« Tout devrait se faire aussi simple que possible, mais pas plus
simple. » Albert Einstein
Dans leur tentative de prédire le cours de l’or, les investisseurs se
penchent habituellement sur plusieurs facteurs : les taux d’intérêt, les
fluctuations du dollar, les stocks d’or en surface, les marchés actions, les
obligations, les prix des matières premières et même la dette. Mais quel est
le degré de fiabilité de ces facteurs lorsqu’il s’agit des fluctuations à
court terme ou à long terme de l’or ?
Par exemple, vous avez probablement déjà entendu les bears du métal jaune
avancer la corrélation inverse que celui-ci entretiendrait avec les taux.
Dans cet exemple, la logique est en effet très simple : les investisseurs
boudent les actifs dont le rendement n’est pas lié aux taux, comme l’or, pour
allouer leur argent à des actifs à rendement élevé tels que les actions et
les obligations lorsque les taux d’intérêt grimpent.
Pourtant, l’histoire prouve que durant de longues périodes, l’or a suivi à
la hausse la courbe des taux et vice versa. Cela suggère qu’il y a d’autres
dynamiques en jeu.
La corrélation entre le pétrole et l’or
La relation entre le métal jaune et le pétrole est probablement moins
comprise par les investisseurs que, disons, la relation entre les taux et le
métal ou encore le dollar. Pourtant, le cours du pétrole est un excellent
indicateur des mouvements de l’or. On peut considérer celui-ci en tant que
matière première car, à l’instar du pétrole et des autres métaux, il faut
l’extraire des entrailles de la Terre. Il s’agit d’une matière standardisée
et interchangeable.
Le cours du pétrole joue un rôle dans l’élaboration du prix de l’or, ainsi
que les ETF dédiés au métal. Les prix à terme du pétrole sont un indicateur
plus stable et fiable pour prédire le cours de l’or que le cours spot. Le
prix de l’or sur les contrats à terme a atteint un pic en 2011. Depuis, les
prix ont décliné fortement, et l’or a suivi cette trajectoire.
(…)
Un modèle plus sophistiqué basé sur l’énergie
Recourir à la modélisation des matières premières pour déterminer le prix
de l’or est néanmoins une approche peu fiable car contrairement aux autres
matières premières, l’or n’est pas vraiment consommé. Au cours d’une année
moyenne, l’électronique utilise moins de 10 % de la production annuelle d’or.
Et la majorité de ce métal est ensuite récupéré via le recyclage. Toutes les
autres utilisations de l’or, comme la fabrication de bijoux, les lingots et
les pièces achetés par les banques centrales, par les ETF et par les
particuliers, font grossir les stocks.
Les stocks d’or en surface n’exercent pas un poids significatif sur le
prix de l’or. GoldMoney a développé un nouveau modèle qui peut être utilisé
pour expliquer la majorité des mouvements du prix de l’or, sur base de ces 3
facteurs :
- Les attentes en ce qui concerne les taux réels ;
- Les politiques des banques centrales ;
- Les fluctuations à long terme des prix de l’énergie.
Les investisseurs réagissent aux attentes en ce qui concerne les taux
réels via leurs actions sur le Comex et les ETF. Plus précisément, le
positionnement des traders sur les marchés papier est un élément déterminant
des niveaux du prix de l’or.
Les banques centrales, en fonction qu’elles vendent ou qu’elles achètent
de l’or, influencent également son prix.
Enfin, les modifications des prix du pétrole à long terme (échéance de 3
ans ; pour info la plus longue échéance au CME est actuellement février 2027)
ont une influence directe sur le prix de l’or. Cette découverte est appuyée
par le fait que l’énergie est le plus gros poste de dépense des sociétés
minières qui produisent du métal jaune.
Ces 3 facteurs, combinés, peuvent expliquer 60 % des mouvements mensuels
du cours de l’or.
Article d’Alex Kimani, publié le 30 mai 2018 sur SafeHaven.com