L’éclatement actuel de la
bulle sur la dette globale devrait se poursuivre au cours de ces prochains
mois. La tendance séculière d’expansion du crédit s’est transformée en une
contraction et une liquidation. A mon sens, la nouvelle tendance est désormais établie,
et aucune décision prise par les banques centrales qui émettent les devises
de réserve ne pourra la renverser.
Selon Sandeep
Jaitly, les banques centrales que sont la Fed, la
BCE, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon, pourraient avoir recours à
des programmes d’assouplissement quantitatifs « pour le peuple ».
Ces programmes reviendraient à distribuer de l’argent aux populations en
faisant baisser les taxes ou en inventant une quelconque raison de faire
décoller leur hélicopteère monétaire, selon la
formule de Ben Bernanke, afin de les inciter à
dépenser.
A mesure que la crise
actuelle s’amplifie et compte tenu de notre expérience avec la
« pensée » des économistes contemporains, nous pouvons
raisonnablement nous attendre à ce que de tels programmes soient lancés. Il
n’en est pas moins que la contraction économique actuelle ne sera pas
renversée. Les attentes du monde – qui depuis la seconde guerre mondiale ont
été une croissance positive – sont négatives. C’est là un évènement d’une
telle magnitude qu’aucun assouplissement quantitatif n’aura d’effet sur sa
conséquence finale : un effondrement de la dette.
Les inquiétudes qui se
répandent sur les marchés du monde sont nées de la reconnaissance, de la part
des entreprises et des individus
endettés, de ce que le poids de leur dette se trouve augmenté en conséquence
de la dévaluation de leurs devises nationales. Les investisseurs
internationaux tentent de réduire leur exposition. Les « capitaux
fébriles », investis dans les pays qui offrent les taux d’intérêt les
plus élevés, cherchent à rentrer chez eux. Ces dernières années d’aubaines
ont poussé les étrangers à emprunter 11 trillions de dollars, en de
nombreuses devises de réserves, pour investir dans leur propre pays. De ce
total, on estime à 7 trillions de dollars ces emprunts libellés en dollars.
Les débiteurs tentent désormais de rembourser leurs prêts en dollars, ce qui
a pour conséquence de réduire la valeur de leur propre devise par rapport au
dollar, ce qui aggrave la situation. Nous assistons à une perte de confiance
en les devises nationales, et à des fuites de capitaux depuis le dollar,
parce que les pays qui émettent ces devises ne sont plus en mesure de
maintenir leurs surplus d’exportation contre les pays émetteurs de devises de
réserve, et sont donc incapables d’augmenter leurs réserves. En conséquence,
ils perdent de leurs réserves. Les surplus d’exportation disparaissent dans
le « reste du monde » parce que les pays qui émettent les devises
de réserves, ainsi que la Chine, sont en phase de ralentissement économique
(attribuable essentiellement à un niveau de dette excessif) et réduisent leur
consommation d’importations, réduisant ainsi les exportations des pays
exportateurs.
Le déclin des réserves des
pays dont la santé économique dépend de leur surplus d’exportation rend le
fardeau de la dette globale plus insoutenable encore : les
investisseurs, tout autour du monde, s’inquiètent de voir disparaître une
partie de leurs actifs (qui sont en réalité des instruments de la dette,
c’est-à-dire des promesses de paiement), et tentent de se protéger.
Peu importe les moyens
employés, la conséquence en sera la contraction sans précédent de l’économie
du monde, qui nous mènera à la réévaluation des réserves d’or à mesure que
les gouvernements désespérés se tourneront vers l’or pour préserver leurs
activités commerciales internationales. La réévaluation des réserves d’or des
banques centrales sera la seule alternative qui s’offrira aux pays qui
chercheront à préserver une partie de leurs activités commerciales avec
l’étranger pour fournir leur économie, qu’elle soit agricole, minière ou
industrielle.
