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Cours Or & Argent

Le retour de la vraie dévaluation: le cas de Chypre...

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Publié le 27 mars 2013
1126 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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SUIVRE : Chypre France Zone Euro
Rubrique : Fondamental





On pensait que l'€uro avait mis fin aux réglementations de monnaie de toute nature: même dans ce cas, il n'en est rien.

Avec Chypre, les dirigeants de l'€uro ouvrent la voie au retour de la vraie dévaluation, celle qui détruit - au sens premier du mot - de la monnaie du pays.


1. Dévaluation d'une monnaie.

En taux de change fixes, la dévaluation d'une monnaie décidée réglementairement par un gouvernement attestait pour les détenteurs de la monnaie en question:


- primo, pas de variation des prix des biens dans la monnaie,
- secundo, pas de variation des quantités de monnaie unitaires,
- tertio, pas de variation de la quantité totale  de la monnaie.

Pour les détenteurs des monnaies étrangères, il était question
- primo, d'une diminution des prix des biens dans la monnaie en question,
- secundo, d'une diminution des quantités de monnaie unitaires en question,
- tertio, d'une diminution de la quantité totale  de la monnaie.

Pour les banques, organismes jumeaux de la monnaie, la décision de la dévaluation de la quantité de monnaie totale pouvait se faire de deux grandes façons comptables :
- soit on augmente l'actif des actifs étrangers au bilan des banques, en termes de prix de la monnaie, c'est la "dévaluation augmentation ou prix",
- soit on diminue l'actif et le passif nationaux du bilan des banques, en termes de quantité de la monnaie, c'est la "dévaluation diminution ou quantité".
C'était l'un ou l'autre, ce n'était pas l'un et l'autre.

L'augmentation des actifs étrangers - la "dévaluation augmentation ou prix" - était directe et bien connue avant que fût instaurée l'interdiction de convertibilité des substituts de monnaie bancaires en monnaie or (depuis la décennie 1930 pour les particuliers et les entreprises et, depuis 1971-73, pour les agents dits officiels).

La diminution de l'actif et du passif des titres nationaux - la "dévaluation diminution ou quantité" - était variée. 
Elle faisait intervenir des clés de diminution.  Par exemple:
- soit il y avait un taux uniforme, égal, de diminution pour tous les détenteurs,
- soit il y avait des taux inégaux.


Soit dit en passant, en taux de change variables, les éléments se faisaient au fur et à mesure dans les sens indiqués sans que personne ne s'en formulât.


2. L'illusion monétaire.

A sa façon, la diminution de la quantité totale de la monnaie à quoi donnait lieu la dévaluation, quelle qu'en soit sa définition, tendait à ramener la quantité en question à ce qu'elle aurait dû être, malgré ou à cause du gouvernement, et qui aurait évité l'augmentation des prix des biens en monnaie.

Mais pour le peuple soumis à la "dévaluation augmentation ou prix", il n'y avait pas diminution observable de la quantité de monnaie car celle-ci ne variait pas, même si les monnaies étrangères donnaient l'impression d'avoir augmenté en termes de prix.

Pour le peuple soumis à la "dévaluation diminution ou quantité", il en était différemment.


3. Valeur de la monnaie.

Prix des biens en monnaie, quantités de monnaie unitaires et quantité de monnaie totale vont donc de pair de ce point de vue de la valeur de la monnaie, notion économique mal comprise aujourd'hui.

En effet, la dévaluation d'une monnaie procède de sa "valeur".

Jusqu'à récemment, la valeur d'une monnaie - en anglais, "currency" - n'était rien d'autre que la quantité du bien matériel qu'elle cachait.

Avec les innovations monétaires, il avait donné lieu en Angleterre à un débat entre "currency school" et "banking school", qui ne semble pas avoir eu d'influence en France.

Avec l'interdiction ultérieure de la convertibilité en monnaie or des substituts de monnaie bancaires - billets ou dépôts bancaires -, ce qu'on dénomme "valeur de la monnaie" est devenue pour le moins compliquée à comprendre.

Valeur objective ou valeur subjective ?


4. L'€uro.

L'€uro est aujourd'hui une monnaie.

Mais, à l'origine (1999-2002), c'est le nom donné au résultat de la réduction réglementaire d'un certain nombre de monnaies nationales en une nouvelle monnaie, régionale, dénommé "€uro".

L'€uro a eu pour conséquence réglementaire que les taux d'échange des monnaies, les "taux de change", ont été fixés une fois pour toutes.

Avant sa réduction en €uro, chaque monnaie avait une quantité ... de monnaie, des prix des biens en monnaie, des quantités de monnaie unitaires qui pouvaient s'échanger contre d'autres monnaies et ne laissaient pas indifférents.

