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Cours Or & Argent

Or Nazi : le trésor de la mine de Merkers

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Extrait des Archives : publié le 19 février 2014
1973 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Rubrique : Histoire de l'or

‘Patton a dit à Berstein qu’il était très content qu’Heisenhower ait assumé la responsabilité pour l’or. Bernstein lui a dit qu’il voulait déplacer le trésor de Merkers jusqu’à Francfort aussi rapidement que possible parce que selon les accords des Trois Puissants à Yalta, la région de l’Allemagne qui appartenait à Merkers serait occupée par les Russes après la guerre. Il fallait sortir le trésor de la zone avant qu’arrivent les Russes’.


Je suis curieux de savoir quel était le sentiment des Russes. Notez que 711 sacs de pièces d’or Américaines de 20 dollars ont été découverts (ainsi que des douzaines de sacs d’or numismatique). FDR a confisqué cet or par décret aux Américains avant de l’échanger contre 35 dollars par once aux étrangers. Ces pièces proviennent certainement de ces transactions illégales.


Printemps 1999, vol. 31, no. 1


Par Greg Bradsher


Très tard dans la soirée du 22 mars 1945, les troupes de la troisième division du lieutenant général Patton ont traversé le Rhin, avant que le reste de son armée de franchisse la rivière et entre au cœur de l’Allemagne. Avançant en direction du nord-est depuis Francfort, les hommes de la troisième division ont traversé la future zone Soviétique et avancé sur Gotha. Juste avant midi, le 4 avril, le village de Merkers est tombé devant le troisième bataillon du 358e régiment d’infanterie de la 90e division d’infanterie de la troisième division. Ce jour-là, ainsi que le suivant, la 90e division d’infanterie, dont le poste de commande se trouvait à Keiselbach, a consolidé ses trésors dans la région de Merkers. (1)


Les 4 et 5 avril, les personnes des alentours ont été interrogées par le corps de contre-espionnage de la 90e division d’infanterie et ont mentionné un récent déplacement d’or de la Reichsbank depuis Berlin jusqu’à la mine de potassium Kaiseroda de Wintershal AG. Elles ont toutes cité des rumeurs, mais aucune n’a pu témoigner personnellement de la présence d’or dans la mine. Juste avant midi le 5 avril, un membre  de l’équipe de renseignements militaires 404-G, rattachée au 358e régiment d’infanterie, à huit kilomètres de Merkers, a interrogé des Français déplacés qui avaient travaillé dans la mine de Merkers. Ils lui ont dit avoir entendu que de l’or y avait été déposé. Cette information a été transmise au G-2 (section de renseignements) de la 90e division d’infanterie, et l’ordre fut émis d’interdire aux civils de circuler dans la zone de la mine. (2)


Très tôt le lendemain matin, deux policiers militaires qui gardaient la route qui donnait sur Keiselbach depuis Merkers ont vu deux femmes approcher et les ont arrêtées. Lors de leur interrogatoire, elles ont dit être Françaises. L’une des femmes était enceinte et l’autre l’accompagnait voir une sage-femme à Keiselbach. Après avoir été interrogées au bureau du prévôt, elles ont été reconduites à Merkers. En entrant dans Merkers, le chauffeur a vu la mine de Kaiseroda et leur a demandé de quel type de mine il s’agissait. Elles ont répondu que c’était la mine dans laquelle les réserves d’or Allemandes et un certain nombre d’œuvres d’art avaient été déposées il y a plusieurs semaines, et ont ajouté que les civils et personnes déplacées des environs avaient dû aider au déchargement et au dépôt du trésor. (3)


