La banque centrale suisse
possède désormais plus d’actions cotées en bourse de Facebook que Mark
Zuckerberg lui-même, en raison de son récent gonflement de son portefeuille d’actions,
qui devrait encore se poursuivre.
Mais le géant de la technologie
et directeur de Facebook a d’autres moyens de contrôler sa société :
Zuckerberg possède une majorité de ses parts dans une différente classe d’actifs.
Il n’en est pas moins que cet exemple illustre la manière dont la Banque
nationale suisse a pu investir plusieurs milliards de dollars sur les actions
dans le cadre de sa campagne de maintien du franc suisse à la baisse.
Elle est désormais le huitième
plus gros investisseur public, comme le montrent les chiffres publiés par l’Official
Monetary and Financial Institutions Forum. Bien que de nombreux analystes
pensent sa stratégie solide, ces achats exposent la banque centrale suisse à
des risques liés au marché boursiers que la BCE et la Réserve fédérale ont
tendance à éviter.
« La Banque nationale
suisse se retrouve coincée, elle a acheté de grandes quantités de devises
étrangères dans ses efforts d’affaiblir le franc, et doit maintenant les
investir quelque part, » a expliqué Alessandro Bee, économiste chez UBS.
« Le marché des obligations s’assèche, c’est pourquoi elle se tourne
maintenant vers les actions. »
Les bilans de la banque centrale
suisse sont proportionnellement les plus larges parmi ceux de toutes les
banques centrales majeures. Son portefeuille d’actions a aussi augmenté à un rythme
deux fois plus rapide que le reste de ses bilans.
Au cours de ces douze derniers
mois, les réserves d’actions de la banque centrale suisse ont augmenté de 41%
pour atteindre environ 127 milliards de francs, selon les calculs de Reuters.
Cette hausse est partiellement due à la hausse de la valeur des actions ces
derniers mois, mais est aussi liée aux nouveaux achats de la banque.
La Banque nationale suisse a
également diversifié ses investissements au travers des marchés boursiers.
Les Etats-Unis sont son marché de prédilection, et ses réserves sur Wall
Street sont récemment passées à près de 62 milliards de dollars à la fin
juin, contre 38,6 milliards l’année précédente, comme le montre un document
de la SEC.
La Banque nationale suisse a
accru son investissement sur ses dix sociétés américaines depuis le début de l’année,
alors même que de gros investisseurs réduisaient une partie des leurs. Les
investissements de la banque sur Apple ont augmenté d’1,07 million d’actions
au second trimestre, alors qu’Invesco vendait 9,53 millions de ses actions et
que Fidelity se débarrassait de 9,23 millions des siennes.
Des francs à partir de rien
La Banque nationale suisse n’a
pas souhaité commenter quant aux détails de sa stratégie, mais a déclaré ne
pas sélectionner d’actions individuelles, et plutôt se pencher sur certaines
sociétés dépendamment de leur poids sur divers indices.
« La banque centrale suisse
crée des francs à partir de rien, » a expliqué James Grant, éditeur de Grant’s
Interest Rate Observer, un journal financier américain.