« En l’absence du
gouverneur, j’ai participé dans l’après-midi du lundi 10 décembre à la
réunion tenue dans le bureau de Zijlstra, à la BRI, au sujet du possible établissement
d’un pool de l’or. Emminger, de la Genièvre, de Strycker, Leutwiler, Larre et
Pohl étaient aussi présents. »
13 Décembre 1979 – Kit McMahon à Gordon Richardson,
Banque d’Angleterre
Introduction
Un pool de l’or avec lequel
beaucoup d’entre vous sont familiers a été opéré par les banques centrales
sur le marché de l’or entre les mois de novembre 1961 et de mars 1968. Ce
pool de l’or était connu sous le nom de London Gold Pool.
Cet article ne concerne pas
le London Gold Pool de 1961-68. Il
concerne les discussions qui ont eu lieu entre différentes banques centrales
en vue d’établir un arrangement quelque peu différent et bien plus récent.
Ces discussions concernant le possible établissement d’un deuxième pool de
l’or ont commencé en 1979, plus de onze ans après l’abandon du London Gold
Pool. Cet article est le premier d’une série de deux articles. Le second sera
publié plus tard.
Ces discussions ont eu lieu
alors que le prix de l’or du marché libre était en hausse, et se rapprochait
de son record de 850 dollars enregistré en janvier 1980.
Les discussions et réunions de
1979 et 1980 concernant un nouveau pool de l’or, dont vous trouverez les
détails ci-dessous, ont impliqué les banquiers centraux les plus puissants au
monde, dont les noms vous seront peut-être familiers. L’objectif de ces
discussions et réunions était d’aboutir à une action jointe de la part des
banques centrales en vue de soumettre et de manipuler le prix de l’or au
début des années 1980. Un grand nombre de ces réunions ont été privées et ont
impliqué une poignée de gouverneurs de banques centrales du G10. Elles ont eu
lieu dans le bureau du président de la BRI à Bâle, en Suisse.
Ces réunions sont avant tout
un signe d’intention. De l’intention d’un groupe de puissantes banques centrales
de manipuler un prix du marché libre afin de distordre les signaux de prix du
marché. Ces documents sont, en ce sens, intemporels. Ils illustrent également
la crainte qu’éveille une hausse du prix de l’or sur le marché libre chez les
banquiers centraux et, plus important encore, montrent que ces banquiers
centraux n’ont aucun scrupule, du moins d’un point de vue moral ou légal, à
intervenir et à manipuler le prix de l’or lorsqu’ils le perçoivent comme une
menace pour leur système monétaire fiduciaire.
Le London Gold Pool de 1961-68
était le fruit d’une collusion entre huit banques centrales majeures, dont
l’objectif était de plafonner le prix officiel de l’or à 35 dollars par once.
Ce pool de l’or a été établi dans les bureaux de la Banque des règlements
internationaux à Bâle, en Suisse, et géré par les gouverneurs des banques
centrales membres de ce pool. En revanche, les activités quotidiennes du Gold
Pool de 1961-68 étaient exécutées par son agent, la Banque d’Angleterre, à
Londres. C’est pourquoi ce pool a été baptisé London Gold Pool. Il s’est
effondré le mardi 14 mars 1968, quand les achats spéculatifs sur le marché de
l’or de Londres ont submergé les réserves des banques centrales membres du
pool.
Les membres du Gold Pool de
1961-68 consistaient en les banques centrales des Etats-Unis, du Royaume-Uni,
d’Allemagne de l’Ouest, des Pays-Bas, de la Suisse, de France, de Belgique et
d’Italie, et les discussions concernant un nouveau pool de l’or ont impliqué
les mêmes banques.
Le London Gold Pool était à la
fois un syndicat de vente, dont les membres mettaient leurs réserves d’or en
commun pour intervenir sur le marché de l’or de Londres, et un syndicat
d’achat, dont les membres tentaient de récupérer les réserves d’or utilisées
pour en plafonner le prix. De la même manière, comme vous pourrez le voir
ci-dessous, les discussions de 1979-80 concernant un nouveau pool de l’or ont
impliqué des banques centrales d’Europe occidentale qui, dans l’ensemble,
souhaitaient pouvoir vendre de l’or aussi bien qu’en acheter.
Pour illustrer la manière dont
les banquiers centraux les plus puissants du monde se sont entendus en vue
d’établir un nouveau pool de l’or, vous trouverez ci-dessous une série de
documents issus de la Banque d’Angleterre, qui nous apportent une explication
détaillée de l’évolution des discussions qui ont eu lieu à la BRI, ainsi
qu’un aperçu de l’état d’esprit des membres de la Banque d’Angleterre
impliqués dans ces discussions. Ces documents de correspondance interne datés
de 1979
et 1980
peuvent être considérés comme les équivalents d’emails internes avant
l’apparition de systèmes de messagerie d’entreprise.
Comme vous le verrez
ci-dessous, de nombreux noms apparaissent dans les documents et discussions
publiés plus bas, c’est pourquoi il est nécessaire de commencer par nous
pencher sur l’identité de ces gens et les rôles qu’ils occupaient. Il est
aussi nécessaire d’apporter un bref contexte aux mouvements du prix de l’or
sur la période.

BRI, Bâle,
Suisse
La hausse du
prix de l’or de 1979-80
Quand le London Gold Pool
s’est effondré en mars 1968, un marché de l’or à deux vitesses s’est
développé pour le remplacer. Le prix de l’or du marché privé a flambé, alors
que les banques centrales ont continué d’échanger de l’or avec la Banque de
réserve fédérale de New York et le Trésor américain au taux officiel de 35
dollars par once. En revanche, en août 1971, Nixon a fermé le guichet de l’or
en mettant fin à la convertibilité des dollars en or, qui était jusqu’alors
une option pour les banques centrales et les gouvernements étrangers. Cette
décision a marqué la naissance du prix de l’or flottant.
A la fin de l’année 1974, le
prix de l’or en dollar s’élevait à 187 dollars par once. Les trois années qui
ont suivi ont vu le prix de l’or diminuer jusqu’à atteindre 100 dollars en
août 1976, avant de repartir à la hausse. Sur la période, le prix de l’or
s’est affiché, en fin de chaque année, entre 135 et 165 dollars. En 1978, il
a de nouveau atteint un record pour terminer l’année à 226 dollars l’once.


Prix
de l’or de janvier 1971 à janvier 1980. Source : BullionStar charts
Mais c’est en 1979 que le prix
de l’or a véritablement flambé, pour atteindre un record après l’autre. En
juillet 1979, il a franchi la barre des 300 dollars pour la toute première
fois. Au mois d’octobre 1979, le prix de l’or a pour la première fois dépassé
les 400 dollars. Il a atteint 500 dollars en décembre 1979. Bien que ces
hausses de prix aient été phénoménales en elles-mêmes, ce qui s’est passé en
janvier 1980 a été d’autant plus surprenant. En l’espace de quelques
semaines, le prix de l’or a franchi la barre des 600 dollars, puis celle des
700 dollars, avant de franchir les 800 dollars et atteindre un record de 850
dollars par once à la fin du mois de janvier 1980.


