Les investisseurs peuvent-ils vraiment se tromper à ce point ? Le risque
mondial est aujourd'hui plus grand que jamais et pourtant, la majorité
des investisseurs ne laissent entrevoir aucune crainte. Tellement de
catalyseurs sont susceptibles de transformer les rêves
de l'économie mondiale en cauchemar éveillé qu'il est impossible de
prévoir d'où cela viendra. Il pourrait s'agir d'un effondrement de la
dette au Japon, en Chine, aux États-Unis, dans la zone euro ou dans les
marchés émergents. Ou d'un effondrement de la monnaie dans l'une de ces
régions. Ou alors d'un effondrement du marché boursier. Ou bien...
Plusieurs marchés boursiers atteignent des sommets historiques. Mais
il n'y a ni peur, ni correction importante. Toute légère baisse est une
opportunité d'achat. Le S&P a été multiplié par 4 depuis 2009, mais cela
ne rend pas les investisseurs nerveux. Que les marchés aient été alimentés
par une expansion dangereuse et insoutenable du crédit ne les inquiète
pas. Le fait que la dette mondiale ait doublé depuis 2006 non plus.
LE CHANGEMENT COMMENCE en PÉRIPHÉRIE
Mais le changement commence en périphérie, où très peu de gens regardent.
En Chine, l'indice Composite de la bourse de Shanghai a baissé de 23 %
depuis janvier. Au Brésil, l'indice Bovespa a perdu 17% cette
année. En Turquie, la bourse d'Istanbul a chuté de 20%.
Il est important de comprendre que les principaux marchés sont
vulnérables, que ce soit au Japon, en Allemagne ou aux États-Unis.
Fondamentalement, la plupart des marchés sont surévalués grâce aux injections
de liquidités des banques centrales. Techniquement, nous ne sommes pas
loin d'un krach. Bien qu'un dernier tour de piste soit
possible, tous les marchés semblent avoir atteint leur sommet, y
compris aux États-Unis, et nous assisterons à des chutes majeures au
cours de l'année 2018. Une fois que les marchés baissiers débuteront,
la tendance séculaire durera de nombreuses années, entraînant
des corrections de 75 à 95 %. Cela semble
inimaginable pour la plupart des investisseurs, mais personne en
1929 ne croyait que le Dow chuterait de 90% dans les années suivantes et
qu'il lui faudrait 25 ans pour se redresser.
LA PROSPÉRITÉ construite SUR LA DETTE EST DE COURTE DURÉE
Le monde de l'investissement a été bercé dans un état permanent de
sécurité et d'euphorie. Difficile de nier que les banques centrales et
les gouvernements ont fait preuve d'habileté à mentir. Pourquoi
quelqu'un protesterait-il, alors que les riches deviennent incroyablement
riches et que beaucoup d'occidentaux 'lambdas' ont un niveau de vie plus
élevé que jamais. Très peu de personnes réalisent que leur prospérité
repose sur la dette personnelle et que leur gouvernement emprunte plus que
jamais. Ils ne comprennent pas non plus qu'ils sont responsables de cette
dette qu'ils ne pourront jamais rembourser.
Ils se retrouveront seuls quand la dette implosera et qu'ils perdront leur
emploi. Parce qu'à ce moment-là, l'État sera à court d'argent et il n'y aura
pas de sécurité sociale ou d'allocations de chômage. Les retraités ne
toucheront pas de pension, car les fonds de retraite passeront d'une
situation de sous-capitalisation extrême à une situation de
sous-capitalisation totale.
LA DETTE AMÉRICAINE DOUBLE TOUS LES 8 ANS - 40 000 milliards $ EN 2025
Quand Trump a été élu en novembre 2016, je disais que la dette américaine
continuerait à doubler tous les 8 ans en moyenne, comme
toujours depuis les années Reagan. Cela équivaudrait à une dette de 28
000 milliards $ d'ici 2021 et de 40 000 milliards $ d'ici 2025.
D'après les prévisions actuelles, il semble que la dette n'atteindra
"que" 25 000 milliards en 2021.
Mais comme les recettes fiscales diminuent et les dépenses
augmentent, je ne serais pas surpris que la dette atteigne 28 000
milliards $ en 2021. La dette américaine approcherait les 40 000
milliards $ en 2025. Cela signifierait un doublement de la dette par
rapport à 2017, ce qui correspond à la tendance historique d'une
augmentation de 100 % tous les 8 ans.
