Fermer X Les cookies sont necessaires au bon fonctionnement de 24hGold.com. En poursuivant votre navigation sur notre site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir plus sur les cookies...
AnglaisFrancais
Cours Or & Argent en

30 % des agriculteurs gagnent moins de 350 euros par mois !

IMG Auteur
Publié le 13 octobre 2016
1247 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
( 6 votes, 4,8/5 ) , 3 commentaires
Imprimer l'article
  Article Commentaires Commenter Notation Tous les Articles  
0
envoyer
3
commenter
Notre Newsletter...
Rubrique : Editoriaux

C’est le directeur général de la MSA, la mutualité sociale agricole, qui attire l’attention sur la détresse profonde du monde agricole. Sur les 6 premiers mois de l’année, la « permanence de prévention du suicide chez les agriculteurs a reçu 1 700 appels », ce qui représente 285 appels en moyenne par mois.

On apprend également dans cette interview donnée par Michel Brault sur Radio France que sur le revenu 2015, « à peu près 30 % des agriculteurs ont gagné moins de 4 200 euros, c’est-à-dire 350 euros par mois. Et nous craignons que pour 2016, cela s’accentue, compte tenu des difficultés économiques, sanitaires et climatiques ».

Il note également une « explosion des demandes : à peu près 200 000 demandes depuis le début de l’année, alors qu’on en attendait 60 000 en 2016 ! Sur ces 200 000 demandes, environ un tiers émanent d’exploitants et deux tiers de salariés »… D’ailleurs le nombre d’ouvriers agricoles s’effondre lui aussi.

Et il conclut sur ce constat absolument dramatique : « De plus en plus d’épouses d’agriculteurs nous appellent pour dire : « Venez nous aider, on ne s’en sort plus ». Et cette détresse n’est pas seulement financière, on sent qu’il y a le besoin d’un accompagnement humain. »

Alors maintenant, que fait-on ?

Albert Einstein, qui n’était pas le dernier des crétins, disait que la folie c’était de faire la même chose en espérant que cela produise des effets différents.

Que ce soit pour notre monde agricole et de façon générale pour tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, nous continuons invariablement à faire un peu plus de la même chose en espérant que cela conduise à un résultat différent. Nous nageons évidemment en plein délire.

La dernière « connerie » en date étant l’annonce par le gouvernement d’uniformes « anti-feu » pour les policiers. Je suppose qu’Alain Juppé, dans sa grande maîtrise et son immense pondération, nous proposera de doter chaque voiture de patrouille d’un petit extincteur logé dans l’habitacle. Voilà une « bonne » mesure… qui ne changera rien au fait que des petits caïds qui terrorisent tout le monde (noirs, jaunes, blancs, marrons et blancs cassés ou café au lait et toutes les couleurs de la palette confondues) vont continuer à être de plus en plus violents parce qu’en face… il n’y a aucune riposte. Le problème est aussi simple que cela. S’il y a impunité, alors il n’y a plus de limite et les treillis anti-feu ou les extincteurs, qu’il soit mis en place par la droite ou par la gauche, n’y changeront rien.

Pour le monde agricole, c’est exactement la même chose.

Les paysans sont en réalité devenus les supplétifs malgré eux d’un système totalement inique où ils sont exploités et dépendants de leur filière.

Ils achètent des engrais, des pesticides et des semences à des entreprises qui généralement leur rachètent ensuite leur production. Ils sont, de fait, les quasi-salariés de leurs uniques « fournisseur-client ».

Pour les producteurs de lait, ce n’est pas mieux. Ils dépendent de la laiterie du coin et travaillent globalement au salaire de « subsistance ».

Pour les éleveurs idem… Le prix de la viande ne couvre presque pas leurs frais… alors gagner de l’argent vous n’y pensez pas.

Le tout est mâtiné d’aides et de subventions pour tenir la tête hors de l’eau à ses forçats.

En haut de l’échelle agricole, les grandes exploitations (supérieures à 300 hectares) qui permettent à l’exploitant de vivre dignement s’il gère bien. Pour le reste, c’est la catastrophe ou presque et la grande misère.

Ce qui sauve à la campagne, c’est la campagne, le potager, le fuel rouge qui permet de rouler à pas cher et en « déduisant », le bois de chauffage gratuit, et disons-le… l’absence de tentations vue que le premier magasin est à une heure de route (j’exagère à peine).

Il faut donc sortir de ce système…

La seule solution pour nos agriculteurs n’est donc pas de manifester pour obtenir quelques centimes de plus sur le litre de lait ou le kilo de cochon mais de sortir de ce système mortifère pour eux.

Ils sont, il faut le dire, également totalement soumis aux « instances professionnelles » qui ne veulent pas forcément que leur bien !

Résultat ? On se mobilise pour les centimes, on verse du purin, on arrose les préfectures et les sous-préfectures, mais on ne change rien. On continue comme avant.

Toujours pas une seule chaîne nationale de vente directe de produits, du fermier au consommateur, dans les grandes villes. Pourquoi à votre avis ?

Des coopératives qui ne servent pas à grand-chose, des instances nationales agricoles gérées par les plus gros et qui sont en réalité des industriels de l’agro-alimentaire et de l’agro-business…

Nos paysans doivent donc se sortir eux-mêmes et par eux-mêmes de ce système qui les asphyxie à petit feu et ne les tuera jamais vraiment.

Comment ? En rompant totalement avec les modes de production actuels, en faisant du bio sans payer ce label et en en créant un autre libre de droit et d’utilisation par tous, changer les méthodes de production, changer les modèles économiques et aussi changer la façon de vendre et les circuits de vente.

Tant que nos paysans ne font pas cela, alors ils continueront à être condamnés à verser leur lisier sur les sous-préfectures et rien ne changera.