Prix de l’or de janvier 1979 à juin 1980. Source : BullionStar Charts
Le milieu des années 1970 a
enregistré une série de ventes d’or officielles qui, bien qu’organisées
stratégiquement en vue de contenir le prix de l’or, n’ont pas pu parvenir à
l’objectif établi sur le moyen terme. Entre les mois de juin 1976 et de mai
1980, le Fonds monétaire international a vendu 25 millions d’onces (777
tonnes) d’or lors de 45 enchères publiques. Entre mai 1978 et novembre 1979,
le Trésor des Etats-Unis a vendu 8,05 millions d’onces fin à 99,5% et 7,75
millions d’onces d’or fin à 90% lors de 23 ventes aux enchères sur le marché
privé. Ce qui représente plus de 15 millions d’onces (446 tonnes) vendues par
le Trésor. Les dernières enchères organisées par le Trésor ont eu lieu le 16
octobre 1979, avec 750.000 onces d’or mises en vente, et le 1er
novembre 1979 avec la vente de 1.250.000 onces de pièces d’or de moindre
qualité. Le 15 janvier 1980, le Secrétaire du Trésor a officiellement annoncé
la fin des ventes d’or américaines.
Comme l’explique le rapport
publié en 1980 par la Banque des règlements internationaux au sujet du marché
de l’or de 1979 :
« La hausse
supplémentaire des réserves d’or a été éclipsée par la hausse très importante
de la demande en or qui, en un peu plus d’un an, a fait se multiplier par
quatre le prix marché de Londres, jusqu’à ce qu’il atteigne 850 dollars en
janvier 1980.
En plus de son incroyable
magnitude, la hausse du prix de l’or de l’année dernière (1979) a présenté
d’autres caractéristiques remarquables : tout d’abord, l’or a grimpé contre
toutes les devises, y compris celles dont la valeur avait le plus augmenté
dans les années 1970. Deuxièmement, cette hausse s’est produite alors que les
taux d’intérêt étaient en hausse au travers du monde industrialisé, l’un des
effets en ayant été une hausse du coût de la propriété d’or. Troisièmement,
elle est survenue alors que le dollar se renforçait sur les marchés des
changes. »
C’est dans ce contexte de
hausse du prix de l’or, de ventes aux enchères de réserves d’or, de troubles
sur les marchés des devises, de faible croissance et de forte inflation, que
les discussions concernant un nouveau pool de l’or ont eu lieu entre
septembre 1979 et janvier 1980 à la BRI.
Renaissance
du pool de l’or
Ce qui suit est une série de
mémorandums confidentiels et de briefings obtenus de la Banque d’Angleterre.
Le premier, qui est classé « secret », est une analyse écrite par
John Sangster, de la Banque d’Angleterre, à l’attention de Christopher
McMahon, aussi membre de la Banque d’Angleterre. Certains passages ont été
mis en gras. Une majorité des textes parlent d’eux-mêmes, et les passages mis
en valeur ne visent qu’à attirer votre attention sur les sections les plus
intéressantes.
Christopher McMahon, connu
sous le nom de « Kit » McMahon, a été membre de la direction de la
Banque d’Angleterre entre 1970 et 1980, avant de devenir gouverneur adjoint
de la Banque d’Angleterre le 1er mars 1980. Avant la promotion de
McMahon, le poste était occupé par Jasper Hollom. Le nom de Kit McMahon est
Christopher William McMahon, c’est pourquoi il signait ses mémorandums des
initiales CWM.
McMahon a quitté la Banque
d’Angleterre en 1986 pour devenir directeur exécutif de la Midland Bank. En
1987, McMahon en est aussi devenu le président. Il a quitté la banque en
1991. Depuis 1974, Midland Bank est également propriétaire de Samuel Montagu,
l’une des cinq firmes commerciales du marché de l’or de Londres. HSBC a
racheté Midland en 1992 après avoir acquis 15% de ses parts en 1987. Vous
pourrez en apprendre plus sur McMahon ici
et ici.
Le nom complet de John
Sangster était John
Laing Sangster, c’est pourquoi il signait ses mémorandums des initiales
JLS.
Dans les années 1970 et 1980,
Sangster était le spécialiste des changes et de l’or de la Banque d’Angleterre.
En mars 1980, il est devenu l’un des six nouveaux directeurs adjoints de la
Banque d’Angleterre. Pour vous faire une idée du rôle de Sangster à l’époque,
lorsqu’il a été promu directeur-adjoint en mars 1980, deux de ses
contemporains qui ont également été nommés directeurs adjoints étaient Eddie
George et David Walker. Sangster a pris sa retraite en 1982. Eddie George est
ensuite devenu gouverneur de la Banque d’Angleterre de 1993 à 2003. Davis
Walker a plus tard dirigé de nombreuses institutions de la City de Londres,
dont Barclays Bank.
Le premier document ci-dessous
a été écrit le 21 septembre 1979, quand le prix de l’or a terminé la journée
à 376,41 dollars.
SECRET
21.9.1979
Mr McMahon
Copie à l’attention de
Mr. Byatt
Or
Il est assez probable
qu’au cours de ces prochaines semaines, des banques centrales se mettent à
discuter d’une possible renaissance du pool de l’or. De la même manière
que le crédit en sterling de juin 1976, certaines personnes pourraient
spontanément penser que le temps est venu d’établir une action commune.
Dont les arguments
principaux seraient :
(a) l’or est encore tant
intégré au système monétaire international que ses performances actuelles
sont un élément significatif de l’instabilité générale des devises ;
(b) bien que la faiblesse
du dollar ait précédemment bénéficié à l’or, plus récemment, la force de l’or
a contribué à la faiblesse renouvelée du dollar ;
(c) le marché est
actuellement suracheté, et il existe un besoin évident de mettre fin à l’idée
que le marché ne puisse plus que grimper. Une telle attitude est
dangereuse sur n’importe quel marché, mais en raison des liens résiduels de
l’or avec la monnaie, les institutions financières pourraient potentiellement
devenir surexposées ;
(d) une démonstration
jointe des banques centrales serait plus salutaire, parce que le
marché est persuadé que les banques centrales n’ont d’intérêt que pour
l’établissement d’un plancher sous le prix de l’or et ne souhaitent
aucunement l’empêcher de grimper ;
(e) une hausse potentielle
des ventes russes.
Il ne serait évidemment
pas question de stabilisation permanente du prix de l’or, mais simplement
d’une intervention à un instant critique dans une région cible. Une telle
opération pourrait être entreprise en parallèle aux enchères américaines qui
existent aujourd’hui, bien qu’elles aient pu devenir trop prévisibles et
pourraient, du moins pour le moment, plus aisément être incorporées à un
nouveau pool. Pour autant que je sache, rien n’a pour le moment été évoqué à
la ou par la Banque de réserve fédérale de New York, et sans l’intérêt des
Américains, l’idée ne pourrait que très rapidement être abandonnée. Les
autres ne considèreraient pas non plus la proposition en l’absence d’une
provision relative à la recapture de l’or.
Nous ne pouvons rien faire
pour le moment si ce n’est prendre conscience du potentiel de discussion. Si
l’idée prenait son envol, compte tenu de la carence comparative de nos
réserves d’or, il serait évidemment [page 2] préférable de nous assurer
à ce que les contributions soient faites proportionnellement aux réserves
d’or plutôt que sur une quelconque autre base.
21 septembre
1979
JLS
Le mémorandum de JLS à McMahon
peut être lu ici : Page
1 et Page
2.
Chose très peu surprenante, en
tant que spécialiste de l’or et des réserves de devises de la Banque
d’Angleterre, Sangster était au courant des points de vue des autres banques
centrales, et a pu prédire qu’un groupe de banques centrales était sur le
point d’entamer des discussions quant au lancement potentiel d’un nouveau
pool de l’or.
