L’US Geological Survey
(USGS) a publié cette semaine les chiffres de la production d’argent, et les
résultats sont incroyables. Seuls 82,6 kilos d’argent ont été produits à l’échelle
domestique au mois de septembre, contre 103 kilos en septembre de l’année
dernière. Voilà qui représente un déclin important de 20%, et s’intègre dans
une tendance plus large de déclin de l’offre de métal banc.
Comme vous pourrez le
voir dans le graphique ci-dessous, la production d’argent commencé l’année
2015 à un niveau plus élevé qu’en 2014, avant de commencer à baisser. Elle a
perdu 4% en mars et n’a plus cessé de baisser depuis. Elle enregistre
désormais un sixième mois de déclin consécutif. La tendance baissière de la
production d’argent a traversé son plus lourd déclin jamais enregistré, avec
-20%. Selon de nombreux analystes, nous aurions déjà traversé le pic de l’argent.
En 2014, la production a
significativement augmenté pendant les mois d’hiver, mais cette année devrait
s’avérer différente. Même si la production venait à rebondir ces prochains
mois, il y a encore des chances que l’écart entre cette année et l’année
passée s’élargisse davantage. Si la production ne repartait pas à la hausse,
nous pourrions assister à un déclin de 30% ou plus ces prochains mois.
C’est une évolution
significative pour les investisseurs sur l’argent, puisqu’une demande en
hausse et un déclin de l’offre sont le cocktail parfait d’une hausse de prix.
Souvenez-vous que les ventes de Silver Eagles devraient enregistrer un
nouveau record pour une troisième année consécutive. Les ventes totales entre
le premier janvier et le mois de novembre 2015 se sont affichées à 44,7
millions d’onces, contre un record précédent de 44 millions d’onces
enregistrés sur l’année 2014.
La demande en argent a
également grimpé au Canada, et les ventes enregistrées le trimestre dernier
devraient battre le record historique établi en 2014. Les ventes d’argent ont
augmenté de 76% sur un an pour passer de 5,4à 9,5 millions d’onces. Entre
janvier 2015 et le troisième trimestre de la même année, l’atelier monétaire
royal du Canada a vendu 25,2 millions d’onces d’argent, et ses ventes ont
certainement dépassé le record de 2014.
Si l’argent n’a pas
encore atteint son cours plancher, ces facteurs fondamentaux nous indiquent
qu’il n’en est pas loin.
Bien que les producteurs
d’argent aient pour beaucoup réduit leurs coûts ces dernières années, bon
nombre d’entre eux ne sont pas rentables aux prix actuels. Il n’existe pas
beaucoup de choses qu’il est possible d’acheter pour moins d’argent qu’il ne
coûte de les produire. Tout le monde cesserait bien vite de produire dans de
telles conditions, et le marché de l’argent n’est pas une exception. Ces
conditions peuvent persister sur le court terme, notamment en raison de l’impact
de l’effet de levier du marché papier sur les prix. En revanche, je ne pense pas
que le prix de l’argent pourra demeurer inférieur à son coût de production
pendant encore longtemps. Les lois fondamentales finiront par rétablir l’équilibre
relatif à l’offre et la demande sur le marché.
J’ai expliqué à de
nombreuses reprises qu’un nombre croissant de sociétés minières finiraient
par suspendre leurs opérations pour faire plonger la production d’argent. C’est
ce que nous voyons se manifester au travers des plus récents chiffres de
production. Et c’est vrai pour beaucoup de producteurs d’argent, mais aussi
pour des producteurs de métaux de base qui extraient de l’argent en tant que
sous-produit. Ils font aussi face à la baisse des prix des métaux industriels
et ont de grandes difficultés à demeurer rentables. A mesure qu’ils se trouveront
forcés de suspendre leurs opérations, la production d’argent chutera
davantage.
Le déclin de la
production d’argent ne sera pas un phénomène de court terme. Non seulement la
production actuelle est affectée par la suspension des activités de nombreux
producteurs, la production future souffrira également en raison de la
réduction des budgets d’exploration. Même si le prix de l’argent venait à
doubler en 2016 et que les producteurs relançaient leurs activités, il
faudrait attendre quelques années pour voir les activités d’exploration
atteindre leur ampleur précédente et pour que les niveaux de productions
puissent être soutenus. Au cours de ces prochaines années, l’industrie a de
grandes chances de faire face à un déclin continu de la production d’argent.
Je ne suis pas convaincu
que le prix de l’argent ait déjà atteint son cours plancher. Mais ce genre de
données est encourageante pour les investisseurs et suggère qu’un cours
plancher puisse être proche. Plutôt que d’essayer de prévoir son arrivée, il
serait une bonne stratégie de commencer à acheter par tranches aux niveaux
actuels. C’est vrai pour l’argent, mais aussi pour les actions minières
argentifères sous-évaluées qui pourraient voir multiplié un investissement
initial par trois à cinq au cours de la prochaine reprise.