Les quantités d’or détenues
par un pays particulier ne seront pas un facteur important pour le maintien
d’économies opérationnelles, parce que même une petite quantité d’or sera
suffisante. La raison en est que, puisque l’or retrouvera toute son
importance, aucun pays ne sera capable de maintenir un surplus ou un déficit
commercial. Le premier cas impliquerait que d’autres pays envoient leur métal
aux pays dont la balance commerciale est en surplus, mais la rareté de l’or
et son importance vitale ne leur permettra pas de le faire. Dans le second
cas, les pays dont la balance commerciale est déficitaire corrigeront
immédiatement leurs activités en dévaluant leur devise plutôt que de
continuer de perdre de l’or au travers de leurs déficits commerciaux. Cette
dévaluation mettra fin immédiatement aux excès des importations sur les
exportations. Les gouvernements qui ont recours à la création de crédit pour
financer leur déficit seront limités par des équilibres budgétaires, sans
quoi leurs déficits financés par la création de crédit se transformeraient en
importations excessives et nécessiteraient une dévaluation immédiate de leur
devise.
Seuls les pays qui
produisent de l’or pourront générer des déficits commerciaux, limités aux
quantités d’or qu’ils produisent pour financer de tels déficits.
Ainsi, la réévaluation de l’or aura
l’effet positif de remettre le monde en condition de commerce et de budgets
nationaux équilibrés, ce qui n’est plus le cas depuis cent ans.
La discipline de l’or en
tant que garantie, à un prix réévalué, contre les devises nationales,
restaurera l’ordre de par le monde, bien que ce dernier aura refusé cette
discipline nécessaire jusqu’à ce qu’il ait été forcé de l’accepter par la
situation désespérée qui naît aujourd’hui, et qui ne lui laissera aucune
autre alternative que d’accepter les disciplines fiscales et financières
imposées par l’or.
Nous ne connaissons pas les
quantités d’or qui existent véritablement aujourd’hui dans les coffres des
banques centrales, parce qu’elles sont gardées secrètes. En revanche, nous
n’avons pas besoin de les connaître. Les quantités qui y sont présentes
seront suffisantes, pour les raisons que nous venons de voir.
Nous ne savons pas non plus
quel prix, en dollars, sera affecté à l’or. En revanche, au vu des quantités
astronomiques de dette en existence, un prix très élevé sera nécessaire pour
liquéfier ou rendre payable la dette en cours, quelles que soient les
quantités restantes après la purge qui a lieu aujourd’hui. Ce prix très élevé
de l’or signifiera que tous les instruments de la dette seront sujets à de
lourdes pertes en termes de valeur en or. La réévaluation de l’or réduira le
poids de la dette actuelle sur le monde.
La réévaluation du prix de
l’or ne signifie pas que les prix des biens et des services augmenteront en
tandem avec le prix de l’or. Les prix établis resteront majoritairement les
mêmes. En revanche, certains devront être réajustés pour refléter les
nouvelles réalités économiques. Beaucoup de biens que nous prenons pour
acquis disparaîtront à mesure que leurs prix artificiellement bas
disparaîtront.
Une autre caractéristique d’un
monde qui échange grâce à des devises garanties par l’or est qu’un flux d’or
dans une seule direction d’une région vers une autre, ou d’un groupe de pays
vers un seul pays, deviendra impossible. De tels flux deviendraient des
sources de réduction permanente de l’or de certaines régions ou pays, et une
source permanente de l’augmentation des réserves d’une autre région ou d’un
autre pays. L’or finirait par s’accumuler dans une région donnée pour laisser
le reste du monde en pénurie.
Les pays producteurs de
pétrole devront ajuster leurs exportations au prix de l’or afin d’équilibrer
le prix en or de leurs importations ainsi que la valeur en or de leurs
investissements à l’étranger.
Pour
vous faire une idée des conditions à venir, vous trouverez plus bas quelques
graphiques. La première colonne illustre les conditions présentes, avec des
réserves de banques centrales s’affichant à 11,025 trillions de dollars, plus
une estimation de 31,110 tonnes d’or à 1.000 dollars l’once (sur les 183.000
tonnes d’or qui existent aujourd’hui, 17% sont dîtes appartenir aux banques
centrales du monde). La deuxième colonne représente les réserves de dollars
des banques centrales, et en-dessous se trouvent leurs réserves d’or au prix
réévalué de 22.000 dollars par once. A troisième colonne représente les
réserves de dollars actuelles des banques centrales, et en-dessous 50.000
tonnes d’or de réserves réévaluées à 50.000 dollars l’once. Nous utiliserons
le chiffre le plus important pour l’or des banques centrales, parce que selon
certains, la Chine et la Russie auraient des réserves bien plus importantes
que ce qu’elles annoncent publiquement.