Sangster a également prédit
que les banques centrales européennes favoriseraient des interventions au
travers d’un pool de l’or, au travers duquel l’or vendu pourrait être
recapturé. La prédiction de Sangster quant à la nécessité pour les Américains
d’y participer s’est aussi avérée correcte.
Il était d’usage à l’époque de
faire circuler les correspondances internes à la Banque d’Angleterre jusqu’à
leur destinataire, qui les lisait avant d’y ajouter des notes écrites et de
les signer de ses initiales, avant de les renvoyer à leur auteur.


Note écrite sur le
mémorandum envoyé à Sangster par JLS, 21 septembre 1979
La note, écrite par Kit
McMahon et signée des initiales CWM en haut de la page 1, se lit comme
suit :
« Paul Jeanty m’a dit que Zijlstra lui a dit il y a plusieurs semaines
qu’il serait désormais en faveur d’une opération jointe par les banques
centrales afin de stabiliser le prix à l’intérieur d’une bande mobile. Leutwiler (assez fréquemment dans son cas) et Clappier le lui ont dit par le passé, et il est
d’avis (je ne connais pas ses raisons) que de Stryker et Baffi seront favorables à un tel projet.
Tous reconnaissent, en revanche, qu’Emminger n’est pas disposé à participer.
CWM 29/9 »
De nombreux noms célèbres
apparaîtront au fil de cet article, dont j’établirai le profit rapide par
souci de contexte.
A l’époque de cette
correspondance, Paul Jeanty était vice-président de Samuel Montagu & Co,
l’un des cinq négociants d’or principaux du marché de Londres. Samuel Montagu
& Co est devenu une succursale de Midland Bank en 1974.
Le qui
est-ce des banquiers centraux
Zijlstra fait référence
au Dr. Jelle Zijlstra, qui a été président de la BRI de 1967 à décembre 1981.
Zijlstra était simultanément le président de la banque centrale hollandaise,
De Nederlandsche Bank (DNB), de 1967 à la fin de l’année 1981. Il a
également été Premier ministre de son pays en 1966-67.
Leutwiler fait référence à Fritz
Leutwiler, directeur de la Banque nationale suisse de mai 1974 à
décembre 1984. Leutwiler était également membre du directoire de la BRI de
1974 à 1981, et a été président exécutif du conseil de la BRI de janvier 1982
à décembre 1984.
De Stryker fait référence
à Cecil
de Strycker, gouverneur de la Banque nationale de Belgique de
février 1975 à la fin février 1982. A l’époque, il était également président
du Fonds européen de coopération monétaire, puis président des gouverneurs
des banques centrales des Etats membres de la Communauté économique
européenne.
Clappier fait référence
à Bernard Clappier, gouverneur de la Banque de France de 1974 à 1979. Il
était aussi vice-gouverneur de la Banque de France de 1964 à 1973.
Baffi fait référence à Paolo
Baffi, gouverneur de la Banca d’Italia de juillet 1975 à octobre 1979, et
membre du conseil de la BRI depuis 1975. Il est devenu vice-président de la
BRI en 1988.
Emminger réfère à Otmar
Emminger, président de la Deutsche Bundesbank du premier juin 1977 au 31
décembre 1979. Emminger a été l’un des principaux architectes
des droits de tirages spéciaux en 1969, qui étaient destinés à concurrencer
puis éventuellement remplacer l’or.
Le document suivant, daté du
18 octobre 1979, contient des références aux personnes mentionnées ci-dessus,
mais aussi à d’autres banquiers centraux importants, c’est pourquoi j’estime
nécessaire de mentionner ces noms ici :
Le gouverneur de la Banque
d’Angleterre - Gordon
Richardson. Richardson a été gouverneur de la Banque d’Angleterre pendant
dix ans, de 1973 à 1983, et administrateur non-exécutif de la Banque
d’Angleterre de 1967 à 1973. Il a été le directeur
de J. Henry Schroder Wagg de 1962 à 1972, et président de Schroders de 1966 à
1973. Il était également directeur de Saudi International Bank à Londres, qui
était connue sous le nom d’Al Bank Al Saudi Al Alami lors de son implantation
à Londres en 1975, et est aujourd’hui connue sous le nom de Gulf
International Bank UK Limited.
Ciampi fait référence à Carlo
Ciampi. Ciampi était gouverneur de Banca d’Italia d’octobre 1979 à avril
1993, ainsi que vice-président de la Banque des règlements internationaux
entre 1994 et 1996. Il a été Premier ministre d’Italie entre avril 1993 et
mai 1994, et Président de l’Italie de mai 1999 à mai 2006.
Schmidt réfère à Helmut
Schmidt, chancelier (chef d’Etat) de la République fédérale d’Allemagne
(Allemagne de l’Ouest) de 1974 à 1982.
Guth fait référence à Wilfried
Guth, président du conseil de Deutsche Bank (la banque commerciale) à
partir de 1976, et directeur du conseil de surveillance de la banque jusqu’en
1990.
Al Quraishi fait référence
à Abdulaziz
Al-Quraishi. Al-Quraishi a été le gouverneur de la Saudi Arabian Monetary
Agency (SAMA) de 1974 à 1983. Il a également été directeur de Saudi
International Bank, à Londres, de 1987 à 1996, et faisait partie du conseil
de Saudi International Bank en même temps que Gordon Richardson.
Les
Américains : Miller, Solomon, Volcker et Wallich
Miller fait référence à William
Miller. Miller a été Secrétaire du Trésor des Etats-Unis entre le mois
d’aout 1976 et le mois de janvier 1981. Avant cela, il était directeur du
conseil des gouverneurs du système de réserve fédérale de mars 1978 à août
1979.
Solomon fait référence à Anthony
Solomon. Entre les mois de mars 1977 et mars 1980, Solomon était le
sous-secrétaire des affaires monétaires du Trésor des Etats-Unis. En avril
1980, il est devenu président de la Fed de New York, un poste qu’il a
conservé jusqu’à la fin de l’année 1984.
Volcker fait référence à Paul
Volcker. En août 1979, Volcker a pris la place de Miller en tant que
président du conseil des gouverneurs du système de réserve fédérale. Avant
cette date, il a été président de la Fed de New York de 1975 à 1979. Il a
également servi en tant que sous-secrétaire pour les affaires monétaires du
Trésor de 1969 à 1974.
Wallich fait référence à Henry
Wallich. Wallich était un économiste qui, entre autres choses, était
membre du conseil des gouverneurs du système de réserve fédérale de 1974 à
1986. Il a également été membre de la Commission du Congrès pour l’or de 1981
à 1982.
Discussions
à Belgrade concernant un nouveau pool de l’or
Le document qui suit a été
rédigé par McMahon le 18 octobre 1979 à l’attention du gouverneur de la
Banque d’Angleterre, Gordon Richardson. Le 18 octobre 1979, le prix de l’or a
terminé la journée à 386,84 dollars. La référence à Belgrade est liée à la
conférence annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qui a eu lieu au début
du mois d’octobre 1979 au centre Sava, à Belgrade, la capitale de l’ancienne
Yougoslavie. Les ministres des finances et banquiers centraux de 138 pays y
ont participé.
SECRET
18.10.79
LE GOUVERNEUR
Or
Paul Jeanty est venu me voir cet après-midi pour
me faire part d’une conversation qu’il a eue à Zürich avec Leutwiler.
