J’avais averti mes
lecteurs au début de l’été de la
possibilité que la Fed baisse ses taux. Aussi certain que deux et deux
font quatre, c’est exactement de qui s’est passé, à
la petite différence près que c’est le taux
d’escompte qui a été réduit. Pour ceux d’entre vous qui ont
poussé un soupir de soulagement à l’intervention de la
FEC, reprenez votre souffle parce que nous allons revivre ce scénario
dans le futur et la FED ne pourra pas, cette fois là, arrêter la
crise sans provoquer une sévère inflation. En imaginant pendant un instant
que la FED prenne ce risque, nous aurions probablement comme
conséquence une fuite devant le dollar, immédiatement suivie
par une hausse des taux d’intérets et
une récession inévitable.
Le plus fustrant devant tout cela est de savoir que nous sommes
déjà passés par là. En fait, ce type de crises
financières ont été la plaie de la finance en Grande
Bretagne durant la première partie du XIX° siècle, ce qui,
entre autres, nous a donné la théorie sans fondement de Marx sur
le « cycle économique.
Quiconque
s’intéresse un tant soit peu à l’histoire
économique sait que ce type de crises financières ne se sont
pas arrêtées en 1850.
Malheureusement, peu de gens savent que la même chose
s’est passée durant les années 20, et pour trois raisons
fondamentales, à savoir la croyance que :
-
l’expansion
monétaire n’affecte pas les prix des produits, ou en tout cas
pas de manière significative,
-
le capital est un
tout homogène dont la forme ne peut pas être modifiée par
des changements dans la quantité de monnaie,
-
les banques centrales
peuvent contrôler le taux d’intérêt et donc le
niveau des prix.
Comprendre les
évènements des années 20 revient à comprendre ce
qui se passe aujourd’hui.
Commençons donc avec la crise de 1920-1921, qui a rapidement
été suivie d’une forte expansion économique. En
1923, l’économie américaine traversa une légère
récession, qui s’est poursuivie dans le courant de 1924. Pour
inverser cette tendance, la FED a appuyé sur
l’accélérateur de la croissance monétaire et a
fait croitre celle-ci de 11% entre la mi-1923 et Décembre 1924.
Pendant la même période le taux d’intérêt des
banques à leurs meilleurs clients est tombé de 5% à 3.6%
à New York et le taux d’escompte de la Fed de 4.5 à
3% (il était de 4% en Juin 1922).
Tout ceci ressemble à s’y méprendre à ce
que nous avons connu ces dernières années.
Comme on pouvait
s’y attendre la création monétaire (que l’on
appelle aujourd’hui “liquidité”, quel bel
euphémisme !) a relancé l’activité
économique, ainsi que la bourse; Cependant, les flux d’or se
sont inversés et l’économie américaine a commence
à subir des sorties d’or (ce qui aurait du alerter la FED que
l’inflation progressait, malgré “la stabilité des
prix”).
Malheureusement, les
effets d’une injection de monnaie dans l’économie ont une
fin, et laissent dans leur sillage de véritables
déséquilibres financiers et économiques dont la facture
doit être payée un jour.
En 1926, l’économie a recommencé à
ralentir. Aux Etats-Unis, la masse monétaire était
d’environ 46 milliards de dollars en 1926, le taux
d’intérêt des banques à 4.5% et le taux
d’escompte de la Fed à 4%.
La FED intervint alors,
de manière prévisible et à la façon dont les
banques centrales agissent, et a rouvert le robinet monétaire.
En Juin 1927 la masse
monétaire était d’environ 44 milliards de dollars. En Décembre,
elle avait augmenté de 3.5%, soit une hausse annuelle de 7%. Le taux d’escompte de la FED
était à nouveau redescendu à 3.5%, et le meilleur taux
des banques à New York à 4%. Entre Juin 1927 et Décembre
1928 la masse monétaire a cru d’environ 7%. A compter de ce moment la Banque
Centrale arrêta brutalement toute expansion monétaire ; la masse monétaire décrut
très légèrement jusqu’à Décembre
1929, après quoi une très sévère déflation
eut lieu.
Comment se fait il que
la bourse ait continue à flamber courant 1928 alors que la croissance
monétaire avait été stoppée ? Comme Benjamin M. Anderson l’a
fait remarquer, tant d’argent avait été injecté
dans le système qu’il y en avait encore beaucoup durant
1929. De plus, la hausse des prix
a encouragé l’émission de plus en plus de titres. L’astuce financière
étant ce qu’elle est, des montant
colossaux furent prêtés avec très peu d’argent.
Comme le décrit Fritz Machlup :
« un dollar est capable de créer beaucoup de prêts en
dollars chez les brokers et intermédiaires »((The Stock Market, Credit and Capital Formation, William Hodge and Company, Limited,
1940, p. 122)
La monnaie est au coeur de toutes les crises financières. Toutefois
la monnaie, particulièrement sous la forme d’une expansion du
crédit, est un élément qui n’est jamais
mentionné. Comprendre que
la politique de « pomper des liquidités dans le
système financier » soit la même que celle qui a
causé la crise qu’il convient de réparer est un concept
parfaitement inconnu des économistes modernes et n’entre jamais
dans la pensée collective du commentariat
économique.
Ces sujets ne sont pas
des querelles économiques sur le sexe des anges. Ils sont essentiels
pour notre compréhension de ce qui se passe aujourd’hui.
Gerard Jackson
Brookesnews.com
Gérard Jackson est contributeur à 24hGold.com.
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