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La crise financière et les théories économiques de la seconde scolastique espagnole

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Publié le 28 octobre 2011
715 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

La crise économique que nous traversons a diverses sources. Une des plus importantes est sans doute l’abandon progressif, au cours du XXe siècle, de l’étalon-or. Les banques centrales ont ainsi pu créer de la monnaie-fiat – à savoir une monnaie fictive indexée sur rien – à outrance, permettant, de la sorte, aux gouvernements de dépenser plus que jamais sans se soucier du niveau de plus en plus élevé des prix.


La première alerte contre les velléités gouvernementales de manipulation de la valeur des monnaies remonte à un courant relativement méconnu en France : la seconde scolastique espagnole (XVIe-XVIIe siècles) dont un des principaux représentants est Juan de Mariana. Nous passerons sur les idées juridico-politiques de ce dernier pour nous consacrer pleinement à son apport à la pensée économique, surtout en matière monétaire, lequel apport n’a pas pris une ride et est, au contraire, plus actuel que jamais au vu de la présente crise.


Ainsi, Mariana craignait, déjà, à son époque, que le roi obtienne un revenu fiscal en diminuant la teneur en métal précieux des pièces de monnaie, c’est-à-dire en manipulant à sa guise la valeur de celle-ci. Ce jésuite[1] comprit les risques d’inflation monétaire et, à terme, de hausse des prix, qui en résulteraient : « si la monnaie décroche de la valeur légale, toutes les marchandises augmentent inévitablement dans la proportion même où la monnaie est tombée, et tous les comptes deviennent faux. ». Il développera ensuite son idée de façon plus limpide : « C’est une folie de vouloir séparer ces valeurs de telle manière que le prix légal diffère du prix naturel. Ce n’est pas seulement de la folie, c’est de la méchanceté, de la part du gouvernement qui ordonne qu’une chose que le public évalue – mettons – à cinq soit vendue à dix. Les hommes sont guidés en ces matières par l’estimation commune fondée sur la considération de la qualité des biens en question, de leur abondance ou de leur rareté. Il est vain pour le Prince de chercher à saper ces principes du commerce. Il vaut mieux les laisser intouchés que de les violenter au détriment du public. ».


La bulle immobilière, aux États-Unis, est un exemple-type de ce que décrivait Mariana : en effet, les prix de l’immobilier ont été « trafiqués » et surtout rehaussés, pendant un temps assez long, par la politique monétaire de la FED (banque centrale américaine), laquelle a succombé aux charmes apparents de la « planche à billets ».


Séduits par cette illusion que le marché de l’immobilier pouvait être extrêmement rémunérateur, de nombreux citoyens des États-Unis ont voulu en profiter, démentant au passage que l’idée selon laquelle seule une économie de marché non régulée permet l’émergence de spéculateurs : on voit, au contraire, que c’est la politique de la banque centrale qui a, en l’espèce, fait venir tant de d’« apprentis spéculateurs » dans le secteur immobilier. Et ces derniers n’ont malheureusement pas anticipé les revirements de politique monétaire de la FED et le fait que cette hausse frénétique ne pouvait pas se prolonger indéfiniment. De nombreux investisseurs se sont alors retrouvés ruinés quand ladite FED a relevé ses taux.


Ceux qui veulent en savoir plus sur les questions monétaires et sur ces économistes espagnols de la Renaissance pourront consulter à profit l’ouvrage de Jesús Huerta de Soto, traduit en français cette année, intitulé Monnaie, crédit bancaire et cycles économiques. Dans cette œuvre, le lecteur francophone pourra découvrir l’existence de Martín d’Azpilcueta, théologien de l’École de Salamanque, qui popularisa le lien entre augmentation des prix et accroissement de l’offre monétaire.


La lecture des travaux des penseurs de cette prestigieuse École demeure toujours d’actualité puisque, plusieurs siècles plus tard, ils offrent encore des outils de compréhension des mécanismes de l’économie.


 

 





[1] Au passage, le fait que les penseurs de la seconde scolastique espagnole soient catholiques remet en cause la thèse de Max Weber selon laquelle le socle théorique de la liberté économique en Europe provient du protestantisme. Nous savions déjà, depuis Fernand Braudel, que le capitalisme avait pris son essor dans certaines cités marchandes comme Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam… bien avant la naissance de la religion protestante. Nous découvrons désormais que les jésuites catholiques de la Renaissance ont forgé des outils théoriques économiques qui serviront de travaux de base à l’économie autrichienne.

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