Les
souverains hanovriens de Grande-Bretagne ont amassé une importante collection
de bijoux personnels, et la reine Charlotte, épouse du roi George III, ne
faisait certainement pas exception.
Elle a reçu de nombreux bijoux, les plus notables étant les diamants qui lui
ont été offerts par le Nawab d’Arcot.
Parmi les cinq brillants, le plus gros était un diamant ovale de 38,6 carats
qui fut plus tard monté sur un collier aux côté des deux plus petits.
Arcot, une ville qui se situe à proximité de
Madras, est célèbre pour avoir été prise par Clive en 1751 lors de la guerre
entre les prétendants rivaux au trône de Carnatic. En 1801, à la suite de la
démission du gouvernement de Nawab Azim-Ud-Daula, qui avait offert
les cinq diamants à la reine Charlotte en 1777, la ville passa entre les
mains des Britanniques.
La reine Charlotte
La
reine mourut en 1818 et, comme le demandait son testament, les Arcots furent vendus à Rundell
& Bridge qui, en 1804, avait été nommé bijoutier de la Couronne par le
roi George III. Son testament précisait ceci :
« ...
Concernant les joyaux. Premièrement celui que le roi a acheté pour la
somme de 50.000 livres et m’a ensuite offert, mais aussi ceux qui m’ont été
donnés par le Nawab d’Arcot
pour être transmis à mes quatre filles, ou enfants survivants si certaines
d’entre elles devaient mourir avant moi. Ces diamants devront être vendus et
le produit de la vente devra être divisé entre mes filles à parts
égales ».
L’application
du testament a fait l’objet de délais en raison de l’attitude de son fils
aîné, George IV, qui à la mort de son père George III en 1820 décida que la
propriété de son père lui appartenait à lui, et non à la Couronne. Il
s’appropria en conséquence la richesse et les joyaux de son père, et agit de
la même manière à l’égard des bijoux de sa mère. Les Arcots
furent montés sur la couronne de George IV et plus tard sur la couronne de la
reine Adélaïde, épouse de son successeur William IV.
Le
vœu de la reine Charlotte quant à ses bijoux n’a donc pas pu être
respecté jusqu’à de nombreuses années après sa mort. Le roi George IV
mourut le 26 juin 1830. John Bridge, de Rundell
& Bridge, mourut en 1834. La société fut vendue. La vente des diamants Arcots fut ordonnée ainsi que celle du diamant rond
brillant qui avait également été monté sur la couronne du roi George IV et
aurait pu être le Hastings. La vente prit place à Londres à Willis’ Room à St
James le 20 juillet 1837. Le premier marquis de Westminster acheta les Arcots pour la somme de 10.000 livres comme cadeau
d’anniversaire pour sa femme. Il acheta également le diamant en rond brillant
et le Nassak.
La tiare de Westminster. Le diamant rond au centre serait le Hastings. Les Arcots sont montés de chaque côté.
Les
Arcots et les autres diamants sont restés en la
possession de la famille du gouverneur de nombreuses années durant. En 1930,
le bijoutier Parisien Lacloche monta les Arcots sur la tiare de Westminster aux côtés du rond
brillant et de pas moins de 1421 petits diamants. La tiare est organisée en
pavés et en arcades, sertie de diamants en marquise et légèrement affinée sur
les côtés. Des diamants en baguette sont organisés autour du centre du bijou
et d’autres sont dispersés sur tout le bijou. Dans ses mémoires, Loelia, duchesse de Westminster, troisième femme du
second duc de Westminster, a écrit ceci à propos des Arcots :
« montés sur des barrettes, ils n’ont l’air de rien. Un ami qui m’a vue
les porter un soir m’a demandé pourquoi j’attachais des bouts de verre à ma
personne ».
Le collier Van Cleef & Arpels,
avec l’Arcot I en bas.
En
juin 1959, le troisième duc de Westminster vendit la tiare afin de surmonter
ses couts de droits de succession. Harry Winston l’acheta pour la somme de
110.000 livres – alors un record pour un bijou. Mr Winston fit retailler les
deux Arcots afin d’améliorer leur clarté et leur
brillance. Le plus large pèse désormais 30,99 carats, et le
plus petit 18,85 carats. Chacun des diamants a été monté sur une bague
et vendu à des clients Américains en 1959 et 1960. Le plus gros des deux, l’Arcot O, a ensuite été monté sur le pendentif d’un
collier créé par Van Cleef & Arpels et vendu par Christie’s à Genève en novembre 1993,
où il fut acheté par Sheikh Ahmed Hassan Fitaihi,
revendeur de gemmes d’Arabie.
L’Arcot I
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