Une majorité de ceux qui ont des
connaissances de base en économie savent qu’une hausse de l’offre monétaire
mène à un déclin du pouvoir d’achat de la monnaie. En revanche, leur
compréhension de la monnaie ne va généralement pas plus loin que ça, ce qui
explique pourquoi l’inflation n’est que très rarement impopulaire à moins que
le coût de la vie ne flambe trop rapidement. L’inflation monétaire serait
bien plus redoutée si ses autres effets étaient mieux compris.
Voici donc certains d’entre eux :
1. Ecart accru entre riches et
pauvres. L’inflation monétaire est probablement la raison principale pour
laquelle le pourcentage du capital des ménages américains entre les mains des
0,1% les plus riches de la population des Etats-Unis est passé de 7 à 23%
depuis le milieu des années 1970 et est désormais, pour la première fois
depuis la fin des années 1930, supérieur au pourcentage du capital des
ménages américains entre les mains des 90% les plus pauvres. L’inflation
fonctionne de cette manière parce que les prix des actifs répondent généralement
plus rapidement que le coût du travail aux croissances de la masse monétaire,
et parce que plus vous êtes riche, mieux vous êtes positionné pour vous
protéger, ou profiter, de la hausse des prix.
2. Fluctuations économiques qui
durent plusieurs années (cycles expansion-récession), dont la conséquence est
un progrès économique insuffisant en raison du capital qui se trouve consommé
pendant la période de croissance.
3. Compétitivité réduite de l’industrie
au sein des économies qui enregistrent le taux d’inflation monétaire le plus
élevé, en raison de la hausse des prix des matériaux et de la distorsion des
signaux de prix. La distorsion des signaux de prix générée par l’inflation
monétaire est d’une grande importance, parce que ces signaux indiquent au
marché ce qu’ils doivent produire et dans quelles quantités, et ce sur quoi
investir, ce qui signifie que les investissements sont mal dirigés et que les
ressources sont consommées de manière inefficace.
4. Hausse du chômage (effet
éventuel de la mal-allocation des investissements mentionnée ci-dessus).
5. Déclin ou stagnation des
salaires réels au fil du cycle expansion-récession. Déclin ou stagnation des
salaires réels au fil du cycle expansion-récession généré par l’inflation. Le
revenu médian des ménages américains était, en 2015, à peu près le même qu’en
1998, et le niveau médian de revenus réels hebdomadaires était le même au
troisième trimestre de 2016 qu’au premier trimestre de 2002.
Les revenus réels déclinent ou
stagnent parce que les salaires sont généralement les derniers à réponde à
une hausse de la masse monétaire, alors qu’en cours de récession, la hausse
du taux de chômage (l’excès de main d’œuvre) influence les salaires à la
baisse.
Notez que bien qu’un déclin des
salaires réels moyens neutralise partiellement le déclin de la compétitivité industrielle
qui ressort de la distorsion des signaux de prix, il ne débouche pas sur un
avantage compétitif net. Il devrait être évident – bien que les Keynésiens ne
semblent pas le comprendre – qu’une économie ne peut pas tirer d’avantage
compétitif net de ce qui revient à une contrefaçon de grande échelle. Quoi qu’il
en soit, quel genre d’économiste pourrait recommander des plans d’actions
susceptibles de rendre l’économie moins efficace, pour ensuite tenter de
compenser ce manque d’efficacité par une réduction du niveau de vie (un
déclin des salaires réels revient à une réduction du niveau de vie) ?
6. Plus de spéculation et moins
d’épargne. Plus l’inflation monétaire est élevée, moins il est sensé d’épargner
de l’argent par les voies traditionnelles et plus il est tentant de spéculer.
C’est problématique pour deux raisons. Premièrement, l’épargne représente le
fondement du progrès économique de long terme. Deuxièmement, une majorité des
gens ne sont pas adeptes de la spéculation financière.
7. Affaiblissement des bilans,
parce qu’en phase initiale d’inflation monétaire –avant que le coût de la vie
et les taux d’intérêt ne commencent à grimper – les gens sont récompensés
pour avoir recours à des effets de levier basés sur la dette.
8. Crises financières. Le
mal-investissement rampant, la spéculation et l’accumulation de dette sont
les ingrédients d’une crise financière telle que celle que nous avons
traversée en 2007-09.
Ce ne sont là que quelques-uns
des effets des tentatives des banquiers centraux à « remédier » aux
problèmes économiques au travers de la création de monnaie à partir de rien.