Le 6 avril à midi, l’histoire des deux femmes avait atteint les oreilles du lieutenant-colonel William A. Russell, officier de la division G-5 (affaires civiles) de la 90e division d’infanterie. Il s’est rendu près de la mine, où des entretiens avec les personnes déplacées des environs ont confirmé les témoignages des deux femmes. Elles lui ont expliqué que des œuvres d’art avaient également été dissimulées dans la mine et que le Dr. Paul Ortwin Rave, conservateur du musée de l’état Allemand de Berlin, ainsi que le directeur adjoint des Galleries Nationales de Berlin, avaient été présents pour s’assurer qu’elles étaient traitées avec soin. Russell a ensuite confronté les responsables de la mine, qui ont dit savoir que de l’or et des œuvres d’art avaient été déposés dans la mine, et que certaines autres mines de la région avaient été utilisées de la même manière. Russell a également interrogé Werner Veick, responsable du département des devises étrangères de la Reichsbank, qui était aussi à la mine, et Rave. Ce dernier lui a dit être à Merkers pour s’occuper des peintures déposées dans la mine. Veick lui a indiqué que l’or déposé dans la mine représentait l’intégralité des réserves de la Reichsbank de Berlin. (4)


Armé de ces témoignages, Russell a demandé à ce que le 712e bataillon de chars soit envoyé à Merkers pour garder les entrées de la mine. Des éléments de la police militaire de la 90e division ont aussi été dépêchés près des entrées, et l’électricité a été rétablie à la mine pour qu’elle puisse être examinée le jour suivant. Plus tard dans l’après-midi, après avoir appris qu’il existait au moins cinq entrées autour de la mine et qu’un bataillon de chars ne serait pas suffisant pour toutes les garder, Russell fit appel à des renforts. Le soir-même, le général-majeur Herbert L. Earnest, commandant général de la 90e division d’infanterie, a appelé le 357e régiment d’infanterie, alors à Leimbach, et demandé à ce que son premier bataillon se rende à Merkers pour prendre la relève de la police militaire de la 90e division et renforce le 712e bataillon de chars. (5)


Russell a également expliqué à un officier du XIIe Corps G-5 ce qui se passait sur le site, et ses paroles sont arrivées jusqu’au général-majeur du Corps, Manton S. Eddy. Ce dernier a immédiatement appelé Patton pour l’informer de la capture des réserves d’or Allemandes à Merkers. Patton, qui s’était déjà laissé prendre par des rumeurs, lui a demandé de ne pas mentionner la capture de l’or jusqu’à ce qu’elle soit confirmée. (6)




En fin de soirée, dans l’anticipation de ce qu’ils étaient susceptibles de trouver le jour suivant, l’excitation était palpable. Tous ceux qui étaient impliqués savaient qu’ils avaient peut-être mis les pieds sur quelque chose d’important, quelque chose que les dirigeants politiques et militaires espéraient trouver quelque part en Allemagne – ses réserves d’or. Les Alliés, au travers de leurs sources de renseignement et diplomatiques, savaient que les Nazis avaient pillé des centaines de millions de dollars d’or à de nombreuses banques centrales d’Europe, et bien qu’elle en ait envoyé une grande partie à des pays neutres comme paiement pour matériel militaire, elle disposait encore d’une grande quantité de métal (7). Si les réserves d’or du Reich étaient capturées, la guerre pourrait finir plus tôt, parce que les Allemands n’auraient plus la possibilité de se procurer du matériel de guerre.


Tout au long de la guerre, les réserves d’or du Reich sont restées dans les coffres de la Reichsbank à Berlin. En 1943 en revanche, certaines barres d’or furent envoyées vers de nombreuses succursales de la Reichsbank. A la fin de l’année 1944 et au début de l’année 1945, alors que les bombardements Américains sur Berlin se multipliaient et que les Alliés s’approchaient de la ville à l’est comme à l’ouest, de l’or fut dispersé vers d’autres succursales de la banque au centre et au sud de l’Allemagne. Au début de l’année 1945, de grandes quantités de Reichsmarks furent envoyées depuis Berlin vers des succursales de la Reichsbank. (8)


La dispersion des actifs de la Reichsbank a été en plein essor dès février 1945. Le 3 février, 937 bombardiers B-17 de la huitième Air Force ont lâché 2300 tonnes de bombes sur Berlin et pratiquement détruit la Reichsbank et ses presses à imprimer. A la suite des bombardements, Walter Funk, président de la Reichsbank et ministre de l’économie du Reich, a décidé d’envoyer une majorité des réserves d’or du Reich, d’une valeur de 238 millions de dollars, vers une mine de Merkers, à 300 kilomètres au sud de Berlin, pour qu’il y soit mis en sécurité. Comme toutes les autres mines de sel et de potassium d’Allemagne, la mine de Merkers avait été réquisitionnée par le gouvernement parce que des entreprises en avaient besoin pour stocker du matériel et que la production d’armements devait se poursuivre sous terre pour éviter les bombardements. (9)


