La courbe des rendements est un
indicateur remarquablement utile d’évènements économiques et financiers
majeurs. Par exemple, sa tendance de long terme tend généralement à passer d’aplatissement
à pentification à l’approche de récessions économiques et de marchés
baissiers des actions. Elle tend généralement à rester plane en période de
croissance générée par l’inflation monétaire. C’est la raison pour laquelle
je considère la tendance de la courbe des rendements comme étant l’un des
facteurs fondamentaux du marché boursier et du marché de l’or. Quand la
tendance de la courbe des rendements est haussière pour le marché boursier,
elle est baissière pour le marché de l’or, et vice versa.
Une pentification majeure de la
courbe des rendements est liée à l’une de deux causes. Si cette pentification
est principalement la conséquence d’une hausse des taux d’intérêts de long
terme, alors sa cause est la hausse des attentes d’inflation ; alors que
si la pentification est principalement la conséquence d’un déclin des taux d’intérêts
de court terme, alors sa cause est une hausse de l’aversion au risque en
conséquence du déclin du niveau de confiance en l’économie et/ou en le
système financier. Cette dernière cause se produit invariablement lors d’une
transition depuis une croissance vers une récession.
Un aplatissement majeur de la
courbe des rendements a les causes opposées, c’est-à-dire qu’il peut être le
résultat d’un déclin des attentes d’inflation ou d’une hausse générale du
niveau de confiance en l’économie et de la volonté à prendre des risques.
On entend souvent dire qu’une
pentification de la courbe des rendements est haussière pour le système
bancaire parce qu’elle est la conséquence de l’expansion des marges de profit
des banques. Bien que ce soit superficiellement correct, cette théorie ignore
la réalité qui veut que l’une des deux raisons qui expliquent une
pentification majeure de la courbe des rendements soit des problèmes de
grande ampleur et menaçants au sein même du système bancaire. Par exemple, le
graphique ci-dessous montre qu’au fil des trois dernières décennies, la
courbe des rendements des Etats-Unis a traversé trois pentifications majeures :
à la fin des années 1980 jusqu’au début des années 1990, au début des années
2000, et en 2007-2011. Ces trois tendances ont été associées avec des
récessions économiques, alors que la première et la troisième sont survenues
alors que des problèmes liés aux bilans commençaient à faire surface au sein
du système bancaire, et ont accéléré à mesure qu’il est devenu apparent que
la plupart des grosses banques étaient en banqueroute.
Voici une analogie qui, je l’espère,
pourra vous permettre de comprendre la relation (sous le système monétaire
actuel) entre les tendances majeures de la courbe des rendements et la
conjoncture économique et financière. Dire qu’une pentification de la courbe
des rendements est haussière parce qu’elle mène éventuellement à un
renforcement de l’économie et une meilleure profitabilité des banques revient
à dire que les marchés baissiers sont en fait haussiers parce qu’ils mènent
finalement à des marchés haussiers. Dire qu’un aplatissement de la courbe des
rendements est baissier parce qu’il mène – après plusieurs années – à une
période de faiblesse économique sévère revient à dire que les marchés
haussiers sont en fait baissiers parce qu’ils précèdent toujours des marchés
baissiers.

La hausse des attentes d’inflation
et de l’aversion au risque tendent à stimuler le désir des gens de posséder
de l’or, alors que la propriété d’or devient moins désirable quand les
attentes d’inflation sont en déclin et que la confiance en le système
économique et financier est en hausse. En conséquence, une pentification de
la courbe des rendements est haussière pour l’or, et un aplatissement de la
courbe des rendements est baissière pour l’or.
La courbe des rendements des
Etats-Unis ne s’est pas encore renversée, c’est-à-dire qu’elle est
actuellement haussière pour le marché boursier et baissière pour le marché de
l’or. En revanche, la courbe des rendements n’est qu’une parmi sept bases
fondamentales prises en compte par mon modèle du prix de l’or, et l’une des
cinq bases fondamentales prises en compte dans mon modèle du marché boursier.