L’or et l’argent sont des investissements de temps long. Il n’empêche que
la forte baisse de la semaine dernière a de quoi questionner ? Est-ce
une correction après 6 mois de hausse ou un retour vers une tendance
baissière plus durable. A partir de l’analyse technique et de l’observation
des éléments géopolitiques, nous faisons le point.
Il ne s’agit pas ici de conseils d’investissement mais d’information.
On vous rappelle aussi que les performances passées d’une action ou d’un
cours ne prédéterminent pas ses performances futures.
Cours de l’or : retour vers les supports
« Bonne nouvelle, les cours de l’or et de l’argent
baissent ! » C’est ainsi que débute la chronique hebdomadaire de
notre spécialiste de l’analyse technique Tradosaure.
On imagine dans d’autres lieux des investisseurs plutôt en train d’avaler
leur chapeau devant une telle correction. 4 à 5% de baisse selon les devises
(Euro ou Dollar) en pratiquement 15 jours. Mais pour Tradosaure, c’est un peu
la fête. En effet, il note un retour sur ce qu’il désigne comme des
« zones d’accumulation rationnelles ».
Sa théorie, c’est que les investisseurs ont des comportements moutonniers
et c’est encore plus vrai avec l’usage du trading
électronique, comprendre, l’utilisation de logiciels qui vendent et achètent
à la place des hommes. Donc les programmes informatiques évoluent normalement
entre des résistances et des supports. Ils « vendent » en arrivant
sur les résistances, ils « achètent » sur les supports. Assez
naturellement, les cours montent jusqu’à la résistance, ils se cognent sur
cette barrière et repartent à la baissent jusqu’au support où ils vont
rebondir. Parfois, ils franchissent une limite dans un sens ou dans l’autre,
c’est ainsi que nous avons des tendances haussières ou baissières.
Pourquoi l’or baisse ?
Depuis le mois d’octobre 2018, le cours de l’or était en hausse quasiment
sans résistance, « on a accéléré sans freiner » comme le dit
Tradosaure. Et cela ne pouvait pas durer. Ouf ! Retour sur un support
cette semaine…donc on respire.
Mais tout n’est pas que graphiques et code informatique. Nous
n’évoluons pas encore dans la « Matrice » (enfin on espère). L’or
et l’argent ont des fondamentaux qui sont assez liés aux crises ou risques de
crise. On répète assez souvent ici que l’or est bien
une valeur
refuge. On peut préparer son refuge ou s’y précipiter quand le danger est
là. Comparaison analogique qui nous incite donc à tenter de repérer les
signaux faibles ou les indicateurs annonciateurs d’une crise économique,
sociale ou sociétale.
Trump rassure Wall Street
C’est évidemment Donald Trump, ses actes mais aussi ses déclarations qui
donnent la tendance sur la planète finance. On doit bien l’avouer, Wall
Street est assez fan du Président Américain qui a permis aux indices
boursiers de grimper fort depuis son élection. Et la correction de la fin
2018 est en train tout doucement de s’effacer en ce début 2019.
Premier élément, les investisseurs américains sont persuadés qu’un accord
commercial est conclu avec la Chine. C’était la grosse incertitude de la fin
de l’année. Les Etats-Unis ont finalement décidé de reporter l’augmentation
des droits de douanes sur les produits chinois. On attend sous peu
l’organisation d’un sommet Amérique/Chine.
La Chine tient elle l’Amérique ?
Toute négociation commerciale, surtout avec Donald Trump dans le jeu, est
un rapport de force. On peut donc se dire que le Président américain a lâché
du lest en acceptant le report des droits de douanes supplémentaires. Oui
mais pourquoi ? Certains experts commençaient à remarquer que
l’industrie américaine, revitalisée par le programme America First -baisse
d’impôts, relocalisation- , était quand même « chino-dépendante »
et notamment sur l’usage de certaines matières premières comme les terres
rares. Ces matières indispensables pour l’électronique, l’électro-ménager,
l’informatique, l’automobile notamment sont entre les mains des chinois.
Bref, ce qui passe pour un signe d’apaisement pourrait s’analyser comme une
faiblesse à long terme.
Donald Trump a aussi joué de son influence auprès des investisseurs et
traders de Wall Street pour faire baisser les cours du pétrole. Là aussi, un
petit message public à l’encontre de l’OPEP et hop ! le pétrole baisse.
Fusaq dans l’industrie aurifère
Du côté des mines,
les grandes manœuvres se poursuivent. Le géant Barrick Gold qui avait fusionné
avec l’anglais RandGold vient de proposer une fusion à l’américain Newmont.
Montant de la proposition 17,4 milliards de dollars. Si l’opération se fait,
un nouveau géant de l’industrie aurifère sera créé. Une annonce qui
intervient quelques mois après l’annonce du rachat par Newmont du canadien
GoldCorp. Mais Barrick a assorti son offre d’une clause : Newmont doit
renoncer à son accord avec GoldCorp.
Les mines d’or, un univers impitoyable.