LES FRAIS D'INTÉRÊT DÉPASSERONT LES RECETTES FISCALES
Une dette de 40 000 milliards $ en 2025 serait déjà grave, mais la
situation risque d'empirer. Avec l'explosion de la dette, la Fed perdra le
contrôle des taux d'intérêt, alors que les investisseurs étrangers se
débarrasseront des obligations américaines. Un taux de 10 % à ce moment-là ne
serait pas irréaliste. Cela entraînerait une facture d'intérêts de 4 000
milliards $ par an (10% sur 40T). Les coûts d'intérêt seraient donc
probablement plus élevés que les recettes fiscales totales.
Les États-Unis sont sur le point de connaître une explosion
du déficit et de la dette d'une ampleur catastrophique. Cette prévision
ne tient pas compte des problèmes majeurs dans le système financier,
qui mènent à l'impression d'argent supplémentaire ainsi qu'à l'effondrement
du dollar.
BIEN PIRE QUE L'EUROPE
Les États-Unis sont la plus grande menace pour l'économie mondiale, mais
tout les yeux sont braqués vers l'UE. Effectivement, il y a des
problèmes majeurs en Grèce, en Italie, en Espagne et d'autres pays, ainsi que
dans le système bancaire européen. Mais le contrôle budgétaire
de l'UE est beaucoup plus rigoureux qu'aux États-Unis. Le graphique
ci-dessous compare l'austérité budgétaire de la zone euro à
la prodigalité budgétaire américaine.
Alors que le déficit américain devrait se maintenir aux alentours de 5 %
du PIB, celui de la zone euro est inférieure ou égale à 1%. Il y a un
consensus sur le fait que de nombreux pays de la zone euro sont une
situation désespérée. Très peu de gens voient les États-Unis comme un
cas perdu. Mais sans véritable excédent budgétaire depuis 1960,
l'hégémonie financière et militaire des États-Unis prendra fin
brutalement, d'autant plus que les déficits devraient encore augmenter au
cours des prochaines années.
Alors que les monnaies continuent leur course vers le bas, (voir l'article de la semaine dernière), le dollar
américain est susceptible d'atteindre zéro avant l'euro. Mais peu
importe qui remportera cette course où tout le monde est perdant.
DEUTSCHE BANK - LE PROCHAIN LEHMAN
Un autre catalyseur potentiel pourrait être l'une des plus grandes banques
du monde, dont le bilan et le cours des actions sont extrêmement inquiétants.
Deutsche Bank (DB) a chuté de 90% depuis 2007. Le graphique ressemble
beaucoup à celui de Lehman en 2008, juste avant son effondrement.
Le marché voit clairement ce qu'il se prépare. Le cours de l'action a
besoin de baisser d'encore 10% pour atteindre zéro. Personne ne
croit que DB vaut la valeur de l'action, étant donné que la
capitalisation boursière ne représente que 28% des fonds propres. Une
perte de 4,6% sur le portefeuille de prêts de DB ou une perte de 0,1% sur le
portefeuille de dérivés anéantirait totalement les capitaux propres. Il est
très probable que ces deux événements auront lieu au cours des prochaines
années.
> VIDÉO : Le niveau alarmant des réserves de sécurité de la Deutsche
Bank
Les statistiques de DEUTSCHE BANK sont effrayantes :
Puisque Deutsche Bank fait pratiquement partie de l'establishment,
le gouvernement allemand fera tout son possible pour sauver la banque.
Mais comment sauver une banque dont le bilan représente 50% du PIB
allemand et dont l'exposition aux produits dérivés est 14 fois supérieure au
PIB ? Ils ne peuvent pas, mais ils vont probablement essayer. Les
conséquences sont claires : Bienvenue à Weimar II et son impression
monétaire illimitée.
Mais ne croyez pas que DB est la seule banque en difficulté. JP
Morgan, par exemple, a 50 000 milliards en produits dérivés, soit 2,5
fois le PIB américain. Et le système bancaire suisse pèse 5
fois plus lourd que PIB suisse, pour n'en citer que quelques-uns.
Le système bancaire à réserves fractionnaires arrive
bientôt à son terme, dans le plus grand fracas. Détenir de l'or physique
semble être une excellente idée !
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