La semaine dernière, les discours des présidents de la Fed, de
la BCE et de la BOJ ont été très similaires. Le gouverneur de la Riksbank
suédoise a eu un message différent et beaucoup plus intéressant.
Pourquoi devrions-nous ignorer le discours des banquiers
centraux ? Leurs prévisions sont systématiquement inexactes et
leurs politiques inadaptées. Ils ont toujours un temps de retard.
Plus important encore, ils faussent les cycles économiques naturels en
manipulant artificiellement les marchés et créent ainsi
des cycles de forte expansion et de récession. Les lois naturelles
du flux/reflux ou de l'offre/demande sont les meilleurs régulateurs
de marchés. Si on laissait l'économie suivre son cours naturel, il n'y
aurait pas de bulles massives, ni de creux économiques avec de
sévères récessions ou dépressions. Les banques centrales et les
banquiers centraux ne devraient pas exister. Ils ne remplissent pas leur rôle
et l'économie mondiale fonctionnerait beaucoup mieux sans eux.
Draghi ravalera ses paroles
Voyons maintenant ce que trois dirigeants de banques
"sages" ont dit la semaine dernière...
Si quelqu'un se demande pourquoi j'ai utilisé des caricatures plutôt que
de vraies photos de ces banquiers, la raison est évidente. Personne ne doit
prendre un président de banque centrale au sérieux !
En commençant par le président de la Fed, Jay Powell. Lors de son audition devant le
Congrès des Etats-Unis, le remplaçant de Janet Yellen a déclaré que ses
"projections personnelles
pour l'économie s'étaient améliorées depuis
décembre". Des propos optimistes qui confirment que la Fed va
poursuivre ses hausses de taux d'intérêt graduelles pour éviter une
"surchauffe de l'économie", peut-être même plus
rapidement qu'anticipé. Un message mal accueilli par les marchés.
Le Dow a perdu 1 300 points depuis cette déclaration, suivi par les
marchés boursiers du monde entier. Mais cette chute n'est que le début.
Mario Draghi, le président de la BCE, a déclaré que
"la sous-utilisation des capacités de production pourrait être plus
importante que prévu, ralentissant temporairement le redressement de
l'inflation". Selon lui, les facteurs qui freinent la hausse de
l'inflation vont s'estomper avec la poursuite de la croissance. Quelques
jours plus tard, Draghi a laissé entendre que la BCE
demeure confiante sur le fait que l'inflation s'inscrira
finalement sur une trajectoire haussière, confortant ainsi les
anticipations des investisseurs quant à un arrêt du programme
d'assouplissement quantitatif cette année. Mario Draghi risque d'avoir
à ravaler ses paroles, car le système financier européen subit de
fortes pressions, à commencer par les faillites bancaires en Italie, en
Grèce et en Espagne.
La Banque du Japon (BoJ), dirigée par Haruhiko Kuroda, a
rejoint la liste des banques qui cherchent à sortir de leurs politiques
monétaires ultra-accommodantes. Si l'objectif d'inflation de 2% est
atteint, la banque centrale pourrait mettre fin au QE dans le courant de
l’exercice fiscal 2019. Depuis plus de 25 ans, la BoJ tente
d'agir sur la croissance et l'inflation en imprimant des
quantités illimitées de monnaie. Le Japon a plus d'un quadrillion
de dettes et sa banque centrale achète la totalité de la dette émise par
le pays. L'économie japonaise finira par sombrer dans
l'océan Pacifique, avec très peu de jeunes pour secourir une population
vieillissante.
