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‘Patton a dit à Berstein qu’il était très content qu’Heisenhower
ait assumé la responsabilité pour l’or. Bernstein lui a dit qu’il voulait
déplacer le trésor de Merkers jusqu’à Francfort
aussi rapidement que possible parce que selon les accords des Trois Puissants
à Yalta, la région de l’Allemagne qui appartenait à Merkers
serait occupée par les Russes après la guerre. Il fallait sortir le trésor de
la zone avant qu’arrivent les Russes’.
Je suis curieux de savoir quel était le
sentiment des Russes. Notez que 711 sacs de pièces d’or Américaines de 20
dollars ont été découverts (ainsi que des douzaines de sacs d’or
numismatique). FDR a confisqué cet or par décret aux Américains avant de
l’échanger contre 35 dollars par once aux étrangers. Ces pièces proviennent
certainement de ces transactions illégales.
Printemps 1999, vol. 31, no. 1
Par Greg Bradsher
Très tard dans la soirée du 22
mars 1945, les troupes de la troisième division du lieutenant général Patton
ont traversé le Rhin, avant que le reste de son armée de franchisse la
rivière et entre au cœur de l’Allemagne. Avançant en direction du nord-est
depuis Francfort, les hommes de la troisième division ont traversé la future
zone Soviétique et avancé sur Gotha. Juste avant midi, le 4 avril, le village
de Merkers est tombé devant le troisième bataillon
du 358e régiment d’infanterie de la 90e division
d’infanterie de la troisième division. Ce jour-là, ainsi que le suivant, la
90e division d’infanterie, dont le poste de commande se trouvait à
Keiselbach, a consolidé ses trésors dans la région
de Merkers. (1)
Les 4 et 5 avril, les personnes
des alentours ont été interrogées par le corps de contre-espionnage de la 90e
division d’infanterie et ont mentionné un récent déplacement d’or de la Reichsbank depuis Berlin jusqu’à la mine de potassium Kaiseroda de Wintershal AG.
Elles ont toutes cité des rumeurs, mais aucune n’a
pu témoigner personnellement de la présence d’or dans la mine. Juste avant
midi le 5 avril, un membre de l’équipe
de renseignements militaires 404-G, rattachée au 358e régiment
d’infanterie, à huit kilomètres de Merkers, a
interrogé des Français déplacés qui avaient travaillé dans la mine de Merkers. Ils lui ont dit avoir entendu que de l’or y
avait été déposé. Cette information a été transmise au G-2 (section de
renseignements) de la 90e division d’infanterie, et l’ordre fut
émis d’interdire aux civils de circuler dans la zone de la mine. (2)
Très tôt le lendemain matin,
deux policiers militaires qui gardaient la route qui donnait sur Keiselbach depuis Merkers ont
vu deux femmes approcher et les ont arrêtées. Lors de leur interrogatoire,
elles ont dit être Françaises. L’une des femmes était enceinte et l’autre
l’accompagnait voir une sage-femme à Keiselbach.
Après avoir été interrogées au bureau du prévôt, elles ont été reconduites à Merkers. En entrant dans Merkers,
le chauffeur a vu la mine de Kaiseroda et leur a
demandé de quel type de mine il s’agissait. Elles ont répondu que c’était la
mine dans laquelle les réserves d’or Allemandes et un certain nombre d’œuvres
d’art avaient été déposées il y a plusieurs semaines, et ont ajouté que les
civils et personnes déplacées des environs avaient dû aider au déchargement
et au dépôt du trésor. (3)
Le 6 avril à midi, l’histoire
des deux femmes avait atteint les oreilles du lieutenant-colonel William A.
