Après treize ans de conflits
en Afghanistan – la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis – le
gouvernement des Etats-Unis est encore loin de la victoire. Le chaos règne
dans le pays, qui s’effondrerait complètement sans une injection régulière de
financements américains. La guerre a été un échec, mais Washington refuse de
l’admettre.
Plus de 2.000 soldats
américains ont été tués pendant ces treize années de conflit. Plus de 20.000
civils afghans ont aussi trouvé la mort. Selon une étude menée l’an dernier
par un chercheur de l’université de Harvard, les guerres en Irak et en
Afghanistan auront coûté aux Etats-Unis un total de quatre à six trillions de
dollars. Il est impossible d’observer l’invasion de l’Afghanistan par les
Etats-Unis et d’y percevoir un quelconque succès.
Face à cet échec, que fait
l’administration d’Obama ? Admet-elle que les Etats-Unis ont fait une
erreur ? Retire-t-elle les troupes américaines d’Afghanistan pour éviter
d’aggraver davantage la situation ? Non ! Comme pour tous les
autres programmes du gouvernement des Etats-Unis, si quelque chose ne
fonctionne pas, il suffit d’y injecter plus de ressources et de poursuivre
les mêmes politiques. Ces treize dernières années ont été un échec. Et la
semaine dernière, le gouvernement des Etats-Unis a annoncé dix années de
guerre supplémentaires !
Les troupes américaines
auraient légalement dû quitter les Etats-Unis avant la fin de l’année, selon
un ancien accord sur les statut des forces passé entre les Etats-Unis et
l’Afghanistan. Les Etats-Unis ne sont pas parvenus à négocier de nouvel
accord de statut des forces avec le président afghan Hamid Karzai. Le
leader afghan commençait, à l’arrivée d’Obama, à voir la présence américaine
sur son sol d’un mauvais œil. Les Etats-Unis avaient besoin d’un autre pantin
au gouvernement.
Comme nous l’a récemment dit
le correspondant international Eric Margolis, les élections qui se sont
tenues cette année en Afghanistan n’ont été qu’une farce. Les candidats ont
été sélectionnés par les Etats-Unis. En plus de cela, écrit Margolis,
« le parti le plus populaire du pays, celui des Talibans, a été exclu
des élections en tant qu’association terroriste ».
Et un nouvel accord de statut
de forces a été signé. Les troupes américaines resteront dans le pays
jusqu’en 2024.
La guerre menée par les
Etats-Unis en Irak a elle aussi été un échec. Les néoconservateurs veulent
faire porter le blâme de la désintégration actuelle de l’Irak au président Obama,
puisque c’est lui qui a pris la décision de retirer ses troupes du pays.
Voilà ce que j’appelle un révisionnisme historique. Le blâme devrait être
porté par ceux qui y ont envoyé des hommes !
Le président Obama ne
souhaitait même pas retirer ses troupes d’Irak. Il avait tenté de négocier un
nouvel accord de statut des forces avec le gouvernement de Maliki, mais ce
dernier a hésité à étendre l’immunité des soldats qui se trouvaient encore
dans son pays. Les Etats-Unis ont répondu en tournant le dos à Maliki et lui
demandant de se retirer, bien qu’il ait été élu par son peuple.
Le maintien des troupes
américaines en Irak n’aurait pas empêché les troubles actuels, pour la simple
raison que c’est leur présence même dans la région qui en est la cause. C’est
l’invasion des Etats-Unis qui a entraîné le développement d’Al Qaeda et
d’autres groupes extrémistes. Ce n’aurait dû être une surprise pour
personne : Saddam Hussein était parvenu par des moyens brutaux à
repousser ces groupes pendant des décennies. La même chose est vraie pour
l’Afghanistan.
Le gouvernement taliban qui
dirigeait l’Afghanistan en 2001 ne s’en est jamais pris aux Etats-Unis. C’est
Al Qaeda qui les a attaqués. L’attaque injustifiée de l’Irak par les
Etats-Unis a permis la chute d’un chef d’Etat qui jusqu’alors avait su
repousser Al Qaeda et d’autres organisations de combattants islamistes. En
conséquence, l’Al Qaeda contre laquelle les Etats-Unis devaient se battre en
Afghanistan s’est développée en Irak suite à l’invasion. Le gouvernement américain
apprendra-t-il un jour que l’invasion et l’occupation ne sont pas des
solutions, mais plutôt la cause de nombreux problèmes ? Aucun accord sur
le statut des forces ne pourra changer ça.