Tant qu’ils continueront à faire de la « défiscalisation » pour « bénéficier » de la « fiscalité » agricole en engraissant des comptables et des fabricants d’engins qui leur vendent des tracteurs hors de prix dont ils n’ont pas besoin, alors rien ne changera.

Tant qu’ils accepteront des normes de plus en plus contraignantes et les poussant à faire des investissements jamais rentabilisés qui sont la conséquence du lobbying des industriels à Bruxelles, alors rien ne changera

J’ai 42 ans et cela fait 42 ans que j’entends le monde agricole geindre (à raison) et continuer à geindre tous les ans pour les mêmes raisons sans que rien ne change.

Nos amis agriculteurs doivent se sortir de cette folie de faire confiance à leurs instances et autres fédérations en continuant à croire qu’une manif de tracteurs changera les choses.

Et non, la révolution n’est pas non plus la solution. Ce que je sais en revanche, c’est que les révolutions personnelles, elles, sont très efficaces et que toutes celles et ceux qui sortent de ce système retrouvent une liberté, une richesse, un sens à leur métier oublié depuis bien trop longtemps. Que ce soit le passage du conventionnel au bio ou même à des modes encore plus « novateurs » comme la permaculture, nombreux sont ceux à trouver d’autres équilibres économiques.

Il faut faire autrement, et évidemment ce n’est ni simple, ni facile, mais ne rien faire c’est se condamner à subir et quand on gagne 350 euros par mois, alors on n’a plus grand-chose à perdre à essayer autre chose ! Cela s’appelle se libérer et si je dis tout cela c’est parce que oui, il y a une détresse réelle dans le monde rural et cette détresse va d’ailleurs bien au-delà des agriculteurs et elle est assez générale.

Pourtant, il doit être dit qu’il n’y a aucune fatalité et que pour une part importante, par nos choix et nos actions, nous sommes aussi en grande partie maîtres de notre destin. Nous pouvons aussi choisir de ne pas être l’esclave de l’autre, tout au moins en partie.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Données et statistiques pour les pays mentionnés : France | Tous
Cours de l'or et de l'argent pour les pays mentionnés : France | Tous
<< Article précedent
Evaluer : Note moyenne :4,8 (6 votes)
>> Article suivant
Charles Sannat est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires Il a exercé les fonction de directeur des études économiques de la société Aucoffre.com de 2012 à 2015, et créé le Contrarien Matin un site de « décryptage quotidien, sans concession, humoristique et sarcastique de l’actualité économique ». Il a fondé en Septembre 2015 le site Insolentiae.com et se consacre depuis pleinement à ce nouveau projet éditorial.
Publication de commentaires terminée
  Tous Favoris Mieux Notés  
C'est tout à fait çà! j'ai des amis éleveurs de veaux sous la mère en Ag raisonné (veaux qui pars vivant en italie, pour être réimporté ensuite par la france, absurde!)
Depuis une dizaine d'années ils avaient même pas 400€ à eux 2. Lui est maintenant retraité, elle, travail encore, ce qui les sauvent c st une maisonnette en héritage louée 350€ par mois...
Pour lesp lus jeunes, ils sont passé en bio, ou permaculture; les ventes se font au marché, en boutique producteur, par commande en ligne à aller chercher, ou directement à la ferme. C'est moins cher que le pas bio de chez carrouf, par contre i faut aller vite car sinon il n y a plus rien. La demande de bio est très forte dans mon secteur. si les grandes surfaces en font, il faut savoir qu une laitue de plus de 24h à perdu 50% des ses enzymes digestives et une grande part des vitamines, donc imaginer les légumes bio d'amérique du sud du lidll... Le Bio s’accroît de 30% par an en france et c'est très bien! les producteur ont un saliare correct, les produits sont frais délicieux et peu cher. Qu'attends vous le conventionnels? la nouveau poison de monsato magique? la nouvelle aide de l'europe? la retraite?
Evaluer :   5  1Note :   4
EmailPermalink
Les socialistes n'aiment pas les travailleurs indépendants, en particulier les agriculteurs, ils préfèrent les salariés, bien plus contrôlables. Pour ces ordures, rien de mieux qu'un fonctionnaire, encore mieux un assisté. La pauvreté se trouve à la campagne, certainement pas dans les quartiers sensibles.
Pendant ce temps françois le mou se fait coiffer (se fait branler ? A ce niveau de tarif...) avec mon fric.
Evaluer :   4  0Note :   4
EmailPermalink
Un agriculteur le plus idiot sait que s'il mange toute sa récolte, alors il n'aura plus de semences l'année suivante.
Que son produit, diminué de ses consommations peut être capitalisé et réinvesti. Que s'il n'épargne pas une partie, la roue s'arrête etc...
Comment lui faire croire que l'Etat a un autre argent que le sien, que la consommation enrichit ou que les dettes affranchissent ?

L'agriculteur est confronté à un système qu'ils combattent : la Nature. Leur système anti-naturel ne peut se développer en présence continuelle d'une anti-these millénaire, pérenne et saine.
Evaluer :   1  0Note :   1
EmailPermalink
Dernier commentaire publié pour cet article
Un agriculteur le plus idiot sait que s'il mange toute sa récolte, alors il n'aura plus de semences l'année suivante. Que son produit, diminué de ses consommations peut être capitalisé et réinvesti. Que s'il n'épargne pas une partie, la roue s'arrête etc  Lire la suite
Pâris - 13/10/2016 à 16:47 GMT
Note :  1  0
Top articles
Flux d'Actualités
TOUS
OR
ARGENT
PGM & DIAMANTS
PÉTROLE & GAZ
AUTRES MÉTAUX