Russell, officier de la division G-5 (affaires
civiles) de la 90e division d’infanterie. Il s’est rendu près de
la mine, où des entretiens avec les personnes déplacées des environs ont confirmé
les témoignages des deux femmes. Elles lui ont expliqué que des œuvres d’art
avaient également été dissimulées dans la mine et que le Dr. Paul Ortwin Rave, conservateur du musée de l’état Allemand de
Berlin, ainsi que le directeur adjoint des Galleries
Nationales de Berlin, avaient été présents pour s’assurer qu’elles étaient
traitées avec soin. Russell a ensuite confronté les responsables de la mine,
qui ont dit savoir que de l’or et des œuvres d’art avaient été déposés dans
la mine, et que certaines autres mines de la région avaient été utilisées de
la même manière. Russell a également interrogé Werner Veick,
responsable du département des devises étrangères de la Reichsbank,
qui était aussi à la mine, et Rave. Ce dernier lui a dit être à Merkers pour s’occuper des peintures déposées dans la
mine. Veick lui a indiqué que l’or déposé dans la
mine représentait l’intégralité des réserves de la Reichsbank
de Berlin. (4)
Armé de ces témoignages, Russell
a demandé à ce que le 712e bataillon de chars soit envoyé à Merkers pour garder les entrées de la mine. Des éléments
de la police militaire de la 90e division ont aussi été dépêchés près
des entrées, et l’électricité a été rétablie à la mine pour qu’elle puisse
être examinée le jour suivant. Plus tard dans l’après-midi, après avoir
appris qu’il existait au moins cinq entrées autour de la mine et qu’un
bataillon de chars ne serait pas suffisant pour toutes les garder, Russell
fit appel à des renforts. Le soir-même, le général-majeur Herbert L. Earnest,
commandant général de la 90e division d’infanterie, a appelé le
357e régiment d’infanterie, alors à Leimbach,
et demandé à ce que son premier bataillon se rende à Merkers
pour prendre la relève de la police militaire de la 90e division
et renforce le 712e bataillon de chars. (5)
Russell a également expliqué à
un officier du XIIe Corps G-5 ce qui se passait sur le site, et ses paroles
sont arrivées jusqu’au général-majeur du Corps, Manton
S. Eddy. Ce dernier a immédiatement appelé Patton pour l’informer de la capture
des réserves d’or Allemandes à Merkers. Patton, qui
s’était déjà laissé prendre par des rumeurs, lui a demandé de ne pas
mentionner la capture de l’or jusqu’à ce qu’elle soit confirmée. (6)
En fin de soirée, dans
l’anticipation de ce qu’ils étaient susceptibles de trouver le jour suivant,
l’excitation était palpable. Tous ceux qui étaient impliqués savaient qu’ils
avaient peut-être mis les pieds sur quelque chose d’important, quelque chose
que les dirigeants politiques et militaires espéraient trouver quelque part
en Allemagne – ses réserves d’or. Les Alliés, au travers de leurs sources de
renseignement et diplomatiques, savaient que les Nazis avaient pillé des
centaines de millions de dollars d’or à de nombreuses banques centrales d’Europe,
et bien qu’elle en ait envoyé une grande partie à des pays neutres comme
paiement pour matériel militaire, elle disposait encore d’une grande quantité
de métal (7). Si les réserves d’or du Reich étaient capturées, la guerre
pourrait finir plus tôt, parce que les Allemands n’auraient plus la
possibilité de se procurer du matériel de guerre.
Tout au long de la guerre, les
réserves d’or du Reich sont restées dans les coffres de la Reichsbank à Berlin. En 1943 en revanche, certaines
barres d’or furent envoyées vers de nombreuses succursales de la Reichsbank. A la fin de l’année 1944 et au début de
l’année 1945, alors que les bombardements Américains sur Berlin se
multipliaient et que les Alliés s’approchaient de la ville à l’est comme à
l’ouest, de l’or fut dispersé vers d’autres succursales de la banque au
centre et au sud de l’Allemagne. Au début de l’année 1945, de grandes
quantités de Reichsmarks furent envoyées depuis Berlin vers des succursales
de la Reichsbank. (8)
La dispersion des actifs de la Reichsbank a été en plein essor dès février 1945. Le 3
février, 937 bombardiers B-17 de la huitième Air Force ont lâché 2300 tonnes
de bombes sur Berlin et pratiquement détruit la Reichsbank
et ses presses à imprimer. A la suite des bombardements, Walter Funk,
