Il y a quelques semaines, le
Conseil mondial de l’or a publié son rapport sur les tendances de la demande en or pour le premier trimestre
de 2017. Ces rapports ne fournissent aucune information quant à la demande en
or et, de mon humble avis, ne valent rien. A vrai dire, ils sont pires encore
que simplement inutiles… ils sont trompeurs.
Il est axiomatique qu’à un
instant T, la demande totale en or soit égale à l’offre totale d’or qui, à
son tour, est égale aux réserves d’or disponibles à la surface de la Terre.
Les réserves d’or disponibles à la surface de la Terre sont estimées entre
150 et 200.000 tonnes. Ainsi, à un instant T, la demande totale en or se
situe entre 150 et 200.000 tonnes.
Quand de nouveaux acheteurs
intègrent le marché, ils soustraient aux réserves existantes. Ces nouveaux
acheteurs ne peuvent pas ajouter à la demande totale, parce que la demande
accrue de ceux qui ajoutent à leur propriété d’or est toujours exactement
compensée par la demande décroissante de ceux qui réduisent la leur.
L’équilibre est maintenu grâce à
l’évolution des prix. Par exemple, s’il existe plus d’acheteurs que de
vendeurs à un prix particulier, ou si les acheteurs sont plus motivés que les
vendeurs, alors le prix de l’or grimpe pour que soit établi un nouvel
équilibre. Ainsi, une hausse de prix est une preuve de hausse de la demande
par rapport à l’offre, et un déclin de prix est une preuve irréfutable d’un
déclin de la demande par rapport à l’offre.
Plus important encore, une
fluctuation de prix est la SEULE indication fiable d’une tentative de la
demande de grimper ou de diminuer par rapport à l’offre. Toute déclaration
concernant le fait qu’une hausse de prix ait été accompagnée d’une baisse de
la demande ou qu’une baisse de prix ait été accompagnée d’une hausse de la
demande est donc inutile.
L’effet de la production minière
aurifère est une hausse d’environ 1,5% des réserves d’or disponibles à la
surface de la Terre chaque année. En conséquence, l’offre et la demande
augmentent d’environ 1,5% par an, parce que l’offre et la demande doivent
toujours être égales aux fluctuations des prix pour que l’équilibre puisse
être maintenu.
Bien que les sociétés minières
ajoutent de l’or aux réserves totales, l’or nouvellement produit n’est pas
plus capable de satisfaire la demande actuelle que l’or qui a été produit par
le passé. En conséquence, les producteurs d’or sont similaires à n’importe
quel autre vendeur. La seule différence significative étant qu’un producteur
d’or tend généralement à accepter le prix qui lui est offert, alors que les
autres propriétaires d’or ont un prix en tête, en-dessous duquel ils ne
vendent pas. Dans certains cas, ce prix est supérieur au prix en vigueur, et
il arrive qu’un propriétaire d’or ait l’intention de conserver son métal
indéfiniment, qu’importe à quel point le prix de l’or augmente. Les
intentions des propriétaires d’or existants contribuent aux performances du
prix de l’or.
Pour en revenir aux rapports du
Conseil mondial de l’or, ce qui y est qualifié de demande en or n’est que la
somme de flux facilement identifiables. En effet, ces rapports confondent
volumes de négoce et demande. De plus, ils ne comptabilisent même pas
l’ensemble des volumes de négoce. Ce qu’ils font, c’est commencer par croire
en l’idée malavisée selon laquelle l’offre d’or totale est égale à la
quantité d’or produite chaque année plus la quantité d’or recyclé plus les
couvertures des producteurs, soit environ 4.000 tonnes. Ils considèrent donc
que l’offre d’or totale est d’environ 1/50e de ce qu’elle est
réellement. Pour étudier la demande, ils se penchent notamment sur les quantités
d’or déplacés vers les ETF et des quantités d’or vendues sous forme de
bijoux.
Il existera toujours une
corrélation positive entre le prix de l’or et les quantités d’or qui se
déplacent vers les ETF, mais c’est uniquement parce que les inventaires des
ETF SUIVENT le prix de l’or. J’en ai discuté dans de précédents billets.
En clair, les rapports publiés
par le Conseil mondial de l’or concernant l’offre et la demande en or sont
basés sur des erreurs numériques logiques et des suppositions, et ignorent le
rôle dominant joué par les réserves d’or disponibles à la surface de la
Terre. Ils considèrent les transferts depuis des vendeurs vers des acheteurs
comme des indicateurs de la demande, et estiment que l’évolution de la
demande peut être déterminée indépendamment du prix. Ils n’ont donc
absolument aucune valeur.