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Cours Or & Argent

Les banques centrales deviennent omnipotentes sur les marchés financiers

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Publié le 23 juin 2017
559 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Tel Atlas soutenant le monde, les banques centrales portent sur leurs épaules le marché financier. Cette réalité demeure largement occultée, elle détermine pourtant massivement l’avenir de nos économies. Nous avions déjà évoqué ce sujet l’année dernière (Les banques centrales commencent-elles à nationaliser l’économie ?). Il importe d’y revenir car de nouveaux chiffres confirment cette bizarrerie puisque, selon Goldman Sachs, elles détiennent désormais un tiers du marché obligataire mondial !

Les marchés seraient livrés à l’avidité des spéculateurs, entend-on souvent, mais dans les faits, les banques centrales occupent une place croissante, or celles-ci ne sont qu’un appendice de l’Etat, même si elles affichent une indépendance plus ou moins réelle envers les gouvernements en place. Le "capitalisme débridé" relève en partie d’une fable, la notion de marché libre devient plus relative que jamais.

Selon Goldman Sachs donc, sur les 54.000 milliards de dollars d’obligations (souveraines et privées) échangeables dans le monde, les banques centrales en détiennent 18.000 milliards, soit exactement un tiers (33%). Elles sont passées devant les hedge funds (28%), incarnation médiatique du capitalisme sans foi ni loi... Avec leurs planches à billets (les "QE"), ces institutions possèdent une puissance de feu supérieure aux acteurs traditionnels, en avant vers la collectivisation rampante ! Et toutes ces liquidités se retrouvent aussi sur les marchés actions qu’elles contribuent à faire monter (quand elles ne les achètent pas directement comme le fait la Banque du Japon).

Evidemment, le prix des obligations dans le monde ne serait pas aussi élevé sans cette intervention colossale, mais après tout c’est l’objectif des banques centrales puisqu’elles veulent maintenir au plus bas les taux d’intérêt (taux d’intérêt faible d’une obligation = prix élevé). Elles veulent désormais "normaliser" leur politique monétaire, ce qui implique d’arrêter les QE puis de vendre ces 18.000 milliards de dollars d’obligations et d’accepter une remontée significative des taux d’intérêt. Personne ne pense que cela ne provoquerait pas une crise financière majeure, les banques centrales sont coincées.

La Banque centrale européenne a annoncé, par la voix de son président Mario Draghi, vouloir arrêter son QE au mois de décembre, mais sans s’interdire de le prolonger si cela se révélait nécessaire. Tout cela reste bien approximatif. Il s’agit pourtant de 60 milliards d’euros créés par mois pour acquérir des obligations d’Etats et de grandes entreprises de la zone euro, tout de même. Mais couper le robinet à liquidités et amorcer une remontée des taux mettrait en danger le secteur bancaire qui souffre durement dans plusieurs pays. Ne parlons même pas de Chypre et de la Grèce, où les banques sont sous respiration artificielle, mais rappelons que l’Italie et l’Espagne (des pays de taille systémique) ne sont toujours pas sortis de la crise de 2008 : les créances douteuses mettent en péril les établissements financiers, des solutions d’urgence sont lancées pour éviter les faillites (reprise de Banco Popular par Santander pour un euro symbolique en Espagne, tentatives de recapitalisation de Monte Paschi en Italie et de sauvetage de plusieurs établissements).

Les banques centrales sont devenues tellement incontournables que leur retour à la situation plus modeste et limitée d’avant 2008 provoquerait une crise majeure. Nous sommes condamnés à supporter l’omnipotence des banques centrales comme Atlas fut condamné par Zeus à porter le globe terrestre. Et lorsque la planète obligataire échappera à ceux qui sont sensés la contrôler, ce sera une nouvelle forme de déluge…

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Philippe Herlin est chercheur en finance et chargé de cours au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris. Il est également contributeur sur le site Goldbroker.com
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Bonjour,
Je ne comprends pas très bien votre phrase "taux d'intérêt faible = prix élevé" pour les obligations.
N'est-ce pas plutôt l'inverse ?
Cordialement,
Pierre-Edouard Visse
Le prix d'une obligation est inversement proportionnel au taux d'intérêt. Si les taux montent son prix baisse, et si les taux baissent son prix montent

C'est comme cela que le monde de la finance s'est enrichi de manière phénoménale ces 30 dernières années où les taux d'interet n'ont fait que baisser.

Ci joint une petite explication

https://www.desjardins.com/coopmoi/plans-action-conseils/epargne-placements/comprendre-rendement-obligations/index.jsp#
Bonjour,

c'est justement pour la raison que vous invoquez que j'étais surpris de la phrase de l'auteur "taux d’intérêt faible d’une obligation = prix élevé".

Il ne s'agit pas des obligations dont le taux est faible qui ont un prix élevé mais de celles qui ont été émises avant la baisse des taux. Telle qu'elle est rédigée, la phrase de l'auteur laisse entendre que les obligations dont le taux d'intérêt est faible ont un prix élevé.

Je vous remercie néanmoins pour votre réponse.
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Les banques centrales jouent sur la demande, c'est à dire qu'elles gonflent la demande en rachetant les obligations d'état. Si vous êtes emprunteur et que vous voulez financer votre dette sur le marché obligataire et que la demande est forte pour vos obligation, vous pouvez la financer à taux plus faible. À l'inverse, si la demande est faible, vous devrez offrir un taux plus élevé pour attirer les investisseurs. Ici, c'est une question de rendement sur investissement: si le taux est faible, c'est cher payé pour le rendement qu'elle offre (on a qu'à penser aux taux négatifs ou à un taux qui serait moindre que l'inflation).

J'espère que ma réponse vous aura aidé à comprendre. L'intervention de la FED suite à la crise de 2008 visait à remettre sur pied le système bancaire américain qui se dirigeait vers la faillite, les américains auraient payé plus cher pour se financer, eux qui bénéficient de taux préférentiel grâce au système dollar: on nous oblige à utiliser le dollar, toutes les banques (banques centrales comprises) doivent payer des frais de change, ce qui n'est pas le cas pour les banques américaines. Sans l'intervention de la FED, les banques américaines auraient eu l'obligation de se financer à l'international à taux plus élevé.

Pour la BCE les choses sont différentes: c'est pour des raisons politiques qu'elle a lancé ses QE car l'UE craignait un éclatement de la zone euro. Les états du sud (comme la France) ont bénéficié de taux faibles ce qui a allégé le fardeau du service de la dette mais les a rendu dépendant de ces interventions. C'est pour l'essentiel ce que dit l'article. Tant l'UE que les USA sont dépendant des interventions des banques centrales, comme des junkies sont dépendant de la came.
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Bonjour, c'est justement pour la raison que vous invoquez que j'étais surpris de la phrase de l'auteur "taux d’intérêt faible d’une obligation = prix élevé". Il ne s'agit pas des obligations dont le taux est faible qui ont un prix élevé mais de celles  Lire la suite
Pierre-Edouard - 26/06/2017 à 08:18 GMT
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