président de la Reichsbank et ministre de
l’économie du Reich, a décidé d’envoyer une majorité des réserves d’or du
Reich, d’une valeur de 238 millions de dollars, vers une mine de Merkers, à 300 kilomètres au sud de Berlin, pour qu’il y
soit mis en sécurité. Comme toutes les autres mines de sel et de potassium
d’Allemagne, la mine de Merkers avait été
réquisitionnée par le gouvernement parce que des entreprises en avaient
besoin pour stocker du matériel et que la production d’armements devait se
poursuivre sous terre pour éviter les bombardements. (9)
Le 11 février, une grande
majorité des réserves d'or, dont l'or ramené à Berlin depuis les succursales
de la Reichsbank, des réserves de devises s’élevant
à un milliard de Reichsmarks, ainsi qu’une quantité considérable de devises
étrangères, furent transportées vers Merkers. Une
fois arrivé à Merkers, le train a été déchargé et
son contenu placé dans un coffre situé à proximité de la mine et baptisé
Chambre Numéro 8. (10)
En plus de cette livraison vers Merkers, il fut décidé d’envoyer une quantité
substantielle de devises et d’employés vers la succursale de la Reichsbank à Erfurt dès le début du mois de février. Des
devises et pas moins de dix employés ont été envoyés à Erfurt. Parmi eux se
trouvaient Veick et Otto Reimer, responsable du
Département des Reichsmarks. Dès qu’ils arrivèrent, de la monnaie commença à
circuler vers d’autres succursales et vers Berlin. Des devises furent
également retirées de la mine de Merkers et
redistribuées aux banques et à la Reichsbank de
Berlin. (11)
Le bureau Schutzstaffeln
(SS) pour l’économie et
l’administration, qui gérait les camps de concentration, voulait que son
butin, qui se trouvait entre les mains de la Reichsbank,
soit envoyé à Merkers. A partir du 26 août 1942 et
jusqu’au 27 janvier 1945, les SS envoyèrent 76 livraisons de biens saisis aux
prisonniers des camps de concentration vers la Reichsbank.
Cette propriété dérobée fut ensuite déposée sur un compte sous le nom de Melmer, le capitaine SS Bruno Melmer,
responsable d’une grande partie des livraisons. Les bijoux en or furent
vendus à l’étranger, l’or de meilleure qualité fut vendu soit à la Monnaie
Prussienne soit à Degussa, une firme industrielle
Allemande spécialisée dans l’affinage de métaux précieux. Valeurs mobilières,
devises étrangères et autres biens furent achetés par la Reichsbank.
Une majorité des bijoux furent vendus grâce au prêteur sur gages municipal de
Berlin. Une fois les transactions établies, les recettes étaient envoyées sur
le compte de Max Heiliger, qui était le nom de code
d’Heinrich Himmler et des SS. Au début de l’année 1945, une majorité des
pillages avaient été vendus, mais une certaine quantité de biens demeurait
entre les mains de la Reichsbank. (12)
Les biens confisqués en mars
1945 consistaient en toutes sortes d’objets en or ou en argent, depuis de
fausses dents jusqu’à des boîtiers de cigarettes, des pièces d’or et
d’argent, des diamants, des devises étrangères, et des lingots. Les lingots
d’or et d’argent furent placés dans 18 sacs, et le reste du butin dans 189
valises, coffres et boîtes qui furent envoyés vers Merkers
le 18 mars. La cargaison était sous le contrôle d’Albert Thoms,
directeur du Département des Métaux Précieux de la Reichsbank.
Une fois le butin des SS arrivé sur place, il fut déposé dans la Chambre
Numéro 8 aux côté de l’or de la banque centrale et des devises. (13)
Pour protéger les œuvres d’art
de la nation, le ministre de l’éducation du Reich a demandé leur déplacement
vers les mines au mois de mars. La première livraison eut lieu le 16 mars
1945, alors que 45 valises d’œuvres d’art appartenant au musée Kaiser-Freiderichs furent envoyées de Berlin vers Ransbach, à 12 kilomètres de Merkers.
Rave, qui avait été envoyé avec la cargaison, a jugé que la mine ne pouvait
être utilisée comme lieu de dépôt, et que sa cargaison devait être
transportée jusqu’à Merkers. Entre le 20 et le 31
mars, les Allemands transportèrent un quart des possessions de quatorze des
musées d’état principaux de Prusse vers Merkers.
Rave a reçu l’ordre de rester à Merkers pour
surveiller la collection. (14)
Fin
du rapport ici
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