Bon, la Société Générale est une banque très solide, très très sûre, très
très grande, et très très gentille… Si j’insiste lourdement sur le fait
qu’ils sont super gentils et très, très costauds, ce n’est pas parce que j’y
crois, c’est parce que si j’ose dire le contraire, quand on parle de la
Société Générale, on est condamné par l’AMF qui s’acharne sur les petits blogueurs,
et de vous à moi, ils ont beaucoup plus de moyens que moi, si vous voyez ce
que je veux dire… Par exemple moi, je n’ai pas d’avocat, eux ils en ont
plein, dans tous les pays du monde. Je ne fais pas le poids. Alors
évidemment, je prends des précautions oratoires et je fais quelques circonvolutions
un poil ironiques, je le concède, afin de me les mettre dans la poche… Ma
tendre épouse me susurre au creux de l’oreille que vu le ton perfide du
premier paragraphe, elle ne croit pas une seule seconde ce que je dis… Je ne
vous dirai pas qu’elle à tort…
Bref, chez les mamamouchis de la Société Générale, c’est l’heure des
sacrifices humains. Je précise pour les « sévices » juridiques de la Société
Géniale que c’est une image… hein, ils ne crucifient pas encore les banquiers
dans la salle du conseil…
Une tête tombe à la Société Générale
La banque a annoncé le départ de Didier Valet, l’un des 3 directeurs
généraux délégués et également le patron des activités de banque de
financement et d’investissement – ce que l’on appelle dans le jargon
banquier la « BFI », qui sont les stars des banques, contrairement aux
activités de banque de détail toujours vue comme de la petite épicerie.
Le communiqué est très élégant, ampoulé à souhait, et très « langue de
bois ».
Jugez-en plutôt : Didier Valet a « à la suite d’une
différence d’appréciation dans la gestion d’un dossier juridique spécifique
(…) présenté sa démission afin de préserver l’intérêt de la Société Générale
».
Bon, en gros, il fallait qu’une tête tombe, c’est la sienne, et quel est
donc ce dossier juridique spécifique ?
Encore un coup des « Zaméricains » et Department of Justice et de la CFTC
(une commission de contrôle du secteur financier) « sur des soupçons de
manipulation du Libor, un taux interbancaire, qui est en cause. Un dossier
qui a justifié de multiples poursuites concernant différentes banques
internationales et qui, dans le cas de la Société Générale, n’est pas encore
clos. Deux cadres de la banque française ont été inculpés en août 2017. Comme
dans d’autres affaires de cette nature, il semble que la justice américaine
ne s’en contente pas en l’occurrence. D’où le départ d’un mandataire social,
Didier Valet, dans un dossier dont il n’avait pas la charge à l’époque des
faits »…
Aux États-Unis, on ne plaisante pas avec les amendes aux montants
plantureux… et qui se comptent en milliards de dollars.
Provisions et baisse des résultats !
Comme le rapporte cet article du Figaro, « l’événement alimente
une ambiance tendue au sein de la banque de La Défense, qui a dû constituer
2,3 milliards d’euros de provisions pour des litiges en cours, dont l’affaire
du Libor et une autre de violation d’embargos. Un effort qui a amputé son
bénéfice net 2017 qui est ressorti à 2,8 milliards, en baisse de 28 %. De
source proche du dossier, la banque n’a de plus pas été épargnée par la
dernière mission de son régulateur, la Banque centrale européenne, concernant
les insuffisances de son contrôle permanent ».
De façon générale, la Société Générale a une culture du risque différente
d’autres grandes banques, ce qui n’est pas en soi une critique, mais implique
généralement de faire face à quelques problèmes parfois considérables en
termes d’impacts et d’image. Ce fut le cas, on s’en souvient, avec l’affaire
Kerviel qui avait montré les failles multiples dans les systèmes de contrôles
internes de la banque.
S’il n’y a, à ce stade, aucune raison de nourrir des inquiétudes
particulières quant à l’avenir de la banque de la Défense, il n’en reste pas
moins que cela nous permet un rappel salutaire sur la dangerosité de nos banques
et de leurs actions parfois juridiquement contestables et judiciairement
contestées par les autorités en l’espèce américaines.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
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