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Les
tendances à long terme des lois fondamentales que sont l’offre
et la demande laissent paraître un avenir potentiellement explosif pour
le marché de l’or. En effet, l’offre stagne et tend
généralement à diminuer dans le même temps que la
demande globale, banques centrales et investisseurs confondus, ne cesse de
croître. Il est également important de noter que les dynamiques
politiques, financières et économiques responsables de
l’augmentation de la demande globale en or ne semblent pas encore, pour
les raisons que nous aborderons ci-dessous, sur le point de se retourner.
Jusqu’à aujourd’hui, le marché haussier de
l’or a été influencé par la combinaison de la
demande des investisseurs privés et de celle des investisseurs
institutionnels. Bien que ces deux types d’investisseurs soient
distincts, l’arrivée sur le marché de l’or de
banques centrales de pays en développement - telles que celle de la
Chine, de la Russie, de l’Arabie Saoudite, de l’Inde, du Mexique
et du Brésil - a apporté une dimension nouvelle au
marché haussier du métal jaune.
La
demande d’investissement fluctue en fonction de la conjoncture
économique, de l’évolution des marchés financiers,
et en fonction du prix de l’or. En conséquence, la demande en
investissement est généralement aperçue comme un aspect
irrégulier de la demande globale. La demande des banques centrales est
bien plus ancrée dans le domaine politique, dans la mesure où
elle est liée à la sécurité et à la
préservation de la valeur des réserves nationales. Les
politiques des banques centrales tendent à se jouer sur plusieurs
années, voire plusieurs décennies. En conséquence, toute
modification de la perception de l’or par les banques centrales est en
mesure d’avoir un impact profond et de très long terme sur le
marché – pour dire les choses simplement, la nature constante de
la demande des banques centrales est capable de placer des planchers sous le
prix de l’or (comme par exemple à la fin 2011, lorsque le prix
de l’or chutait après avoir atteint un nouveau record historique
d’environ 1900 dollars par once, la banque centrale Chinoise a
décidé d’acheter des quantités
considérables de métal physique). L’année 2011
– durant laquelle les banques centrales sont, pour la première
fois depuis des décennies, apparues en tant qu’acheteurs
d’or nets – marque donc un tournant important pour le
marché de l’or.
La
Chine est actuellement l’acteur principal du marché de
l’or. En tant que plus important producteur et plus important
consommateur d’or de la planète, elle joue un rôle
fondamental tant pour l’offre que pour la demande sur ce marché.
Il va sans dire qu’il est nécessaire à tout acheteur
d’or de bien comprendre la manière dont la Chine
appréhende l’or. Une attitude ‘favorable’ de la part
de son plus important consommateur et producteur ne pourra être que
bénéfique à l’or. Au contraire, une attitude
négative et dédaigneuse ne ferait qu’agir à son
détriment. La banque centrale et le gouvernement Chinois
aperçoivent l’or comme étant une protection face à
la dévaluation de leurs réserves de dollars ainsi que de toute
autre devise du monde Occidental. De nombreuses personnes, qu’elles
soient membres de l’académie, travaillent pour le gouvernement,
ou soient fonctionnaires de la Banque Populaire de Chine, ont depuis
longtemps souligné le risque représenté par les
réserves de devises étrangères et l’importance de
l’or en tant que protection financière. La Banque Populaire de
Chine a pour objectif d’accumuler plus de 4000 tonnes d’or. A
l’heure actuelle, elle en possède déjà 1200. Une
telle attitude de la part de la banque centrale du pays affecte fortement
l’offre sur le marché de l’or, dans la mesure où
elle laisse supposer que la Chine continuera encore quelques temps de
‘domestiquer’ sa production intérieure afin
d’alimenter ses réserves nationales. Pour ce qui concerne le
domaine de la demande, les Chinois se sont depuis longtemps prouvés
être des acheteurs potentiels pour toute quantité d’or
disponible sur le marché – et ce quelle qu’en soit la
source. En effet, certains rapports ont récemment fait état du
lancement par la Chine, dans le cadre de son plan de diversifications de
réserves, d’un programme de rachat direct de l’or produit
par les compagnies minières du monde. Ambrose Evans-Pritchard,
journaliste pour le journal Londonien The Telegraph, mentionnait ce projet
dans un récent article, et prévoit à ce que les
réserves d’or de la Chine dépassent celles des Etats-Unis
(8000 tonnes) et de la zone Euro (11000 tonnes) d’ici les cinq
prochaines années.
Cette
attitude favorable à l’or est désormais ancrée
à la politique monétaire de la Chine, et continuera
d’influencer l’offre et la demande sur le marché au cours
des années à venir. Elle poussera certainement d’autres
nations, telles que la Russie, cinquième plus important producteur
d’or du monde, à suivre son exemple. L’Afrique du Sud,
quatrième plus important producteur d’or du monde, utilise de
plus en plus le renminbi Chinois au détriment du dollar pour mener
à bien ses transactions internationales. Combien de temps faudra-t-il
attendre pour qu’elle se tourne vers des politiques monétaires similaires
à celles de la Chine ? A elles seules, la Chine, la Russie et
l’Afrique du Sud représentent 28% de la production annuelle de
métal jaune.