Leutwiler lui a dit que les
Américains étaient venus le voir à Belgrade (l’équipe au complet - Miller, Solomon, Volcker et Wallich). A la grande surprise de Fritz, ils
lui ont demandé s’il était en mesure d’organiser une opération de vente
d’or (ce sont principalement Volcker et Solomon qui se sont entretenus
avec lui). Ils ont apparemment mentionné être potentiellement préparés à
vendre 10% des réserves d’or officielles, et se sont dits intéressés de
participer en personne.
Fritz leur a expliqué que
si une telle opération était organisée, il ne serait pas nécessaire
d’impliquer 10% des réserves d’or, mais que toutes les réserves d’or
devraient pouvoir être rachetées plus tard sur le marché. A sa grande
surprise, les Américains n’ont pas objecté – ce qui est très différent de
leur attitude passée.
Fritz a ensuite dit à
Jeanty ce que ce dernier savait déjà : que Zijlstra serait intéressé. En revanche, Clappier s’était alors déjà prononcé contre. Un
retournement de veste que Leutwiler a attribué aux pressions exercées par
l’Elysée, elle-même influencée par les Allemands. Leutwiler a aussi dit que
bien que Baffi se soit dit favorable, il n’avait
aucune idée du point de vue de Campi.
Emminger a continué de s’y opposer fermement.
En revanche, des tentatives ont été faites de persuader Schmidt de la valeur de cette idée. Selon
Leutwiler, Guth aurait tenté de le
convaincre, mais Schmidt n’a pas semblé préparé à s’opposer à la Bundesbank.
Il semble que ceux qui
sont favorables soient disposés à croire que l’OPEP s’inquiète de plus en
plus de voir l’or surpasser le pétrole et se tienne prêt à utiliser cet
argument pour justifier une hausse du prix du pétrole. Jeantly a demandé à
Leutwiler s’il était absolument certain qu’Al Quraishi ne jouerait pas les trouble-fête
Page 2
et commence à acheter si
les banques centrales venaient à faire baisser le prix de l’or. Leutwiler lui
a assuré s’être entretenu avec Quraishi, et qu’il n’avait pas à s’en
inquiéter. Il lui a ensuite dévoilé que Quraishi et Zijlstra s’entretiendront
avec Emminger à Frankfort mardi prochain – bien qu’il soit possible que leur
réunion n’ait rien à voir avec le sujet. Jeanty a suggéré que leur réunion
puisse concerner une demande d’autorisation de diversification.
Selon Jeanty, Fritz a
demandé s’il aurait des chances de me voir, ce qui pour moi est une preuve de
son désir de voir l’essentiel de cette conversation parvenir jusqu’à mes
oreilles. Il sait que nos réserves sont limitées, mais espère que nous
pourrons lui apporter le soutien moral pour faire pression sur Emminger.
J’ai répondu à tout cela,
comme je l’ai déjà fait dans le cadre de conversations similaires par le
passé, de manière assez décourageante, en expliquant que bien que je
n’apprécie par l’instabilité du prix de l’or, je la pense symptomatique de
bien plus que de problèmes monétaires ordinaires, et je m’attends à une forte
chute de prix si et quand la politique de Volcker sera adoptée. Bien qu’il
serait facile pour les banques centrales de forcer le prix de l’or à la
baisse trop brusquement et trop rapidement, au moment où elles chercheraient
à racheter leur métal, elles pourraient rapidement se rendre compte qu’elles
ont tenté de dompter un tigre.
C’est ce que j’aurais dit
à Jeanty quelle que soit mon opinion, mais je demeure extrêmement sceptique
quant à la sagesse d’une telle entreprise – du moins si elle est séparée
d’accords plus larges relatifs à la stabilité financière. En revanche, j’ai
pensé que cette conversation s’avèrerait intéressante, si ce n’est que pour
apporter une preuve supplémentaire de la manière dont les banquiers centraux
s’adressent aux opérateurs du marché de l’or. J’imagine que vous aurez
vous-même des conversations sur le sujet avec vos collègues de Bâle.
CWM
18 octobre
1979
Ce mémorandum envoyé par
McMahon à Richardson peut être lu en Anglais ici : Page
1 et Page
2.
Les points suivants sont à
soulever dans l’analyse de McMahon. Zijlstra, en tant que président de la BRI
et président de la Banque centrale hollandaise, était clairement en faveur de
l’idée d’un pool de l’or.
Lors de la conférence du FMI à
Belgrade au début du mois d’octobre 1979, les représentants du Trésor (Miller
et Solomon) et du conseil des gouverneurs de la Fed (Volcker et Wallich) ont
abordé Fritz Leutwiler, directeur de la Banque nationale suisse, pour
discuter de la coordination de ventes d’or.
A l’époque, ces ventes avaient
été abordées par les médias financiers, bien que simplement de manière
générale, et sans aucune mention d’un nouveau pool de l’or. Le 2 octobre
1979, le New York Times a publié ceci :
« Le gouvernement des
Etats-Unis, qui cherche de nouvelles manières de stabiliser le dollar sur le
marché des changes, a suggéré aujourd’hui une possible hausse des quantités
d’or offertes aux enchères chaque mois, et a annoncé considérer la
possibilité de ventes d’or cordonnées entre les banques centrales du monde.
Anthony M. Solomon,
secrétaire des affaires monétaires au Trésor des Etats-Unis, a expliqué que
des efforts internationaux ont été discutés avec divers représentants de
gouvernements lors de la réunion du FMI et de la Banque mondiale à
Belgrade. »
Les Américains semblent avoir
changé d’avis à l’approche de la réunion de Belgrade, parce qu’ils étaient
alors confortables avec la notion de recapture de l’or utilisé dans le cadre
d’opérations de manipulation du cours, c’est-à-dire avec l’établissement d’un
pool de l’or.
Notez que Volcker et Miller se
sont également entretenus avec Helmut Schmidt et Otmar Emminger à Hambourg,
alors qu’ils étaient en chemin pour Belgrade, et ont discuté avec lui de la
meilleure manière de défendre le dollar sur les marchés des devises.
Bernard Clappier, gouverneur
de la Banque de France, était alors moins favorable à un pool en raison des
pressions politiques de l’Elysée, qui dans ce contexte fait référence au
Conseil de ministres qui se réunit dans le palace de l’Elysée, où réside le
Président de la France. Mais cette réticence de la France a été attribuée à
la Bundesbank, elle-même réticente à s’engager dans un tel programme. Comme
nous le verrons plus bas, sa réticence était plus liée à son désir de voir
les autorités monétaires américaines répondre aux problèmes monétaires de
l’époque plutôt que de s’engager dans un nouveau pool de l’or.
Volcker est
rentré à Washington pour participer à la réunion du FOMC
Pendant la conférence du FMI,
Paul Volcker a soudainement quitté Belgrade le mardi 2 octobre, pour rentrer
à Washington en vue de participer à une réunion secrète du FOMC, qui s’est
tenue le samedi 6 octobre 1979. C’est lors de cette réunion que Volcker a
annoncé le changement de politique aujourd’hui célèbre qui a vu la Fed se
concentrer sur la gestion des volumes de réserves bancaires au travers du
système financier plutôt que sur la micro-gestion du niveau des taux des
fonds fédéraux, et qui a généré des taux d’intérêt bien plus élevés et un
épisode d’inflation dans une tentative de régner sur l’inflation.
