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Faits et méfaits économiques (complété...).

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Publié le 22 septembre 2018
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Rubrique : Editoriaux

I. Six questions économiques.

M'accorderez-vous ;

1- que les "prix en monnaie observés" des marchandises sont un fait ?

2- qu'au premier regard, les "quantités de choses, de biens, d'objets matériels ou de marchandises, échangées", sont un fait ?

3- qu'on peut chercher à établir, de façon abstraite, des "relations" constantes entre les uns et les autres, depuis au moins Antoine Augustin Cournot (1838), et y parvenir, c'est la "théorie de l'équilibre économique général" ?

4- qu'a fortiori, des faits ne sautent pas aux yeux comme les "services", le "travail", l'"information" (ou leurs "quantités" respectives...) que je n'ai d'ailleurs pas introduits dans ce qui précède ?

5- qu'on transforme ces hypothèses supposées démontrées en faits alors qu'elles sont axiomes ou postulats ?

6- que tout se complique dès qu'on veut "entrer" à tort dans les faits et qu'on veut les expliquer, oubliant les axiomes ou postulats qu'ils sont ?

Mais, soit dit en passant, "pourquoi séparer le fait 'prix en monnaie observés' et le fait 'quantités de choses, etc.' ?" me direz-vous.

A cause de déductions tirées des "relations hypothétiques" de la troisième question prises pour des faits, qui amèneraient à le faire ?

C'est essentiellement la démarche de la théorie microéconomique qui fait feu de tout bois des mathématiques et du psychologisme.

Pis, pourquoi, à défaut du fait "prix en monnaie observés", le prix en monnaie hypothétique est souvent exclu des théories économiques ?

Il est aussi supposé y exister mais n'y pas varier à cause des hypothèses de la concurrence ou des réglementations...

Si vous me l'accordez, vous devrez alors admettre que toutes ces questions de nature différente doivent recevoir, chacune, une réponse par priorité.

II. La question méthodologique.

Reste que ces questions ne doivent pas en cacher d'autres, tout aussi importantes.

L'une d'elles me semble essentielle :

7- Pourquoi le raisonnement économique officiel, "mainstream", met-il de côté les actions menées par vous et moi pour préférer mettre l'accent sur des résultats observés et mesurés de certaines de ces actions ou tout simplement imaginés depuis au moins Vilfredo Pareto (1896-97)?

"3. Notre étude a pour objet les phénomènes qui résultent des actions que font les hommes pour se procurer les choses dont ils tirent la satisfaction de leurs besoins ou leurs désirs.

Il nous faut donc

- d'abord examiner la nature des rapports entre les choses et la satisfaction de ces besoins ou de ces désirs, et

- tâcher ensuite de découvrir les lois des phénomènes qui ont précisément ces rapports pour cause principale."

Exemplaire est le mal économique qui résulte de la démarche, véritable fait, que cache la question (cf. figure ci-dessous):

                                         Figure

Source : Robert Boyer, 2005, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00587700/document

La "théorie de l'équilibre économique général" et la "théorie des jeux" que Boyer a mis en perspective dans son article, ne sont pas des faits, mais des constructions de l'esprit humain.

La "théorie de l'équilibre économique général" est un ensemble d'hypothèses essentiellement mathématiques.

Faut-il rappeler qu'en 1975 Edmond Malinvaud écrivait:

… "Jusque vers 1950, on pouvait objecter aux théories de l'équilibre et de l'optimum de négliger ainsi un aspect fondamental du monde dans lequel nous vivons.

Il était alors difficile de savoir dans quelle mesure l'hypothèse simplificatrice d'absence d'incertitude affectait la portée des résultats obtenus.

Grâce aux progrès récents de la théorie des décisions en face du risque cette importante lacune a pu être comblée en grande partie". (Malinvaud, 1975, p.287)

[dans Malinvaud, E. (1975), Leçons de théorie microéconomique, Dunod (coll. statistique et programmes économiques), nouvelle édition, Paris].

La "théorie des jeux", plus récente (décennie 1940), qui n'est jamais qu'une généralisation de cette théorie de la décision face au risque, l'est tout autant même si elle tend à faire croire, à tort, qu'elle traite des actions économiques de vous et moi.

Boyer a résumé son texte sur la remise en question des lois économiques au cœur du mal, et non pas sur des faits, en ces mots:

Après avoir souligné la diversité des définitions et conceptions des lois en économie, l’article montre comment les progrès même de l’analyse économique ont conduit à relativiser l’existence de telles lois.

Il n’a pas été possible de généraliser la théorie de l’équilibre général et le remarquable développement des méthodes économétriques et banques de données, n’a pas permis, jusqu’à présent, de mettre à jour des régularités traversant le temps et l’espace.

C’est à cette même conclusion qu’aboutissent les recherches régulationnistes sur les régimes de croissance.

D’une part, on peut mettre en évidence une significative diversité des configurations institutionnelles, alors que,

d’autre part, le succès d’un régime conduit à sa déstabilisation, donc à la disparition des régularités antérieures.

Ainsi, variété des formes du lien social et irréductibilité du temps historique au temps du projet conduisent à relativiser le concept de loi en économie.

Nous sommes en pleine abstraction, largement mathématique.

La remise en question des lois économiques à quoi il a procédé est mathématique.

