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h16 est aujourd’hui un des blogueurs
politiques les plus réputés du Net. Son blog est
quotidiennement alimenté et force est de reconnaître que
l’auteur est un vulgarisateur de génie, ayant su marier humour
et analyses de qualité. Un de ses derniers articles, s’il
n’apprendra rien à un économiste érudit,
était tout particulièrement bien construit. Ayant trait
à l’économie, il s’intéressait à deux
problématiques : la perverse alliance entre les politiciens et
les banques, et la taxe sur les transactions financières.
Concernant
l’alliance susvisée, h16 rappelle que les accords de Bâle
n’avaient pour seul but que de faire croire aux citoyens que
l’État luttait contre les dérives de la finance en
édictant des règles strictes. Sauf que, si les politiciens avaient
laissé jouer librement les forces du marché, les banques
« coupables » auraient fait faillite, ce qui aurait
incité leurs rivales subsistantes à ne pas commettre les
mêmes erreurs. Au lieu de cela, lesdits établissements
financiers sont renfloués
avec l’argent du contribuable. C’est la triste réalité
du « capitalisme de connivence ». Plus les banques
s’égarent et plus elles obtiennent des subsides. On voudrait
encourager la médiocrité qu’on ne s’emploierait pas
autrement…
Le commissaire
européen à la Concurrence, Joaquim Almunia,
comme tout autre politicien, avait alors beau jeu d’alerter les banques
sur leurs obligations de remboursement. Cela fait partie du grand
stratagème politique : tout le monde sait que les
établissements financiers ne rempliront pas toutes leurs obligations
en la matière. Mais il est nécessaire pour la
crédibilité et la suite de la carrière d’Almunia et des autres de feindre la fermeté…
En
échange des subsides accordés aux banques, ces dernières
devaient s’engager à respecter les
« mous » accords de Bâle… lesquels ne
furent jamais
appliqués par les établissements financiers ! La situation
n’est donc pas réjouissante et ne tend pas à nous inciter
à l’optimisme quant à l’avenir proche de la
finance.
L’autre
point de l’article d’h16 avait trait à la fameuse
« taxe Tobin ». Mais qu’est réellement
ladite taxe ? Beaucoup de mensonges circulent à son sujet,
mensonges n’ayant d’ailleurs que modérément plu
à James Tobin, lui-même, de son vivant.
Reprenons le contexte :
1971 marque une des dates les plus tristes de l’histoire de la science
économique. En effet, Richard Nixon, alors Président des
États-Unis, commet un casse d’ampleur en mettant fin
à la convertibilité du dollar en or, conduisant à la
démonétisation de ce métal précieux. James Tobin
craignit alors de voir le système monétaire international
sombrer dans une profonde phase d’incertitudes. Sa solution, fort
contestable, fut d’instaurer une taxe de 0,5 % sur les transactions de
devises. Cette proposition ne fut émise qu’en raison des
perturbations du système monétaire international. Sans cela, il
est probable que Tobin ne l’aurait jamais imaginée.
Malheureusement, les altermondialistes ont indignement
récupéré le nom de ce brillant économiste et ce,
alors que ce dernier avait constamment pesté contre ces
« casseurs de carreaux ». Il est évidemment
fallacieux d’écrire que James Tobin est un authentique
libéral. Mais il est tout aussi faux de l’assimiler aux
mouvements altermondialistes.
ATTAC ne cesse
d’ailleurs de faire la promotion de cette taxe, faisant miroiter de
juteuses recettes fiscales si elle était adoptée. Or,
c’est oublier que, pour l’instant, la France fait
« cavalier seul » sur ce thème, ce qui
inquiète les milieux de la finance française. Des
délocalisations sont à craindre, ce qui aurait des
conséquences néfastes sur les recettes fiscales attendues.
À
l’heure d’un nécessaire tournant pour la politique
économique de la France, les leçons d’économie de
ce blogueur sont toujours savoureuses.
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