 @ Manu33
"Est-ce que la légalisation de quelque chose en Belgique applique automatiquement un sceau de bonne intelligence ?"
Bien sûr que non !
Néanmoins, accorder l'euthanasie, lorsqu'elle est demandée par celui qui souffre et qui n'a pas d'espoir de guérison, me semble une acte généreux, humain et même naturel fait "en bonne intelligence".
On a beau aimer son enfant, sa femme, son mari, son père, sa mère, son oncle ou sa tante, vouloir le/la maintenir en vie à tout prix - de quelques jours à quelques mois - quand ce n'est pas purement une simple question de dogme et de croyance qui en est à l'origine, c'est un sentiment totalement égoïste ! C'est ne pas lui reconnaître sa souffrance à lui/elle en ne se braquant que sur sa propre souffrance égoïste que l'on ressentira lors de sa perte qui est de toute façon inéluctable.
Dans les tribus primitives, lorsqu'un individu se sent condamné, il sait exactement quelle plante ingurgiter pour terminer sa vie en douceur.
Au Moyen-Âge, lorsque les gens avaient encore la connaissance des plantes, on ne sait pas exactement s'ils pratiquaient l'euthanasie, mais ce qui est certain, c'est qu'ils y pratiquaient le suicide. Il semblerait même que l'invention du "purgatoire" vit le jour après une série de suicides qui firent suite à des douleurs insupportables. Voici un petit extrait de l'excellent livre de Roselyne Rey "Histoire de la douleur", édition "La découverte/Poche":
"L'importance croissante du Christianisme en Europe occidentale pendant tout le Moyen-Âge incite à se demander comment les premiers Chrétiens se situaient par rapport à la médecine et quelle place ils accordaient à la douleur. (...). Il est probable néanmoins que la position du Christianisme sur la douleur, à la fois châtiment de Dieu et signe d'une élection particulière qui appelle sa récompense dans l'au-delà, pouvait renforcer l'indifférence stoïcienne à la douleur. (...) Dans le Christianisme, toutefois, il y a une limite à l'indifférence pour le corps, c'est lorsque l'excès de douleur peut provoquer le suicide. Cependant, la débauche d'imagination concernant les douleurs physiques, qui président à la "naissance du purgatoire" vers le XII° siècle, la complaisance à représenter les souffrances des saints sur les vitraux pourraient constituer des indices d'un autre rapport à la douleur. Ce que nous pouvons savoir des autres époques nous enseigne que, contre des douleurs intenses, les hommes sont prêts à essayer tous les remèdes pour trouver du soulagement y compris en recourant à une médecine non officielle." Fin de citation.
Avec nos animaux, nous agissons de la même façon, lorsqu'ils souffrent de trop, on abrège leurs souffrances et on trouve cela normal. Pourquoi ne pourrions-nous pas le faire avec nos proches ?
C'est pareil pour les proches de ceux qui décident d'opter pour une médecine alternative et qui, après leur mort, attaquent en justice le "médecin alternatif" en le traitant de charlatan... sans reconnaître que ce fut la décision du malade de faire appel à lui et non à un médecin "officiel", peu importe les conséquences. Faire cela, une fois de plus, c'est ne pas respecter la décision du malade. Quand bien même il a à faire à un charlatan, si ce dernier lui fait du bien, c'est son droit le plus strict de faire appel à celui qui le soulage d'une façon ou d'une autre. C'est SON corps et c'est SA liberté de choisir comment se soigner, même si cela ne correspond pas forcément au point de vue du proche.
Quant à la question de l'âge de cette pratique et plus particulièrement des enfants, il y a des enfants de 7 ou 8 ans, atteints de leucémie qui sont d'une lucidité extrême et qui demandent eux-mêmes d'en finir parce qu'ils n'en peuvent plus des traitements et des journées, semaines, mois, années à l'hôpital sans vie d'enfant de leur âge... Devons-nous le leur refuser et les obliger à continuer de souffrir ? Un tel refus est-il humain ou généreux ?
Je me rappelle d'un scandale en France concernant une dame atteinte d'un cancer du cerveau et dont le visage fut complètement déformé (http://www.toppeo.com/video-euthanasie-une-tumeur-lui-rme-visage-choc-5484.html). Elle est passée à la télé, souffrait atrocement et avait demandé l'autorisation à l'Etat de pouvoir être euthanasiée. La France le lui a refusé. Elle est partie en Suisse et est morte le lendemain de la décision de l'Etat français. Le pire, c'est qu'ensuite, la France a ouvert une enquête pour savoir qui l'avait aidé à mourir, qui lui avait prescrit les médicaments qu'elle prit, histoire de trouver le coupable qui avait transgressé la loi. N'était-ce pas un acharnement abject, inhumain, immoral et plus qu'arrogant de la part de l'Etat français ?
L'euthanasie devrait être automatiquement accordée à ceux qui le demandent et dont l'état le justifie; elle devrait être traitée au cas par cas et faire l'objet d'une concertation (conseil de famille + médecins) dans les cas graves et désespérés lorsque la personne ne peut plus s'exprimer et/ou ne s'est jamais prononcée à ce sujet la concernant.
Personnellement, et pour avoir eu un oncle qui a pris la décision de se faire euthanasier dans le cas d'un cancer inopérable, je trouve quand même que c'est une bonne chose que l'euthanasie ait été légalisée en Belgique. Quand on n'a plus de qualité de vie, la vie perd tout son sens.
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