Certaines références
intéressantes ont également été faites dans les transcriptions de cette
réunion du FOMC du 6 octobre et dans la transcription de l’appel préparatoire
du 5 octobre, qui concernent les discussions qu’ont eues Volcker, Miller,
Solomon et Wallich avec leurs homologues européens lors de leur voyage à
Belgrade. Lors de la conférence
téléphonique du 5 octobre, Volcker a dit ceci :
« Laissez-moi vous en
résumer une partie en disant simplement qu’à la fin de la semaine dernière –
les évènements ont commencé un peu avant mais se sont intensifiés en fin de
semaine – ces marchés, j’entends par là le marché de l’or et les
marchés des changes, étaient ‘déprimés’. Il me semble que ce soit le mot à
employer ici. L’atmosphère était très tendue. Je pense que la raison en
était l’anticipation de nouvelles mesures. »
Lors de la réunion du FOMC du 6
October 1979, Volcker a fait référence aux discussions qu’ont eues les
Américains à Belgrade avec d’autres banquiers centraux :
« Le potentiel de
ventes d’or a été discuté sous tous les angles. »
« La question a
beaucoup été débattue, et je pense qu’elle reste majoritairement incertaine.
Il est possible que des ventes d’or aient lieu, notamment si le marché de
l’or se comportait de nouveau comme il l’a fait, mais aucun consensus n’a
été atteint, tout simplement parce que lors de nos discussions mutuelles, des
inquiétudes ont été soulevées quant à leur efficacité ou inefficacité sur un
certain laps de temps. Il se pourrait qu’elles soient efficaces dans l’immédiat.
Mais si les ventes d’or peuvent avoir un bénéfice immédiat, si nous testions
le marché un peu plus tard pour voir le prix de l’or recommencer à grimper,
le niveau de confiance pourrait s’en trouver abattu.
Peut-être donc vaut-il
mieux ne pas intervenir sur le marché de l’or. La question doit selon moi en
être laissée à cette base, du moins pour le moment. »
« Nous obtiendrons
la coopération, il me semble, de nos partenaires étrangers en matière d’or ou
d’intervention, dans la mesure où ils estiment que nous avons fait quelque
chose, et c’est là une première étape importante. Nous obtiendrons ce
genre de coopération, je suppose, bien que sans grand enthousiasme, comme je
le sous-entends dans mes commentaires précédents. Je n’essaie pas de suggérer
que ce genre d’activité serait ignorée si nous la percevions mutuellement
comme avantageuse. Bien au contraire, elle serait acclamée sur une
certaine période, et dans un contexte particulier. Mais ce n’est pas pour
annoncer une décision internationale jointe que j’écris ces lignes
aujourd’hui. »
Chose intéressante, le même
jour, le 18 octobre 1979, un ancien dirigeant de la Banque d’Angleterre,
George Bolton, a téléphoné à la Banque d’Angleterre pour lui faire part de
rumeurs concernant des ventes d’or clandestines aux Saoudiens par les
Etats-Unis :
18.10.79
A L’INTENTION DU
VICE-GOUVERNEUR
Copies transmises à DAHB
et JLS
Sir George Bolton a
téléphoné pour nous annoncer avoir entendu de source fiable une
rumeur qui circule à Washington et à New York, selon laquelle les Etats-Unis prévoiraient de vendre 10 millions
d’onces d’or dans le cadre de quatre opérations distinctes avant la fin de
l’année. Selon lui, ces ventes auraient pour objectif de rassurer les
Saoudiens.
P.W.F. Ironmonger,
Bureau du gouverneur
18 octobre 1979
Sir George Bolton a été membre
du directoire de la Banque d’Angleterre dans les années 1950, et directeur
non-exécutif de la Banque d’Angleterre dans les années 1960. Il est dit avoir
joué un rôle important dans le développement du marché de l’eurodollar à
Londres. La raison pour laquelle il transmettait encore des informations
confidentielles à la Banque d’Angleterre en 1979 n’est pas connue. Peut-être
l’a-t-il fait sur une base informelle.
En revanche, le fait que
Bolton ait dit que les Américains prévoyaient de vendre 10 millions d’onces
(311 tonnes) d’or aux Saoudiens pour les rassurer est très intéressant. Ces
propos vont de pair avec le commentaire envoyé par McMahon à Richardson selon
lequel « l’OPEP s’inquiète de plus en plus de voir l’or surpasser le
pétrole », et dans lequel il se demande si Al Quraishi, du SAMA, ne
jouerait pas les trouble-fêtes en achetant de l’or sur le marché si un pool
de l’or se mettait à vendre - bien que Leutwiler pensait alors que Quraishi
et le SAMA étaient désireux de diversifier, c’est-à-dire d’investir leurs
revenus pétroliers de manière plus diversifiée, notamment sur l’or.
Parce que la dernière vente
aux enchères d’or américain a eu lieu le 1er novembre 1979, avec
un total d’1,75 million d’onces de barres d’or de moindre qualité, 10
millions d’onces d’or ont-elles été vendues directement aux Saoudiens sans
que ces ventes ne soient jamais rapportées sur le marché ? Ou les
Etats-Unis ont-ils eu recours à l’or d’une autre banque centrale dans le
cadre de swaps grâce auxquels « rassurer » les Saoudiens ? Ces
questions restent sans réponse, mais il est important de nous rappeler du
lien entre l’or et le pétrole et de l’importance qu’attachaient les autorités
monétaires européennes et américaines à la satisfaction des Saoudiens. Nous y
reviendrons en deuxième partie.
Première
réunion pour le pool de l’or – 12 novembre 1979
Dans le mémorandum ci-dessus,
daté du 18 novembre 1979 et envoyé par Kit McMahon au gouverneur Gordon
Richardson, concernant les discussions ayant eu cours à Belgrade et
l’établissement d’un nouveau pool de l’or, nous pouvons trouver un
commentaire annoté à la main par Richardson le 4 novembre 1979 :
« CWM,
Je vous remercie pour
cette note intéressante que j’ai lue il y a déjà quelques jours. Je suis
d’accord avec votre commentaire à X en bas de seconde page. Je
m’entretiendrai avec Fritz à Bâle mais me demande si le sujet ne s’est pas
déjà étouffé. GR 4/11 »
Fritz
fait référence à Fritz Leutwiler, alors président de la Banque nationale
suisse. X fait référence au fait que cette « conversation soit intéressante
pour un certain nombre de raisons, si ce n’est que pour apporter une preuve
supplémentaire de la manière dont les banquiers centraux s’adressent aux
opérateurs du marché de l’or. » Une réponse écrite a été envoyée par
McMahon à Richardson : « Possible,
mais vaut d’être soulevé, CWM. »
Une
autre note écrite à la main peut être lue en haut de la première page : « Copie pour le dossier de Bâle de
novembre. »
Mais l’initiative
d’établissement d’un nouveau pool de l’or ne s’est pas étouffée, comme le
pensait Richardson. En effet, le mardi 6 novembre 1979, Zijlstra a tenu une
réunion le lundi 12 novembre dans son bureau, à la BRI, à laquelle il a
convié les gouverneurs de la Banque d’Angleterre, de la Bundesbank, de la
Banque de France, de la Banque nationale suisse, de la banque centrale belge
et, bien entendu, de la banque centrale des Pays-Bas, représentée par
lui-même.
