc, pour notre époque, la plus digne d’intérêt.
Le particularisme attaché aux quatre grades universitaires français, à savoir le baccalauréat, la licence, le master et le doctorat, ne provient pas de l’importance des langues étrangères, de l’adéquation avec les besoins des entreprises, ou de toute autre caractéristique technique : leur caractéristique fondamentale est qu’ils relèvent tous du monopole étatique. L’État s’arroge seul le droit de diriger l’enseignement, d’arrêter les programmes, de choisir et de surveiller le personnel et, enfin, d’organiser les examens. Mais en quoi le monopole étatique dans l’enseignement constitue-t-il un défaut, une carence ? C’est à la résolution de cette question, la seule s’adressant aux fondements du diplôme en débat, que s’appliqua Bastiat.
Le baccalauréat constitue, dit-on, « la voie royale d’accès aux études supérieures », et en effet c’est l’étape la plus commune et la plus essentielle qui permet aux bacheliers d’entreprendre un cycle secondaire. Toutefois, être titulaire d’un tel diplôme ne détermine par pour autant les compétences d’un bachelier. Le choix des matières n’est pas permis, il est imposé. Aujourd’hui comme au temps de Bastiat, l’enseignement est théorique, la pratique peu encouragée — comme en atteste le faible pourcentage d’étudiants apprentis.
Le baccalauréat est donc l’aboutissement d’un enseignement à une seule vitesse, celle de l’apprentissage au même rythme pour tous, sans personnalisation, sans liberté de choix. Sa caractéristique principale tient dans un mot : le monopole. insidieux dessein, car « l’État ou pour mieux dire le parti, la faction, la secte, l’homme qui s’empare momentanément, et même très légalement, de l’influence gouvernementale, peut donner à l’enseignement la direction qui lui plaît, et façonner à son gré toutes les intelligences par le seul mécanisme des grades ». En détenant arbitrairement le choix dans les programmes enseignés, l’État formate la façon de penser des jeunes étudiants. Leibnitz l’avait déjà dit : « Faites-moi maître de l’enseignement, et je me charge de changer la face du monde. » Perspective malheureuse, dont l’État a bien senti la portée. Et en effet, connaît-on meilleur prosélytisme que l’endoctrinement ?
Le monopole signifie, nous le savons, qu’une seule et même formation est dispensée à tous les élèves. Le programme scolaire est arrêté par les soins du gouvernement, qui s’octroie sans nul consentement la permission d’insuffler quelle sera la base de connaissance nécessaire à un bachelier. La connaissance humaine est faite de centaines de disciplines scientifiques, et pourtant seule une infime partie de celles-ci seront l’objet d’un enseignement obligatoire. On aurait pu imaginer que l’astronomie ou la botanique fassent l’objet d’une étude, au même titre que la couture l’a été il fût en un temps encore peu lointain. Mais elles ne le sont plus désormais. Cela permet de relever que les matières inculquées sont mouvantes, et qu’elles divergent avec les politiques. Et pourtant, quel que soit l’avis qu’on puisse se faire de la meilleure éducation, l’État a le sien, et vous l’impose.
Nous pouvons croire que la véritable instruction consiste à savoir ce que les choses sont et ce qu’elles produisent, tant dans l’ordre physique que dans l’ordre moral. Nous pouvons penser que celui-là est le mieux instruit qui se fait l’idée la plus exacte des phénomènes et sait le mieux l’enchaînement des effets aux causes. Nous voudrions baser l’enseignement sur cette donnée. — Mais l’État a une autre idée. Il pense qu’être savant c’est être en mesure de scander les vers de Plaute, et de citer, sur le feu et sur l’air, les opinions de Thalès et de Pythagore.
Il vous dit : enseignez ce que vous voudrez à votre élève ; mais quand il aura vingt ans, je le ferai interroger sur les opinions de Pythagore et de Thalès, je lui ferai scander les vers de Plaute, et, s’il n’est assez fort en ces matières pour me prouver qu’il y a consacré toute sa jeunesse, il ne pourra être ni médecin, ni avocat, ni magistrat, ni consul, ni diplomate, ni professeur.
Avec l’éducation nationale uniforme pour tous, l’État n’a bien sûr pas la prétention de dicter les procédés pédagogiques à employer par les parents dans l’intimité de leur foyer. En revanche, et Bastiat le signale parfaitement dans le passage précédemment cité, il s’arroge le droit de ne valider que les acquis qu’il juge utiles, et de balayer d’un revers de main toutes les connaissances différentes de celles qu’il considère comme convenables pour la nation.
Il est difficile de dire, dans ces conditions, que l’éducation est libre, puisque les professeurs peuvent bien choisir ce qu’ils enseignent, et les parents ce qu’ils transmettent, l’État a fixé un concours commun, dessiné par lui. Aucune place n’est laissée pour les marginaux du savoir. « Je suis bien forcé de me soumettre, constate Bastiat en raisonnant comme père, car je ne prendrai pas sur moi la responsabilité de fermer à mon fils tant de si belles carrières. Vous aurez beau me dire que je suis libre ; j’affirme que je ne le suis pas. »
Ainsi, l’éducation dans sa forme étatisée, avec les diplômes et les grades qui l’entourent, ne fonctionne pas dans le sens du premier idéal inscrit au fronton de nos bâtiments publics. La faute à une disposition malheureuse, et funeste pour le développement de l’intelligence : le monopole de l’éducation.
De tous les penseurs sociaux, les économistes n’étaient certainement pas les seuls, à l’époque comme aujourd’hui, à constater les lacunes de l’enseignement public, mais ils étaient les seuls à les faire remonter à leur cause première : le monopole. Ainsi, se demandant pourquoi l’éducation est restée en France à un stade primitif et très peu convenable, Bastiat écrit : « L’explication est dans ce seul mot : Monopole. Le monopole est ainsi fait qu’il frappe d’immobilisme tout ce qu’il touche. » Ce principe, en effet, explique seul les défauts du système d’éducation nationale, et il est la raison pour laquelle Bastiat, et de nombreux économistes avec lui, portèrent la charge contre ce système. Vociférant constamment contre les monopoles dans la sphère économique, et très expressifs dans leurs louanges des bienfaits de la concurrence, ils ne pouvaient pas admettre la survie d’un tel dysfonctionnement dans l’éducation.
« Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c’est le monopole de l’enseignement. »
(F. Bastiat, Œuvres complètes, éd. Guillaumin, tome 5, p.93)


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il y a 3950 jours
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Début de l'article :Quel bonheur d’avoir la vingtaine de nos jours dans un pays occidental ! Jamais les perspectives d’avenir n’auront été aussi chantantes. Et quand on sait que c’est grâce aux nombreux efforts de notre classe politique, on ne peut que la remercier vigoureusement. D’ailleurs, les politiciens ont décidé de mettre un coup d’accélérateur à leurs interventions... Lire la suite
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