L’hyperinflation provient de la dépréciation monétaire
Voici donc trois présidents de banques centrales qui croient que les
milliards ou quadrillions de papier imprimés au fil des années
porteront leurs fruits et ramèneront le taux d'inflation aux alentours
de 2%. Premièrement, l'objectif des banques centrales ne
devrait pas être la relance de l'inflation. L'inflation est une maladie
et non une vertu. La croissance inflationniste qu'elles tentent
de générer en imprimant de la monnaie n'a aucun effet bénéfique réel sur
l'économie. Cela ne fait que produire une illusion de croissance, sans
résultat positif. Deuxièmement, l'économie mondiale n'est pas prête de
générer une croissance inflationniste. Au lieu de cela, nous assisterons
à une implosion de la dette et des actifs qui tuera l'économie
mondiale. Les banquiers centraux répondront de la seule façon qu'ils
connaissent, en imprimant des quantités illimitées de monnaie. C'est
l'impression de billets et la dépréciation monétaire qui
amèneront l'inflation et l'hyperinflation, non pas les mesures de
relance des banques centrales.
Le passif global représente 2 400% du PIB
Après 11 ans d'impression monétaire massive, le monde n'a pas connu de
véritable croissance. Entre-temps, la dette mondiale a doublé pour atteindre
240 000 milliards $. Si l'on inclut les passifs non capitalisés et les dérivés,
on obtient un passif total de 2 quadrillions $. Avec un PIB mondial
de 80 000 milliards $, cela signifie que le passif représente 2
400% du PIB. Les banques centrales ont repoussé l'échéance en 2007-2009,
mais cette fois-ci les problèmes sont décuplés et l'échec du
système financier est inéluctable. Alan Greenspan, l'homme à l'origine du
désordre actuel, estime qu'il y a deux bulles sur les marchés
financiers : "nous avons une bulle boursière, et une bulle du
marché obligataire". Il aurait dû dire cela il y a 30 ans,
lorsqu'il était président de la Fed. C'était le moment d'arrêter, et non
de commencer. Mais le timing de Greenspan était tout aussi désastreux que
celui des autres banquiers centraux.
la disparition de l'argent liquide rend la banque centrale
impuissante
Stefan Ingves, gouverneur de la plus ancienne banque
centrale du monde, la Riksbank suédoise, vient de réaliser que la
banque a perdu le contrôle de l'argent liquide dans son propre pays.
Au cours des dix dernières années, la valeur des espèces en circulation en
Suède a diminué de moitié, passant de 112 milliards à 50 milliards de
couronnes. De nombreux magasins et banques refusent le cash. M.
Ingves affirme que la Suède est aujourd'hui confrontée à une situation où de
nombreux acteurs commerciaux contrôlent le système de paiement.
Comme je l'ai souvent dit, il est faux de croire que l'impression
monétaire est la prérogative de la banque centrale. Quand une banque
commerciale reçoit un dépôt, elle prête cet argent à quelqu'un, en
gardant une minuscule réserve. Ce processus est répété plusieurs fois,
ce qui augmente la masse monétaire à l'infini. Une société émettrice de
cartes de crédit imprime également de l'argent, tout comme les
nombreuses autres entités commerciales qui octroient des crédits. Toute
cette création monétaire, hors de la banque
centrale, est extrêmement inflationniste et détruit la valeur de la
monnaie. C'est que vit la Suède, ainsi que beaucoup d'autres pays.
Ingves soutient que la Riksbank perd le contrôle de la monnaie, ce qui,
selon lui, est problématique. C'est pourquoi une commission
parlementaire étudie actuellement les moyens de protéger la couronne suédoise
émise par la Riksbank. Cela débouchera sur de nouvelles réglementations.
Selon Ingves, sans un système de paiement qui accepte la monnaie émise par le
pays, la Riksbank ne peut jouer son rôle efficacement.
Après avoir fait la promotion d'une société sans argent liquide,
pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment
d'argent, la Suède réalise aujourd'hui que cela a plutôt
conduit à une perte totale du contrôle de sa monnaie.
Hyperfinflation à surveiller
Dans mon article de la semaine dernière, j'ai mentionné
que le prix d'une once d'or en Bolivar vénézuélien était de 38 millions VEF
au taux de change officiel. Une semaine plus tard, le prix de l'or est passé
à 46.5 millions VEF, soit une hausse de 22 % en une semaine. La semaine
dernière, le prix de l'or a bondi à 52.6 millions VEF. Tout comme la Suède
est en passe de le faire, le Venezuela a perdu le contrôle de sa monnaie,
quoique d'une manière très différente.