CONFIDENTIEL
NOTE POUR MEMOIRE
Copies envoyées à : M.
le gouverneur, M. le vice-gouverneur, M. McMahon, M. Payton, M. Balfour, M.
Sangster
« le Dr. Zijlstra a
téléphoné au gouverneur pour lui dire qu’il tiendra une réunion dans son
bureau de la BRI à 10h30 le matin du lundi 12 novembre. Parmi les personnes
conviées figurent de
Strycker, Leutwiler, Clappier et Emminger ou Pohl. Le Dr. Zijlstra a expliqué que
cette réunion concernerait le sujet abordé lors de sa discussion avec le
gouverneur à Belgrade (possiblement l’or). »
L.C.W Mayes,
Bureau du gouverneur
6 novembre 1979
Sur la note figure
l’inscription, ajoutée à la main, « dossier de Bâle »,
accompagnée des initiales GR en rouge (pour Gordon Richard) et datée du 8
novembre.
Les quelques derniers mois de 1979
ont été une période de nomination de nouveaux gouverneurs à la Banque de
France ainsi qu’à Banca d’Italia, et d’un nouveau président à la Bundesbank.
Paolo Baffi a démissionné de Banca d’Italia le 7 octobre 1979, et Carlo Campi
(alors vice-gouverneur) a pris sa place. A la Banque de France, Bernard
Clappier a quitté son poste le 23 novembre 1979, pour être remplacé par
Renaud La Genière. A la Bundesbank, Otmar Emminger a pris sa retraite en
décembre 1979, et Karl Otto Pohl en est devenu président.
Ce qui explique pourquoi
l’invitation ci-dessus mentionne « Emminger ou Pohl ». Les
mois de novembre et décembre 1979 ont été une période de transition à la
Bundesbank. Pohl n’a joint la Bundesbank qu’en 1977, d’abord en tant que vice-président
entre le premier juin 1977 et le 31 décembre 1979. Il est devenu président de
la Bundesbank le premier janvier 1980, et a conservé son poste jusqu’au 31
juillet 1991.
Cette réunion entre quelques
membres de gouverneurs de banques centrales du G10 à la BRI a été la première
de trois réunions qui ont eu lieu le 12 novembre 1979, le 10 décembre 1979 et
le 7 janvier 1980, et ont impliqué Zijlstra, Leutwiler, Richardson, Emminger,
Pöhl, McMahon, de Strycker, de la Genière, Clappier, ainsi que René Larre, le
directeur général de la BRI.

Les archives de la Banque
d’Angleterre ne contiennent qu’un résumé de la réunion qui a eu lieu le 10
décembre 1979. Le fait qu’il en existe même un résumé est une chance en soi,
parce que Kit McMahon a participé à la réunion à la place de Gordon
Richardson et que, selon le journal du gouverneur, Richardson a dû quitter la
BRI plus tôt que prévu le 10 décembre pour retourner à Londres à l’occasion
d’une réunion avec la Première ministre, Margaret Thatcher, au numéro 10,
Downing Street.
De plus, quand nous leur avons
demandé de nous fournir les comptes-rendus de ces trois réunions, les
archives de la BRI ont décrété ne pas disposer de tels comptes-rendus et nous
ont expliqué que :
« Le pool de l’or a
été abandonné en 1968, c’est pourquoi il me semble que vous fassiez référence
ici aux réunions du Gold and Foreign Exchange Committee. Nous disposons de
comptes-rendus de ces réunions mais, malheureusement, ils ne concernent pas
la période qui fait l’objet de votre intérêt. »
Préparation
de la réunion du 12 novembre
Ecrite à la main sur
l’invitation préalable à la réunion du 12 novembre figure une note de McMahon
à Sangster : « JLS, Pouvez-vous me fournir un condensé factuel
ainsi que votre opinion concernant la pertinence d’une quelconque forme
d’action commune par les banques centrales ? (voyez la transcription
jointe de ma conversation avec Jeanty) » - il s’agit ici du
mémorandum que vous avez pu lire plus haut.
Sangster a lu cette note de
McMahon le 7 novembre et a répondu comme suit (souvenez-vous que Sangster a
aussi lu le mémorandum « Paul Jeanty – Leutwiler »). Vous trouverez
ci-dessous le troisième document de cette série, écrit par John Sangster le 7
novembre 1979, alors que le prix de l’or en dollars terminait la journée à
382,92 dollars.
SECRET
Mr McMahon
Copie envoyée à : Mr Byatt
(écrit à la main :
« Copie adressée au gouverneur »)
POSSIBLE POOL DE L’OR
La question est peut-être
moins cruciale aujourd’hui, bien que sur le long terme, l’or demeure
substantiellement surévalué, à moins que les pays producteurs de pétrole ne
soient déterminés à court-circuiter une grosse proportion des réserves
actuelles.
-
$ par once d’or fin
- Fin
1974
près de 200
- Septembre
1976
juste au-dessus de 100
- Juillet
1978
au-dessus de 200
- Juillet
1979
au-dessus de 300
- Octobre
1979
au-dessus de 400
Nous pourrions évidemment
discuter des heures durant du juste prix de l’or. Certains pourraient penser
que plus de 200 dollars était évidemment bien trop élevé à la fin 1974, et
que 100 était certes trop bas deux ans plus tard. Il semble aujourd’hui
difficile de justifier un prix de l’or de plus de 300 dollars. Je serais
certes hésitant à recommander des achats de métal à l’heure actuelle.
Il est fort possible que
l’opposition allemande à l’idée d’un retour du pool de l’or ait été largement
tactique. Les Allemands ne souhaitent pas offrir aux Américains l’excuse de
délais supplémentaires et la capacité de détourner l’attention grâce à une
nouvelle attaque contre les symptômes du problème, alors qu’une évaluation de
politique est en cours. Il se peut que ce soit là une attitude similaire à
l’opposition à l’arrangement de la balance en sterlings de 1976, avant que
les accords du FMI ne soient signés. Si cette opinion de l’opposition
allemande s’avérait correcte, les discussions pourraient désormais reprendre
avec davantage de chances de succès – notamment au vu du prix de l’or devenu
une réflexion des devises en général et non pas seulement du dollar en
particulier. S’il semble que les Etats-Unis ont opté pour une politique
appropriée, alors l’action du prix de l’or pourra apporter un succès
susceptible de maintenir le niveau de confiance tout en attendant de voir
apparaître les résultats attendus. Une telle action pourrait revenir à bien
plus qu’à la correction de fluctuations erratiques d’un degré supérieur ou
inférieur à celles des devises, mais sur un marché notoirement soumis à de
violentes secousses.
Bien évidemment, une telle
action pourrait échouer dans le sens où le pool pourrait ne pas parvenir à
racheter l’or vendu. C’est un risque qui doit être accepté dès le départ. Il
ne peut pas être question de forcer le prix jusqu’à ce qu’il était au début
des opérations de vente.
Page 2
Compte tenu du fait que
les enchères américaines sont désormais discrétionnaires, il serait
évidemment préférable pour de telles ventes d’être incorporées à un
arrangement de pool.
7 novembre
1979
JLS
Les pages de ce mémorandum
envoyé par Sangster à McMahon peuvent être lues ici : Page
1 et Page
2.