Pourquoi utiliser des prix
de 22.000 et 50.000 dollars par once ? Parce que d’autres ont déjà estimé
la réévaluation nécessaire de l’or, et sont parvenu à des chiffres allant de
10.000 à 50.000 dollars l’once. J’ai donc sélectionné arbitrairement les prix
de 22.000 dollars par once et de 50.000 dollars par once. Faîtes votre choix.
Le prix et la quantité d’or dans les coffres des banques centrales sont
immatériels ; les faits seront connus un jour, et les conséquences en
seront ce que j’ai expliqué plus haut : la restauration d’un commerce et
de budgets équilibrés dans notre monde désordonné.
Une fois que les devises du
monde seront garanties par l’or, le métal des individus, des fonds et des
corporations cessera de gire sans vie dans des coffres. Tout l’or sera devenu
monnaie et reprendra vie pour intégrer l’activité économique : la
réévaluation de l’or par les banques centrales réévaluera également
simultanément les 151.890 tonnes d’or qui sont dîtes être aujourd’hui entre
les mains de particuliers – 183.000 tonnes au total, moins 31.110 tonnes
détenues par les banques centrales = 151.890.
Pour la chine, une
réévaluation de l’or signifie la fin des exportations de l’industrie
chinoise, la conséquence inévitable en étant un réagencement de son économie.
Peut-être cela explique-t-il pourquoi le gouvernement chinois demande à sa
population d’acheter de l’or.
La Chine, qui pour beaucoup
possèderait bien plus d’or que ce qu’elle dit avoir, pourrait avoir
l’opportunité de prêter disons 50 tonnes de métal aux 50 pays les plus
touchés, pour un total de 2.500 tonnes d’or. En retour, ces pays pourraient
placer des Chinois aux contrôles de leurs banques centrales et de leurs
Trésors nationaux ; en plus de quoi la Chine pourrait obtenir des
privilèges pour l’extraction de ressources naturelles rares ou en termes
d’agriculture – la Chine a une population importante qui nécessite
l’établissement de sources de nourriture. Rien n’est gratuit, et ce sont ceux
qui auront le plus d’or qui établiront les règles. Les Chinois sont bien
connus en tant que marchands et en tant que gens qui aiment vivre
discrètement dans les pays étrangers. L’influence de la Chine pourrait
s’élargir tout autour du monde avec le retour des devises garanties par l’or.
Pour les Etats-Unis, la
réévaluation de l’or signifie la fin de leur capacité à obtenir tous les
produits qu’ils désirent, dans n’importe quelles quantités, à n’importe quel
endroit et à n’importe quel prix en utilisant simplement des dollars.
L’économie des Etats-Unis souffrira
grandement, et devra traverser un ajustement difficile pour s’adapter à un
monde nouveau dans lequel l’équilibre du commerce et des budgets seront
imposés par le nouveau statut de l’or en tant que monnaie internationale.
Mais pour en venir au côté positif, l’industrie américaine reprendra du
souffle pour venir fournir le marché américain : l’emploi et les revenus
seront en hausse grâce à la renaissance de l’industrie américaine.
Une fois que toutes les
devises seront garanties par l’or au travers de la réévaluation des réserves,
l’or sera de nouveau la monnaie internationale, et le dollar ne deviendra
rien de plus que la devise nationale des Etats-Unis. Les quantités d’or
deviendront le moyen international d’effectuer des échanges. Nous ne devrions
pas nous inquiéter de la manière dont cela prendra place, parce que cela se
produira. Tous les prix des biens et services deviendront des prix en or,
parce que toutes les devises seront échangeables contre de l’or.
Telles seront les
conséquences de la réévaluation de l’or.
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