Le mercredi 11 juillet, après la victoire des Bleus en demi-finale, notre mamamouchi dédié à l’Économie Bruno Le Maire s’est
félicité de cette victoire, prélude à notre seconde étoile de champions du
monde, en expliquant justement d’ailleurs que « le pays a besoin
d’enthousiasme, de ferveur collective ».
Justement, à propos d’enthousiasme collectif, l’action politique serait
susceptible, avec un grand projet national, de créer cet enthousiasme, cela
devrait même être le sens de l’action politique, mais ce n’est pas de cela
que je voulais vous parler.
Lors de cet entretien, notre Bruno a affirmé que la victoire en finale
serait « bonne pour la croissance » sans pour autant annoncer de
chiffres.
« La croissance économique, ça repose sur de la confiance et une victoire
en Coupe du monde, ça donne de la confiance en soi aux Français, a-t-il
expliqué, concédant que ça ne suffit pas. Mais malgré tout, il y a une part
d’irrationnel dans l’économie qui tient à la confiance en soi, qui tient à
l’envie, qui tient à l’enthousiasme et c’est tout ce que nous apporte cette
Coupe du monde. »
Sauf que notre second titre de champions du monde n’aura aucun impact sur
notre taux de croissance, et guère plus sur le taux de popularité de nos
mamamouchis en dépit de tous leurs efforts pour pavoiser en se pavanant avec
nos Bleus, ce qui fleure tellement la démagogie qu’ils seront
contre-productifs.
La « bulle » éventuelle de popularité se dégonflera bien vite et la bulle
de croissance, elle, n’aura pas lieu.
La grande intox de l’impact de la Coupe du monde sur le PIB
Comme le rappelle à juste titre le magazine Valeurs Actuelles, «
lors de la dernière victoire de la France en 1998, le PIB trimestriel avait
fait un bond de 6 % (grâce à la consommation des ménages), ce qui avait
permis à notre pays de terminer sur une hausse annuelle de 3,6 %. Certes, ce
chiffre est correct, mais rappelons-leur aussi que la France était alors le
pays organisateur de la Coupe du monde (et qu’elle avait dû faire de nombreux
investissements pour accueillir cette manifestation sportive, ce qui avait eu
des conséquences sur le PIB) et surtout apprenons-leur que l’Espagne a
terminé cette année 1998 sur une hausse de sa richesse nationale de 4,3 % » !
En 1998, il y avait nettement plus de croissance dans le monde, la bulle
Internet commençait à avoir des effets positifs sur l’ensemble de l’économie
mondiale.
En gros, la Coupe du monde, c’est bon pour la croissance des ventes
d’écrans plats (+64 % en juin), de pizzas (+50 % les soirs de match), ou
encore de drapeaux tricolores (+100 %), sans oublier la bière, c’est bon la
bière avec un match de foot, hélas, la hausse de la consommation de bière a
un impact assez insignifiant dans la hausse du PIB d’un pays.
Les seuls qui auront gagné réellement de la croissance avec cette Coupe du
monde, ce sont les Russes, qui ont dû faire les investissements nécessaires,
les travaux, bâtir les stades et recruter des milliers de personnes pour
s’occuper des supporters, les loger et les nourrir.
Cela aura donc alimenté l’économie russe.
D’ailleurs, Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez
Ostrum Asset Management, pose la question suivante : « En quoi une victoire,
même dans un sport populaire comme le football, serait susceptible de changer
dans la durée le comportement d’investissement des entreprises, d’améliorer
les gains de productivité ou de changer radicalement l’arbitrage entre
consommation et épargne dans le revenu des ménages ? Si la victoire peut
provoquer une légère inflexion à la hausse, il n’y a aucune raison que cela
provoque une rupture. »
Voilà donc pour le débat éventuel concernant la croissance qui repartirait
à la hausse grâce à la Coupe du monde gagnée.
Il ne se passera rien, et dès le mois de septembre, il faudra bien que
tout le monde retourne vaquer à ses occupations traditionnelles.
Le répit présidentiel, lui, sera de bien courte durée également, même au
bord de la piscine du fort de Brégançon.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend
inévitables les révolutions violentes » (JFK)