Deuxième
réunion sur le pool de l’or – 10 décembre 1979
Parce qu’il n’existe aucun
compte-rendu disponible à la BRI ou ailleurs concernant ce qui est ressorti
de la première réunion sur le pool de l’or du 12 novembre, la meilleure
manière de déterminer l’état d’esprit des participants est d’examiner les
discussions qui ont eu lieu lors de la deuxième réunion du pool de l’or du 10
décembre 1979, pour lesquelles il existe un compte-rendu détaillé qui prend
la forme du mémorandum envoyé par Kit McMahon à Gordon Richardson.
L’invitation à la réunion du
10 décembre dans le bureau de Zijlstra à la BRI, à Bâle, a été transmise au
bureau du gouverneur de la Banque d’Angleterre le 6 octobre 1979, et a été,
chose qui n’était alors probablement pas surprenante, griffonnée sur un petit
morceau de papier bleu :
« M. le gouverneur,
Le secrétaire du président
Zijlstra a téléphoné hier pour vous inviter à une réunion qu’il tiendra le
lundi 10 décembre à compter de 10 heures du matin. Cette réunion fera suite à
celle du 12 novembre, et le sujet en sera le même – l’or.
J’ai dit que je le
recontacterai si vous n’étiez pas en mesure de participer.
[initiales
illisibles] 6/12/79 »
Gordon Richardson a lu et
signé cette note de ses initiales, inscrites en rouge et accompagnées de la
date, 6/12. Voyez ci-dessous :

Le document suivant est le
quatrième de cette série sur le sujet de la Banque d’Angleterre. Il s’agit de
la lettre envoyée par Kit McMahon à Gordon Richardson en référence à la
réunion qui s’est déroulée dans le bureau du président de la BRI, Jelle
Zijlstra, le lundi 10 décembre 1979. Il s’agit probablement du document le
plus important figurant dans cette première partie de ma série d’articles,
parce qu’il nous offre un aperçu détaillé d’une collusion entre les plus
puissants gouverneurs de banques centrales de l’époque, dont l’objectif était
la création d’un syndicat chargé de manipuler le prix de l’or du marché
libre. Le 10 décembre 1979, le prix de l’or a terminé la journée à 428,14
dollars.
Le nom Larre fait référence à
René Larre, directeur général de la BRI. Larre a été le directeur général de
la BRI entre mai 1971 et février 1981.
De la Genière fait référence à
Renaud de La Genière, gouverneur de la Banque de France entre 1979 et 1984.
Les autres participants à la
réunion du 10 décembre étaient le président de la BRI Jelle Zijlstra, le
directeur de la Banque nationale suisse Fritz Leutwiler, le directeur
exécutif de la Banque d’Angleterre Kit McMahon, le gouverneur sortant de la
Bundesbank Otmar Emminger, le gouverneur entrant de la Bundesbank Karl Otto
Pohl, et le gouverneur de la Banque nationale de Belgique Cecil de Strycker.
SECRET
[Envoyé par McMahon]
Destinataires : Messieurs les
gouverneurs
Copies envoyées à : Mr Payton,
Mr Balfour, Mr Sangster, Mr Byatt
POOL DE L’OR
En l’absence du
gouverneur, j’ai participé dans l’après-midi du lundi 10 décembre à la
réunion tenue dans le bureau de Zijlstra, à la BRI, au sujet du possible
établissement d’un pool de l’or. Emminger, de la Genièvre, de Strycker,
Leutwiler, Larre et Pohl étaient aussi présents.
Larre a commencé par
présenter une manière possible de gérer le pool de l’or. La BRI pourrait se
charger de toutes les opérations en le nom d’un groupe de banques centrales
sur la base de critères généraux qui seraient révisés chaque mois. Ces
critères prendraient en considération non seulement l’évolution du prix de
l’or, mais les effets de ces évolutions sur le dollar. Ainsi, la vente d’or ne serait envisagée que
lorsque le métal serait relativement fort et le dollar relativement faible,
et l’achat d’or dans les circonstances contraires. Il faudrait pour commencer disposer
d’un total de 20 tonnes d’or (ce qui représente environ 300 millions de
dollars aux prix actuels). Les banques pourraient enregistrer des pertes sur
leurs bilans pour un laps de temps considérable, et bien que les banques
centrales participantes devraient envisager la possibilité d’une perte ou
d’un gain ultime sur l’or, en pratique, ce qui serait impliqué serait une
perte ou un gain en dollars. Sur ce point, Zijlstra et Leutwiler ont tous
deux déclarés être en position de souffrir de pertes substantielles sur leurs
réserves en dollars et ne pas s’inquiéter de pertes potentielles enregistrées
au travers de ce programme.
En réponse à l’une de mes
questions, Zijlstra a confirmé que les Etats-Unis réalisent que si un nouveau
pool de l’or était développé, les banques centrales européennes chercheront à
racheter tout l’or qu’elles auront vendu. Il a expliqué qu’ils n’étaient pas
satisfaits du fait que les Européens ne soient pas prêts à vendre leur or
dans le sens propre du terme, mais ont accepté cette condition. Larre a
souligné entre parenthèses que Tony Solomon est probablement le seul
Américain qui serait aujourd’hui prêt à accepter une telle ligne de conduite.
Il savait que Wallich et probablement Volcker s’opposeraient à l’idée.
Page 2
Zijlstra et Leutwiler se
sont tous deux dits favorables au projet sur les bases suggérées par Larre.
Ils ont ensuite demandé leur avis aux autres.
Emminger a dit avoir
transmis cette proposition au conseil de sa banque centrale, qui s’y est
unanimement opposé. Ses mains étaient donc liées.
De Strycker s’est dit
extrêmement sceptique quant au projet, qu’il ne perçoit ni comme désirable ni
comme nécessaire, et source de dangers potentiels. De la Genière a également
souligné les dangers politiques liés à la vente indirecte de l’or de la France.
Leutwiler a donc suggéré
d’effectuer les opérations de manière inversée : Les banques pourraient ainsi attendre
que le prix de l’or passe en-dessous de 400 dollars, puis lancer leurs
opérations en achetant du métal. Une fois que la BRI aura acheté disons 20
tonnes, elle disposera d’une marge de manouvre avec laquelle effectuer ses
opérations de vente. La Genière a répondu qu’il serait plus simple de
procéder ainsi, et qu’il considèrerait cette possibilité. Emminger a dit,
sans trop y croire, que si les opérations pouvaient être effectuées ainsi et
semblaient à premier abord bien se dérouler, il lui serait peut-être possible
de persuader le conseil de sa banque centrale de s’y joindre.
Leutwiler et Zijlstra ont
ensuite dit que, bien qu’ils ne pensent pas qu’un groupe conséquent soit
nécessaire à de telles opérations, deux membres ne seraient pas
suffisants : ils auraient besoin des Français ou des Allemands. Zijlstra
a ajouté que, bien qu’il ait le pouvoir formel de procéder à un tel
programme, il ne souhaitait pas le faire sans convaincre d’abord son
gouvernement. Ce dernier est encore réticent, et a besoin de savoir quels
autres pays seraient susceptibles de s’y joindre.
A plusieurs reprises au fil
de la réunion, le caractère public des opérations a été mentionné, et Zijlstra s’est empressé d’expliquer
qu’un certain niveau de publicité était inévitable, mais aussi désirable,
afin que les opérations puissent avoir l’effet souhaité. Il a ignoré ma
suggestion selon laquelle, bien que la publicité d’opérations de vente puisse
parfois être bénéfique, la publicité d’opérations de rachat pourrait vite
s’avérer inflammatoire. En revanche,
Page 3
si ce programme était celui
de la BRI, il n’est pas nécessaire, à moins qu’elle devienne désirable, que
publicité en soit faite.