Le monde est à la fin d'un sypercycle
Notre objectif principal est de protéger les investisseurs contre les
risques importants identifiés sur les marchés boursiers, obligataires et
immobiliers. La psychologie des marchés haussiers signifie qu'à la fin d'un
cycle majeur, la plupart des investisseurs sont plus confiants que jamais. Gagner
de l'argent crée cette confiance et la cupidité empêche les investisseurs de
protéger leurs gains.
Je dis depuis longtemps que nous sommes à la fin d'un supercycle d'au
moins 100 ans, mais il pourrait même s'agir d'un cycle de 2000 ans.
l'Histoire nous le dira. Quelle que soit l'ampleur du cycle, le
ralentissement imminent de l'économie et des marchés mondiaux sera
dévastateur.
Sommet pour les actions américaines et les marchés mondiaux
La phase de fusion finale pourrait durer encore quelques mois. Mais
il semble plutôt que le Dow et les principaux indices américains
ont touché leurs plus hauts.
Sur la plupart des marchés mondiaux, le tableau est similaire. Le
Canada, le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Japon et d'autres ont atteint
des sommets en janvier qui ne sont pas confirmés par les indicateurs de
momentum sur les graphiques hebdomadaires et mensuels. C'est
normalement un signe très baissier et une indication forte que les
mesures de relance des banques centrales n'ont plus aucun effet.
Si cela se vérifie, nous assisterons bientôt à un déclin important des
marchés américains et de tous les marchés mondiaux. Ce déclin
sera dévastateur puisqu'il marquera la fin d'un cycle majeur. Nous
ne verrons aucun point bas intermédiaire avant l'été 2019. C'est le
début d'un marché baissier séculaire qui a encore de nombreuses années devant
lui.
marchés actions baissiers
Le dollar va corriger violemment
Bien que le dollar ait été survendu à court terme, cela ne l'empêchera pas
de chuter. La devise américaine semble très faible et pourrait
tomber violemment. Nous assistons à la fin de l'empire du dollar,
du pétrodollar et du rôle du dollar comme monnaie de réserve. Nous ne verrons
probablement pas le premier point bas intermédiaire avant juin-juillet
2019. L'indice du dollar est maintenant à 89 et la première cible est à
40, soit un déclin de 55% à partir du niveau actuel. Le dollar a entamé un
long mais rapide voyage vers ZÉRO.
Les métaux précieux prêts pour un mouvement haussier majeur
En regardant les graphiques à long terme de l'or dans la plupart des
devises depuis 2000, il est clair que la tendance haussière est très forte et
que le mouvement latéral entamé en 2013 arrive à son terme. En dollar
australien et canadien, l'or est pratiquement à son sommet. Dans la plupart
des autres devises, l'or n'est pas loin du pic de 2011. Il n'y a qu'en
dollars que l'or est légèrement plus faible, en raison de la vigueur
temporaire de la devise américaine. Cela va bientôt changer.
En regardant les graphiques trimestriels ci-dessous, il est clair que l'or
est dans une forte tendance haussière. Le métal jaune a fait une pause
de quelques années afin d'être prêt pour le prochain mouvement à la
hausse.
Au cours de l'année 2018, nous assisterons probablement à une très
forte progression de l'or dans toutes les devises. L'argent montera deux
fois plus vite que l'or. Les baisses imminentes du dollar et des marchés
boursiers devraient déclencher une hausse des métaux précieux.
Le risque est extrême
Il est toujours dangereux de se fier à des prévisions précises.
Mais la situation de la plupart des classes d'actifs est précaire. Je
pourrais avoir tort à court terme, mais je ne me trompe pas en disant
que le risque n'a jamais été aussi élevé. Le moment est donc venu pour
les investisseurs de se protéger. Peu importe s'il faudra des jours ou
des mois avant d'observer les retournements de tendances évoqués
plus haut. Il est garanti que nous aurons un incendie majeur et
dévastateur. Il est temps de souscrire une assurance avant le début de
l'incendie.
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