Les concepts d’action ou d’échange de vous et moi sont tout simplement déformés, déguisés, dénaturés, dévoyés, falsifiés (sigle "D.D.D.D.F.").

L’action ou l'échange ne saurait se définir autrement qu’en termes de coût d’opportunité et de profit attendu avec incertitude par qui la mène.

Une action ou échange à profit certain ou à coût autre qu’un coût d’opportunité est une action "D.D.D.D.F." (ou, si on préfère, "4D.F.")

Les concepts d'action et d'échange sont "4D.F." depuis essentiellement la décennie 1940 du fait des premiers économistes de la « théorie des jeux » ou des disciples de T. Koopmans dont Edmond Malinvaud (1954) rendait compte dans le livre intitulé Activity Analysis of Production and Allocation (Proceedings of a Conference, New York), John Wiley and Sons, (Cowles Commission, Monograph no 13), 1951,  en ces termes :

… Le livre est une œuvre collective qui rassemble vingt-cinq contributions différentes présentées à une conférence réunie en 1949 pour l'étude spé­ciale de [plusieurs] questions.

Il ne vise donc pas à fournir un exposé systé­matique. »

Très précisément :

… La méthode d’approche consiste à définir dans chaque cas un nombre restreint d’activités élémentaires susceptibles de représenter correctement les conditions techniques du problème.

Une activité élémentaire est caractérisée par la transformation de certains facteurs en certains produits, les quantités des uns et des autres se trouvant dans des proportions bien définies

Si on multiplie par deux les quantités de tous les facteurs, alors on obtiendra nécessairement deux fois plus de tous les produits […]

Une particularité frappera le lecteur dès le premier abord; c'est le formalisme mathématique de cet ouvrage.

Même pour des économistes doués d'une bonne culture mathématique, la lecture peut s'en avérer très difficile.

En effet, lès auteurs utilisent des concepts pris davantage dans la théorie des ensembles et des matrices que dans l'analyse différentielle classique.

A vrai dire, ce n'est pas la première fois que des économistes font appel à ces nouvelles méthodes de déduction.

L'emploi des mathématiques moder­nes pour l'étude économique remonte aux années 1930 à 1937, période durant laquelle un groupe de chercheurs d'origines allemande et autri­chienne étudia de façon rigoureuse les questions posées par l'existence de l'équilibre économique général.

Malheureusement, leurs travaux passèrent à peu près inaperçus à l'époque et furent seulement découverts après le succès de la « Théorie des Jeux ».

Aujourd'hui, on en vient de plus en plus à penser

- que les mathématiques modernes sont mieux adaptées que l'analyse classique à la nature logique des problèmes économiques géné­raux, et

- qu'elles sont appelées à des applications de plus en plus nom­breuses dans notre science. »

Boyer n'a pas expliqué des faits économiques, ceux-ci sont, tout simplement, ignorés, laissés de côté, cachés par des axiomes ou postulats.

Exemplaire est la fameuse "asymétrie des informations" sur quoi j'aurai l'occasion de revenir dans un prochain billet (pour compléter ce billet de décembre 2002). 

III. Méfaits et faits.

Nos prétendus savants restent coincés dans les méfaits de Walras selon qui, dans son ouvrage intitulé Eléments d'économie pure:

… "il y a une économie politique pure qui doit précéder l'économie politique appliquée, et

cette économie politique pure est une science tout à fait semblable aux sciences physico-mathématiques.

Cette assertion est neuve et paraitra singulière [...]

 Si l'économie politique pure, ou la théorie de la valeur d'échange et de l'échange, c'est-à-dire la théorie de la richesse sociale considérée en elle-même, est, comme la mécanique, comme l'hydraulique, une science physico-mathématique, elle ne doit pas craindre d'employer la méthode et le langage des mathématiques.

La méthode mathématique n'est pas la méthode expérimentale, c'est la méthode rationnelle." (Walras, 1900, p.29)

Permettez moi de rappeler un extrait de mon billet d'août 2012 sur la raison du refus de l'analogie entre l'économie politique et, non pas les mathématiques, mais la physique, que donnait en 1939 Friedrich von Hayek (1899-1992), il s'y applique tout autant :

… "Dans les sciences sociales, toutefois, la situation est exactement l'inverse. 

D'une part, l'expérimentation est impossible : nous ne pouvons donc connaître des règles définies dans le phénomène complexe comme dans les sciences naturelles.

D'autre part, la situation de l'homme à mi chemin entre les phénomènes naturels et les phénomènes sociaux - dont il est l'effet en ce qui concerne les premiers, et la cause, en ce qui concerne les seconds - prouve que les faits essentiels de base dont nous avons besoin pour l'explication du phénomène social participent de l'expérience commune et de la matière de nos pensées.

Dans les sciences sociales, ce sont les éléments des phénomènes complexes qui sont connus, sans aucune contestation possible [...]

Or l'existence de ces éléments est tellement plus certaine que l'existence des règles quelconques dans le phénomène complexe auquel ils donnent naissance, que ce sont eux qui constituent le vrai facteur empirique dans les sciences sociales. [...]

dans les sciences sociales, [le processus de déduction] part directement d'éléments empiriques connus et les utilise à la découverte des règles dans les phénomènes complexes que l'observation directe ne peut établir".

Tels sont les faits économiques.

 

 

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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