Ce point n’a pas été adressé dans la discussion.
J’ai moi-même émis un
certain nombre de commentaires sceptiques quant aux échecs des programmes de
stabilisation des marchandises qui ont été entrepris par le passé, et aux
dangers de voir les engagements devenir toujours plus importants. Leutwiler
m’a assuré qu’il n’y avait aucun danger, parce que les pertes seraient
limitées. Je lui ai dit envisager des dangers politiques. Si le fait que les
banques centrales s’impliquaient dans le prix de l’or faisait parler de lui,
même si ces dernières expliquaient s’être lancées dans des opérations de
contrôle plutôt que de stabilisation, elles se retrouveraient vite à essayer
de dompter un tigre. Si le prix de l’or continuait de grimper, elles
devraient redoubler d’efforts ou ajouter aux pressions haussières sur le prix
de l’or en se retirant du marché.
Mais personne ne s’en est
soucié si ce n’est peut-être de Strycker. Quoi qu’il en soit, notre
engagement ne m’a pas été demandé. Il n’y a en effet eu aucune discussion
quant à la base des contributions, bien qu’elles seraient sans aucun doute
organisées en relation aux réserves d’or. Rien de bien important ne pourrait
donc être attendu de notre part.
Pour conclure la réunion,
Leutwiler a dit qu’il s’entretiendrait bientôt avec les Canadiens et les
Japonais au sujet de ce programme potentiel, alors que Zijlstra serait chargé
d’en parler aux Italiens. Tous auraient le temps d’y réfléchir avant de
pouvoir donner leur réponse définitive en janvier.
Je dois dire que je
demeure moi-même très sceptique quant à la nécessité et à l’efficacité d’un
tel projet.
CWM
13 décembre 1979
Les pages du compte-rendu de
cette réunion de McMahon peuvent être lues ici : Page
1, Page
2 et Page
3.
L’essence de
la réunion du 10 décembre
Les points suivants sont à
soulever dans le briefing de la réunion du 10 décembre de McMahon. McMahon
entame son compte-rendu en expliquant que la réunion a été organisée en vue
de « poursuivre les discussions quant au possible établissement d’un
nouveau pool de l’or ». Ce qui prouve qu’une réunion a eu lieu
précédemment, bien qu’il n’en existe aucun rapport écrit.
Zijlstra et Leutwiler ont été
les deux défenseurs principaux d’un nouveau pool de l’or. C’est un point
qu’il est nécessaire de soulever, parce que Zijlstra était alors le président
de la BRI, et que Leutwiler est devenu président de la BRI au début de
l’année 1982. Les directeurs de la BRI du début des années 1980 étaient donc
favorables à un nouveau pool de l’or. Zijlstra et Leutwiler représentaient
également les deux banques centrales les plus indépendantes présentes autour
de la table de réunion : les banques centrales hollandaise et suisse.
Les pays suivants ont été
représentés à la réunion du 10 décembre : Royaume-Uni, Suisse, Allemagne
de l’Ouest, Pays-Bas, Belgique. Les banques centrales suivantes ont été
représentées lors de la réunion :
- Zijlstra –
BRI et banque centrale des Pays-Bas
- McMahon –
Banque d’Angleterre
- Emminger –
Deutsche Bundesbank
- Pohl
– Deutsche Bundesbank
- de la
Geniere – Banque de France
- de Strycker
– Banque centrale belge
- Leutwiler –
Banque nationale suisse
- Larre – BRI
Le fait qu’Emminger ait déjà transmis
cette suggestion au conseil de sa banque centrale implique qu’il en ait eu
vent à l’occasion de la réunion de novembre. Selon le rapport de la
Bundesbank de 1979, il y avait alors 18 membres du conseil de la banque
centrale (dont Emminger et Pohl).
Les mécanismes de marché
discutés lors de la réunion sont aussi des méthodes classiques de baisse du
prix de l’or au travers de la « vente d’or uniquement si le métal est
relativement fort et le dollar relativement faible, et l’achat d’or dans les
circonstances contraires ».
La discussion a également mis
en évidence le fait que l’approche la plus appropriée serait d’opérer en tant
que syndicat d’acheteurs et de consortium de vendeurs, parce que « les
banques centrales européennes auraient pour objectif de racheter chaque once
d’or vendue ». Il a même été suggéré que les achats puissent avoir
lieu en premier afin de créer un inventaire d’or physique utilisable dans le
cadre d’interventions vendeuses – « Les banques pourraient ainsi
attendre que le prix de l’or passe en-dessous de 400 dollars, puis lancer
leurs opérations en achetant du métal. Une fois que la BRI aura acheté disons
20 tonnes, elle disposera d’une marge de manouvre avec laquelle effectuer ses
opérations de vente. »
Le fait que René Larre ait été
le premier à se prononcer lors de la réunion montre qu’il en était le
coordinateur en tant que directeur général de la BRI. Il est également
intéressant que McMahon explique que « la BRI pourrait lancer les
opérations en le nom d’un groupe de banques centrales », opérations
qui pourraient être « révisées chaque mois ». Voilà qui
suggère que, dans l’ensemble, ces opérations puissent être perçues comme
l’initiative de la BRI, contrôlée et gérée depuis Bâle.
Un programme établi par la BRI
pourrait également permettre au pool d’opérer en toute confidentialité. Pour
reprendre les mots de McMahon, « si ce programme était celui de la
BRI, il n’est pas nécessaire, à moins qu’elle devienne désirable, que publicité
en soit faite ».
Suite à cette réunion du 10
décembre, les gouverneurs s’en sont retournés à leurs banques respectives et
se sont préparés pour Noël et la nouvelle année, après quoi ils se sont de
nouveau réunis à Bâle le 7 janvier 1980 pour discuter à nouveau du pool de
l’or, alors même que le prix de l’or passait de 515 à 850 dollars en
seulement quelques semaines.
Conclusion
Voilà qui conclut la première
partie de cette série. Il y a beaucoup à digérer ici. Dans la deuxième
partie, je reprendrai où je me suis arrêté, et couvrirai les discussions
relatives au nouveau pool de l’or qui ont eu lieu à compter de janvier 1980.
Pour l’heure, en voici quelques extraits :
« Je ne cherche pas à
défendre un échange direct d’or contre du pétrole – le marchandage pourrait
s’avérer bien trop acrimonieux. Les interventions de marché devraient
permettre au G10 d’agir en parallèle au prix de l’or tout en tentant de
contrôler son évolution, et les banques centrales devraient être en mesure de
mettre fin à cette expérience dès que nécessaire. »
- John Sangster à Gordon
Richardson, Anthony Loenhis et Kit McMahon, Banque d’Angleterre, 17 septembre 1980
« Je trouve nécessaire
pour nous, au sein du groupe des dix et de la Suisse, de considérer diverses
manières de réguler le prix de l’or, et de le maintenir dans des fourchettes
relativement larges. »
- Jelle
Zjilstra, directeur de la BRI et président de la banque centrale des
Pays-Bas, 27 septembre 1981
« D’abord il y
a eu la réunion pour le pool de l’or, puis, après le repas
de midi, les mêmes têtes se sont réunies au G10. »
- Président de la Bundesbank,
Karl Otto Pohl (qui n’a commencé à travailler pour la Bundesbank qu’en 1977)
au journaliste Edward Jay Epstein, lors d’une conversation à la Bundesbank en
1983.