L’étalon or : le protecteur et le
générateur des emplois
III.
Les méfaits de la désindustrialisation et du
chômage
La désindustrialisation et le
chômage sont apparus parce
que l’or a été éliminé tout d’abord
en tant que limite à l’expansion du crédit et à la
création monétaire puis
comme forme unique de règlement des dettes internationales.
Sous
l’étalon or, tous les participants au commerce international
savaient qu’il n’était possible de vendre à un pays
que si ce dernier pouvait également vendre quelque chose en retour. Il
n’était pas possible d‘acheter à un pays qui
n’achèterait rien en retour. Le commerce était
naturellement équilibré par cette restriction. Les
« déséquilibres structurels » qui sont
aujourd’hui si courants étaient alors inexistants.
Par exemple,
en 1900, le Mexique pouvait exporter du café vers l’Allemagne
parce que l’Allemagne exportait en retour des machines-outils vers le
Mexique. Or l’Allemagne pouvait acheter du café provenant du
Mexique parce qu’en retour, ce dernier achetait des machines à
l’Allemagne. Chaque transaction était faite en or et en
conséquence, l’équilibre était basé sur une
réalité économique. Comme il existait un
équilibre mondial des relations commerciales, un montant relativement
faible d’or était suffisant pour ajuster la balance
internationale. Le centre financier mondial qui agissait
comme « une centrale de compensation mondiale »,
c’était Londres. Quelques tonnes d’or étaient
suffisantes pour satisfaire aux besoins de ce lieu de compensation. Pour une
lecture plus approfondie sur la fonction de centre mondial de compensation du
commerce mondial, voir « Real Bills » et les articles
associés rédigés par Antal E. Fekete sur www.professorfekete.com
Un autre
exemple: en 1930 les USA ne pouvaient vendre que très peu à la
Chine parce que cette dernière était pauvre et manquait de
pouvoir d’achat. Comme les Etats-Unis vendaient très peu
à la Chine, ils ne pouvaient acquérir que très peu en
provenance de Chine. Et bien que les prix chinois fussent très bas,
les USA ne pouvaient acheter que très peu à la Chine parce que
la Chine n’achetait rien en provenance des USA – la Chine
était pauvre et ne pouvait s’offrir les produits
américains. Ainsi, le commerce entre la Chine et les USA était
équilibré en raison de la nécessité de
régler le solde des leurs transactions en or. L’équilibre
était impératif. Il n’y avait aucune chance qu’un
« déséquilibre structurel »
n’apparaisse.
Dans un
marché libre sous le régime d’étalon or, la grande
majorité des transactions n’exigeaient pas de mouvements
d’or pour que l’échange ait lieu. Les biens
échangés payaient réciproquement les uns pour les
autres. Il ne demeurait que de petits soldes qui devaient être
payés en or. En conséquence, le commerce international
était limité par le volume des achats réciproques entre
les parties concernées ; par exemple la soie chinoise payait les
importations de machines américaines et vice-versa.
L’étalon or imposait ordre et harmonie. Si le
président Nixon n’avait pas “fermé le guichet
doré” en 1971, le monde serait radicalement différent
aujourd’hui. La Chine aurait mis un siècle ou davantage à
atteindre son niveau actuel. La Chine n’aurait pas pu acheter grand
chose en provenance des USA parce qu’elle était pauvre et ainsi
la Chine n’aurait pas pu vendre beaucoup aux USA.
Un changement radical a eu lieu avec l’abolition de
l’étalon or.
Tout cela a changé parce que les Etats-Unis, ayant
ôté l’or du système monétaire international,
pouvaient tout “payer” en dollars sans l’étalon or
comme contrainte institutionnelle de limitation, ils pouvaient imprimer des
dollars ad libitum – sans limite. Ainsi, dans les années
1970, les Etats-Unis commencèrent à acheter des énormes
quantités de produits de grande qualité au Japon tandis que les
Japonais se targuaient du fait que « le Japon vend mais le Japon
n’achète pas ». Une situation impossible sous
l’étalon or devint parfaitement possible sous le système
de dollar à cours forcé. Les japonais devinrent des producteurs
gigantesques et leur pays, une ile transformée en immense usine. Le
Japon accumulait des dollars que les USA envoyaient en échanges des
produits japonais. Et cela, en retour, déclencha la
désindustrialisation des USA.
Prenez par
exemple les producteurs américains de télévisions. Voici
certains noms connus de producteurs de millions de récepteurs de
TV : « Philco »,
« Admiral »,
« Zénith » ou
« Motorola ». Les japonais avaient des produits de
meilleure qualité et meilleur marché et, comme
l’abandon de l’étalon or permettait au Japon de vendre
sans rien acheter en retour et réciproquement permettait aux USA
d’acheter sans rien vendre en retour, le résultat fut que
ces immenses usines qui vendaient des téléviseurs aux USA
furent fermées. Et c’est ainsi que « l’abandon
de l’or » a mis fin à l’industrie américaine.
Des achats
illimités du Japon inondèrent les USA et le monde parce
qu’ils étaient payés en dollars qui pouvaient être
créés en quantités illimitées.
L’équilibre que l’étalon or avait imposé
disparut et les déséquilibres le remplacèrent.
Après
1971, les USA s’embarquèrent dans une expansion du crédit
à grande échelle voulue et prolongée. Alors que la
nation se désindustrialisait et que les emplois bien payés de
l’industrie disparaissaient, le manque de revenu disponible pour la
population fut remplacé par un accès facile à un
crédit bon marché et cela afin de masquer la baisse du revenu
par habitant. Le crédit à la consommation conduisit à de
plus larges importations d’Asie et une plus grande désindustrialisation.
La grande expansion américaine du crédit fut possible parce que
l’étalon or qui avait précédemment restreint
l’expansion du crédit par le système bancaire avait
été abandonné. Certains analystes ont observé, et
ce n’est pas une simple coïncidence, qu’en termes
réels, les ouvriers américains n’ont profité
d’aucune augmentation de leur revenu réel depuis 1970.
Tous les économistes mainstream
considèrent que l’élimination de l’étalon or
était parfaitement acceptable. Ils ne voient toujours pas ou bien ne
veulent pas voir que la loi « des conséquences
imprévisibles » était en marche :
l’énorme avantage obtenu par les USA qui étaient en
mesure de payer des sommes illimitées en dollars non convertibles a eu
des conséquences fatales en particulier la destruction de
l’industrie américaine et occidentale en général.
Un proverbe mexicain s’applique parfaitement ici : « en
el pecado llevas la penitencia » ce qui signifie
« le péché contient sa propre
pénitence ».
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