2011 : les banques centrales
redeviennent des acheteuses d’or
Atteignant
aujourd’hui la fin du premier quart de l’année 2012, nous
pouvons nous permettre d’observer les évènements de 2011
avec un peu plus de perspective. Si j’avais à classer les
évènements de 2011 par ordre d’importance pour ce qui
concerne le marché de l’or, le passage des banques centrales au
rang d’acheteuses d’or occuperait certainement la première
position. En deuxième position, je placerai sans doute
l’augmentation de la demande en barres et pièces d’or des
investisseurs privés. Non seulement ces changements comportementaux
sont importants, les quantités d’or qu’ils
représentent sont saisissantes. Il y a dix ans, en 2002, les banques
centrales vendaient 545 tonnes d’or. En 2005, leurs ventes atteignaient
662 tonnes. Cinq ans plus tard, en 2010, ces ventes ne s’élevaient
plus qu’à 77 tonnes. En 2011, les banques centrales achetaient
440 tonnes d’or – soit un changement de plus de 1000 tonnes de
2002 à 2011. En d’autres termes, les banques centrales se sont
à nouveau tournées vers la propriété d’or
en 2011, et ce de manière radicale. La disponibilité physique,
plus encore que les niveaux de prix, semble être la raison principale
pour laquelle les banques centrales n’achètent pas de volumes
d’or plus importants, et que de plus en plus de dollars viennent
encombrer les réserves des nations privilégiant
l’économie d’exportation.
L’évolution
de l’investissement privé en barres et pièces d’or
est également à couper le souffle. En 2002, les investisseurs
achetaient 373 tonnes de lingots et pièces d’or. En 2005, après
l’apparition des premières ETF, la demande en or (lingots,
pièces et ETF) passait à 620 tonnes. Depuis lors, la demande en
investissement privé n’a fait qu’augmenter,
jusqu’à atteindre 1196 tonnes en 2008, et 1641 tonnes en 2011.
Il est intéressant de noter que la demande en ETF n’a fait que
diminuer depuis 2009, dans le même temps que la demande en or physique
n’a cessé d’augmenter – ce qui est en une certaine
mesure dû au fait que de nombreux propriétaires de hedge funds tels que John Paulson se soient tournés vers
l’investissement en métal physique au détriment des ETF.
La
combinaison de la forte demande du secteur institutionnel et de la demande globale
en investissement pourrait bientôt propulser le marché de
l’or vers une nouvelle phase haussière de long terme, et pousser
son prix au-delà de son record historique de 1895 dollars
l’once. Notre monde financier a subi de profonds changements à
la suite de l’effondrement économique de 2008, ce qui a
poussé de plus en plus d’investisseurs privés, de
responsables de fonds, de fonds souverains et de banques centrales à
se tourner vers l’or en tant que protection financière.
Le marché haussier de l’or
n’est pas né en période d’inflation
Gardons
à l’esprit que la première augmentation du prix de
l’or est apparue alors que l’économie était encore
en phase désinflationniste – ce qui, au passage, a surpris de
nombreux analystes. Un rapide coup d’œil à l’Histoire
vous permettra d’observer que jamais un marché haussier de
l’or n’a été la conséquence d’une
inflation. Le fait que les banques centrales des pays industrialisés
que sont les Etats-Unis, l’Europe, le Japon et l’Angleterre se
tournent actuellement vers de nouvelles politiques de quantitative easing – c’est-à-dire
l’impression monétaire – pousse de nombreuses personnes
à penser que le prochain marché haussier de l’or pourrait
se développer en période inflationniste. Si c’était
le cas, ces quelques prochaines années se prouveront être pour
le moins intéressantes pour les propriétaires d’or. Comme
l’expliquent les écoles monétaristes, il faut
généralement trois à cinq ans pour qu’une
inflation monétaire se traduise par une inflation des prix. Aux
Etats-Unis, la première vague de quantitative easing
fut lancée en 2009 et prit fin mi-2011. Selon les dires, une autre
vague de quantitative easing serait actuellement
dans les tuyaux.
Sur
le court terme, un certain nombre de facteurs sont en mesure
d’influencer le prix de l’or – depuis les activités
des traders, banques centrales et banques commerciales, jusqu’à
l’évolution des programmes informatiques responsables de
générer plusieurs milliers d’opérations
commerciales en un battement de cils. Sur le long terme en revanche, ce sont
les activités des acheteurs et vendeurs d’or qui influenceront
le prix du métal. Les motivations des acheteurs de métal
physique – ainsi que les motivations des vendeurs–
détermineront l’avenir du prix de l’or. Bien que les
magiciens du marché puissent le manipuler à leur guise
grâce aux instruments papiers dont ils disposent, ils ne peuvent
influencer l’apparition d’un marché haussier ou d’un
marché baissier sur le long terme. C’est pourquoi ceux qui
possèdent du métal physique ont jusqu’à
présent été les seuls à profiter
réellement des phases de marché haussier, et continueront
d’en bénéficier au cours des années à
venir.
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