Il est naturel de mesurer les choses avec un étalon familier. Cela
risque néanmoins de donner une vision partielle de la situation. Prenons
l’exemple de l’or. Il est courant de dire que le cours du métal jaune ne
respire pas la forme, malgré la situation économique et géopolitique bancale
que nous connaissons. Pourtant, si nous nous penchons sur le prix de l’or
dans différentes devises, il se trouve à son niveau record, ou à quelques
pour cent de celui-ci, pour 72 d’entre elles.
On ne trouve pas sur la liste l’euro, le franc suisse, la livre
britannique ou le yuan chinois. Mais nous ne sommes pas très loin des plus
hauts historiques pour certaines d’entre elles. Ce n’est qu’en dollars que le
cours de l’or n’est pas folichon, mais cela ne nous concerne qu’à moitié.
Le fait que le cours de l’or soit principalement exprimé en dollars a
masqué le fait qu’à l’échelle mondiale, le métal jaune est en réalité engagé
dans un marché haussier vigoureux. Si ma mémoire est bonne, nous avons
assisté à un phénomène similaire, à savoir une hausse en catimini sur des
devises mineures, juste avant le dernier grand marché haussier de l’or en
dollars de la fin des années 90. Il s’agit peut-être d’un indicateur de ce
qui nous attend.
Utiliser des indicateurs erronés peut également mener à des erreurs de
gestion de notre patrimoine. Si on mesure celui-ci dans notre devise locale,
il se peut que l’on soit satisfait, voire très. Pourtant, le pouvoir d’achat
de notre devise locale évolue constamment, il peut baisser, parfois même
s’effondrer. Il s’agit de l’effet naturel corrosif de l’inflation. Pourtant,
celle-ci a fait l’objet de calculs savants de la part du gouvernement afin de
la minimiser, ce qui fausse le jeu. Il y a pourtant des alternatives.
Aux États-Unis, le Chapwood Index est considéré en tant qu’indicateur
fiable de la véritable augmentation du coût de la vie. De façon simple et
directe, il montre que les revenus n’augmentent pas aussi vite que le prix de
la vie. Il explique donc pourquoi de plus en plus de gens se tournent vers
les aides sociales. Selon le Chapwood Index, les Américains ont perdu chaque
année environ 10 % de leur patrimoine depuis 2014. Selon les chiffres du
gouvernement, cette baisse ne serait que de 1,9 %. Ronald Reagan avait
qualifié l’inflation de « voleur nocturne ». Elle est
parfaite pour l’époque que nous vivons : elle nous fait croire que nous
sommes encore riches (via des valeurs nominales élevées) alors qu’elle érode
en fait la valeur réelle de notre patrimoine et notre pouvoir d’achat.
Il est intéressant de noter que l’or a globalement affiché une hausse
composée d’environ 10 % depuis 2000, soit de quoi compenser ces pertes
engendrées par l’inflation. Ce qui nous porte à croire que l’or est l’étalon
idéal pour mesurer les coûts, et donc la valeur, d’un patrimoine. En bref, le
métal jaune conserve sa parité de pouvoir d’achat, comme disent les
économistes, et ce, depuis des millénaires. Il s’agit d’un indicateur très
fiable, ce qui signifie également qu’il est intéressant d’en posséder,
surtout si vous craignez l’érosion de votre patrimoine par l’inflation. De
nombreuses crises commencent par une inflation furtive. Et quand elle se
manifeste réellement, il est déjà trop tard.
Liste des devises
Source : Zero Hedge