1. Pendant longtemps, toute matière (substance, bien, richesse, etc.) a été
considérée par l'homme, tacitement ou non, comme une valeur (cf. R.J. Gordon,
1964 ou E. Kauder, 1953).
Ce fait est pratiquement ignoré aujourd'hui.
2. Le cas échéant, il distinguait "valeur d'usage" et "valeur d'échange" (cf.
John Locke,
1632-1704).
3. Il juxtaposait aussi "matière" et "durée" pour en arriver à parler d'"objet
inanimé matériel" et de "service" (cf. Adam Smith 1723-90 et ses
disciples).
"Objets inanimés avez-vous donc une âme, etc." pouvait écrire Alphonse de
Lamartine et être compris de ses lecteurs.
4. Il laissait de côté ce qu'on dénommait "monnaie" pour autant que ce dernier
n'était pas considéré comme un type de valeur particulier.
5.Est arrivé néanmoins la réflexion ou l'argument de certains selon
quoi "valeur d'usage" et "utilité" renvoyaient l'une à l'autre, l'utilité
reposait sur le fait que la matière était utile à l'homme et avait de ce fait
une valeur (cf. Jean
Baptiste Say, 1767-1832).
Et la démarche fut appliquée par beaucoup.
6. Il fut admis conjointement que l'homme donnait une utilité à la valeur de la
matière (cf.
Say, Catéchisme de l'économie politique, 1815).
Quelques temps plus tard, en 1850, Frédéric Bastiat précisait d'ailleurs que la
cible de l'offreur (... du producteur) était la valeur tandis que la cible
du demandeur (... du consommateur) était l'utilité ...
La démarche sera reprise en particulier par Friedrich von Hayek.
Pour sa part, un demi-siècle plus tard (1896-97), Vilfredo Pareto insistait sur
la subjectivité, caractéristique de la valeur, et tentait d'imposer à ces
collègues d'employer la notion d'"ophélimité" qu'il forgeait pour la distinguer
de l'"utilité".
Ce fut sans lendemain, l'utilité perdura.
Et les collectivistes ou autres communistes ont pu déformer et dénaturer la
démarche de l'utilité, par définition subjective, en mettant de côté
l'"ophélimité" et en introduisant l'"utilité collective" définie d'une façon ou
d'une autre par des populations...
On n'en est jamais sorti, complétée qu'elle a été avec les notions d'"intérêt
général", d'"utilité sociale", etc.
7. Entretemps, des économistes plus ou moins ouverts aux mathématiques
introduisaient la notion d'"utilité marginale" ou, suivant Pareto,
d'"ophélimité élémentaire", pour parler de la dernière ou de la pénultième
utilité/ophélimité donnée à la matière en question par l'homme ... étant donnée
la relation mathématique supposée entre utilité/ophélimité et quantité de
matière, fonction monotone croissante, mais à dérivée décroissante...
8. Pour leur part, des savants de la science physique ou de la chimie ont alors
précisé ce qu'ils entendaient par "matière" ou ce qu'il fallait entendre
:
- déplacement de la matière/corps pour le physicien,
- transformation des états de la matière pour le chimiste.
Fin XIXème, début XXème siècle, ont découlé indirectement de leurs travaux les
notions d'"onde" et d'"information" comme nouveaux types de matière (cf. ce
billet de décembre 2018).
La "conjoncture économique autrichienne" de Ludwig von Mises et Friedrich von
Hayek me semble, pour le moins, très proche de ces notions... (cf. ce
billet de février 2019).
9. Au lieu de rabougrir l'information à des "services" comme l'ont fait à
partir de la décennie 1960 des économistes (K. Arrow, G. Debreu en
particulier), il conviendrait de juxtaposer, au moins, l'information aux
objets inanimés matériels et services à défaut d'inclure, simplement, ces
derniers comme des aspects de l'information.
En effet, l'information ne doit pas cacher la grande technologie dont elle
procède et qui a été inventée depuis la mi XXème siècle, à la fois
- techniques d'émission,
- techniques de réception,
- techniques d'échanges d'informations,
où nous nous trouvons en ce début de XXIème siècle.
10. L'information est au cœur de l'action humaine, elle est à la fois cause et
effet de celle-ci.
Libre à chacun de parler d'évaluation ou de mesure de l'information, de sa
quantité ou de son utilité/ophélimité..., mais parler de valeur d'usage ou de
valeur d'échange de l'information est une erreur.
La "valeur d'information" de quoi que ce soit est une notion nouvelle.
Elle est à comparer à la "valeur d'usage" ou à la "valeur d'échange" et non pas
à situer sous leur tutelle
explicative.
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