Le 11 février, une grande majorité des réserves d'or, dont l'or ramené à Berlin depuis les succursales de la Reichsbank, des réserves de devises s’élevant à un milliard de Reichsmarks, ainsi qu’une quantité considérable de devises étrangères, furent transportées vers Merkers. Une fois arrivé à Merkers, le train a été déchargé et son contenu placé dans un coffre situé à proximité de la mine et baptisé Chambre Numéro 8. (10)


En plus de cette livraison vers Merkers, il fut décidé d’envoyer une quantité substantielle de devises et d’employés vers la succursale de la Reichsbank à Erfurt dès le début du mois de février. Des devises et pas moins de dix employés ont été envoyés à Erfurt. Parmi eux se trouvaient Veick et Otto Reimer, responsable du Département des Reichsmarks. Dès qu’ils arrivèrent, de la monnaie commença à circuler vers d’autres succursales et vers Berlin. Des devises furent également retirées de la mine de Merkers et redistribuées aux banques et à la Reichsbank de Berlin. (11)


Le bureau Schutzstaffeln (SS) pour l’économie et l’administration, qui gérait les camps de concentration, voulait que son butin, qui se trouvait entre les mains de la Reichsbank, soit envoyé à Merkers. A partir du 26 août 1942 et jusqu’au 27 janvier 1945, les SS envoyèrent 76 livraisons de biens saisis aux prisonniers des camps de concentration vers la Reichsbank. Cette propriété dérobée fut ensuite déposée sur un compte sous le nom de Melmer, le capitaine SS Bruno Melmer, responsable d’une grande partie des livraisons. Les bijoux en or furent vendus à l’étranger, l’or de meilleure qualité fut vendu soit à la Monnaie Prussienne soit à Degussa, une firme industrielle Allemande spécialisée dans l’affinage de métaux précieux. Valeurs mobilières, devises étrangères et autres biens furent achetés par la Reichsbank. Une majorité des bijoux furent vendus grâce au prêteur sur gages municipal de Berlin. Une fois les transactions établies, les recettes étaient envoyées sur le compte de Max Heiliger, qui était le nom de code d’Heinrich Himmler et des SS. Au début de l’année 1945, une majorité des pillages avaient été vendus, mais une certaine quantité de biens demeurait entre les mains de la Reichsbank. (12)


Les biens confisqués en mars 1945 consistaient en toutes sortes d’objets en or ou en argent, depuis de fausses dents jusqu’à des boîtiers de cigarettes, des pièces d’or et d’argent, des diamants, des devises étrangères, et des lingots. Les lingots d’or et d’argent furent placés dans 18 sacs, et le reste du butin dans 189 valises, coffres et boîtes qui furent envoyés vers Merkers le 18 mars. La cargaison était sous le contrôle d’Albert Thoms, directeur du Département des Métaux Précieux de la Reichsbank. Une fois le butin des SS arrivé sur place, il fut déposé dans la Chambre Numéro 8 aux côté de l’or de la banque centrale et des devises. (13)


Pour protéger les œuvres d’art de la nation, le ministre de l’éducation du Reich a demandé leur déplacement vers les mines au mois de mars. La première livraison eut lieu le 16 mars 1945, alors que 45 valises d’œuvres d’art appartenant au musée Kaiser-Freiderichs furent envoyées de Berlin vers Ransbach, à 12 kilomètres de Merkers. Rave, qui avait été envoyé avec la cargaison, a jugé que la mine ne pouvait être utilisée comme lieu de dépôt, et que sa cargaison devait être transportée jusqu’à Merkers. Entre le 20 et le 31 mars, les Allemands transportèrent un quart des possessions de quatorze des musées d’état principaux de Prusse vers Merkers. Rave a reçu l’ordre de rester à Merkers pour surveiller la collection. (14)


Fin du rapport ici



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