Une sortie de la Grèce de la zone Euro
apparait de plus en plus certaine, à en juger par la fréquence
nous pouvons aujourd’hui en entendre parler. Malheureusement, se
préparer à une telle éventualité
s’avèrera bien plus difficile que beaucoup peuvent le penser.
Avant d’aborder ce point, j’aimerai pouvoir illustrer
l’étendue du problème.

Le graphique ci-dessus nous indique un détail
très important concernant la sortie de la Grèce de la zone
Euro.
Il est clair que de la monnaie se dirige depuis
les PIIGS vers l’Allemagne, et ce pour une raison très simple.
Les citoyens de ces nations périphériques
s’inquiètent du fait qu’une sortie de leur pays de la zone
Euro puisse entraîner une diminution de leur pouvoir d’achat. Ce
problème est tout particulièrement vrai pour le cas de la
Grèce, où beaucoup s’imaginent qu’un drachme
vaudrait aujourd’hui 40% de moins qu’un euro. Une
dévaluation d’une telle magnitude serait nécessaire au
rétablissement de la compétitivité de la Grèce.
Notez cependant le titre du graphique ci-dessus. Il est important de
souligner deux choses :
Premièrement, l’Allemagne
prête de l’argent à ces pays par le biais de la BCE et du
fameux système Target. Si la Grèce sortait de l’euro et
transformait ses obligations extérieures en drachmes,
l’Allemagne perdrait 40% de ses actifs. L’Allemagne est-elle
prête à accepter une telle perte ? Notez que les PIIGS
doivent à l’Allemagne 640 milliards d’euros. Cette dette
représente 25% du PIB de l’Allemagne, et n’inclue
même pas les dettes secondaires dues à l’Allemagne par les
PIIGS. Comment l’Allemagne pourrait-elle donc se protéger
d’une sortie de l’euro de l’un de ces pays ?
Deuxièmement, chaque Etat Européen
possède une banque centrale, contrairement à l’union
monétaire des Etats-Unis où le dollar circule librement entre
les Etats. Si des dollars se déplacent depuis la Californie vers New
York, aucune banque centrale New-Yorkaise n’existe pour enregistrer la
provenance de cet argent. En revanche, l’Allemagne sait très
bien d’où proviennent ses flux d’euros entrants, à
l’échelle globale comme individuelle. En d’autres termes,
les euros des PIIGS sont déposés auprès de banques Allemandes,
et chacune de ces banques connaît le nom, l’adresse et la
nationalité de ses déposants.
Imaginons que Nico transfère des euros
depuis sa banque Grecque vers son compte Allemand avant la sortie de la
Grèce de la zone Euro. Nico pourrait penser que ses euros seraient
ainsi mis en sécurité. Mais le seraient-ils vraiment ?
Que se passerait-il si les technocrates de
Bruxelles accusaient Nico d'avoir spéculé avec la monnaie
qu’il a transféré en Allemagne ? Bien que Nico
n’ait eu pour objectif que de protéger son épargne en
euros, les Eurocrates pourraient l’accuser d’avoir
spéculé du simple fait qu’il ait osé sortir des
euros de son pays.
Les Eurocrates pourraient ensuite décider
que, du fait de la sortie de la Grèce de la zone Euro et du
rétablissement de la drachme, tous les comptes en euros détenus
en Europe par des nationaux Grecs deviennent des comptes en drachmes.
L’Allemagne est ainsi sauvée, parce qu’elle ne doit plus
d’euros à Nico. Mais l’épargne de Nico n’est
pas en sécurité, et loin de là. La même chose
pourrait arriver à Juan, Patrick et Luigi s’ils venaient
à s’imaginer qu’il serait plus sûr de placer leurs
euros en Allemagne.
Il n'existe qu'un seul moyen de se
protéger des devises fiduciaires – sortir du système de
devises papier. Le seul moyen de procéder est d’investir sur des
actifs tangibles.
Nico aurait dû acheter de l’or.
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