Etant donné les taux de change fixés réglementairement, chaque quantité de monnaie a été transformée en une quantité de monnaie €uro et l'ensemble des quantités des monnaies est devenu ainsi la quantité de monnaie €uro.

Pour leur part, les prix en monnaie des biens devenus en monnaie €uro ont continué à être échangés, apparemment de façon voisine...

L'€uro, c'est donc des taux de change de monnaies nationales fixés définitivement - dont les officiels ne parleront plus... -, avant d'être une quantité de monnaie totale. 

Reste que, dans le cadre de l'€uro, rétrospectivement, rien ne justifie de ne pas s'inquiéter des taux de change de chacune des monnaies d'hier.

Il faut savoir que le principe de fixation des taux de change échappe jusqu'à présent à la connaissance de l'économie politique... (même si Jacques Rueff a pu écrire, il y a près d'un siècle (1922), un article intitulé Le change, phénomène naturel qui a été présenté par Emile Borel à l'Académie des sciences et qui a laissé entendre qu'aucune réglementation d'aucune sorte ne saurait s'opposer à la Nature).


5. La valeur de l'€uro.

La valeur de l'€uro, c'est donc
- primo, des prix des biens en monnaie,
- secundo, des quantités de monnaie unitaires,
- tertio, une quantité totale de monnaie et
- quarto, des taux de change avec les autres monnaies échangeables internationalement qui ont survécu.

L'€uro a contribué à donner naissance à des prix des biens en monnaie €uro et des quantités de monnaie €uro unitaires.

Les prix des biens en monnaie cachent un niveau des prix ou un pouvoir d'achat selon certains (cf. I. Fisher 1911) alors que les taux de change ne cachent rien de ce type.

Les taux de change de la monnaie €uro avec les autres monnaies échangeables mondialementvarie à chaque instant.
Ces taux de change n'ont pas d'étalon. Il s'ensuit que l'€uro est compliqué entre autres pour cette raison.


6. Le cas de Chypre.

Etant donné ce qui précède, force est de reconnaître qu'avec ce qui vient d'être convenu pour le cas de Chypre qui n'a plus de monnaie propre - Chypre est un pays de la zone €uro -, c'est la "dévaluation diminution ou quantité" qui a été adoptée.
Peu importent les réglementations y afférant.


7. Un dernier mot

Les dirigeants de la zone euro lèvent ainsi le voile : tout pays de la zone €uro jugé en difficulté par leurs soins est susceptible de se voir embarquer dans une dévaluation de ce type.










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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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Si la monnaie-unique-Euro imposée à chaque pays adhérent connait une contraction de son volume produit, la quantité de monnaie en baisse (dévaluation quantité) provoque les effets attendus identiques qu’une dévaluation dans la monnaie antérieure (la drachme, la livre chypriote) assurait. Si la quantité de monnaie par unité produite doit restée liée dans les changes flottants on comprend bien que ce sont les deux qui varient dans le même sens, sauf que l’application de la vélocité de la monnaie à ce raisonnement implique aussi un ralentissement de la vélocité ou ralentissement des échanges internes dus à la contraction de l’activité. Donc réduction de la vélocité couplée à dévaluation quantité se traduisent pas une baisse généralisée des salaires, retraites, traitements, revenus et valeurs d’actifs, etc. Que l’on soit en taux de changes fixes ou flottants ce mécanisme a été observé en Grèce récemment et le sera à Chypre et le sera dans les autres pays de la zone euro (Italie, Espagne, France et même l’Allemagne par effet induit). La fonction de la monnaie étant moyen d’échanges, de mesure et de réserve, tenter d’en changer sa nature momentanément, nous renverra toujours à sa fonction avec les corrections à en attendre.
Article très intéressant, M. Lane est un vrai théoricien de la monnaie.

Petit rappel pour aider ceux qui aurait, comme moi, été perdu au début.
Augmentation en valeur = augmentation en volume * augmentation en prix

d'où la petite distinction entre quantité unitaire de la monnaie (volume) et quantité totale de la monnaie (qu'il appelle aussi valeur de la monnaie)

enfin si j'ai bien tout compris...

Il y a quand même un point que je n'arrive pas à me représenter, c'est ce que Lane appelle la dévaluation quantité : on décote les actifs détenus en monnaie locale par les banques et les passifs bancaires suivant une clef de diminution. Cela implique qu'on diminue purement et simplement votre solde à la banque, mais aussi le capital restant du sur votre crédit.
Y'a-t-il quelqu'un sur le forum qui aurait déjà vécu ce type de dévaluation (en france ou à l'étranger)?
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CLAUDE F. - 31/03/2013 à 08:25 GMT
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