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General Motors
vient d’annoncer une
hausse de 20% de ses ventes pour septembre 2011. De quoi faire
définitivement taire les sceptiques du plan de sauvetage de ce géant
industriel ? Non. Tout d’abord, cette hausse de la consommation
dans le secteur automobile est trompeuse. La FED a ré-initié une
politique de bas taux d’intérêt et donc
d’importante création monétaire qui plonge les citoyens
de ce pays dans une illusion d’argent facile. Les mêmes causes
produisent les mêmes effets : les bas taux attirent les
emprunteurs mais en cas de nouveau changement de la politique de la FED (tel
qu’un arrêt de la création monétaire et un
ré-haussement des taux d’intérêt), les
remboursements de prêts seront délicats à assumer
(surtout en ce qui concerne les emprunts à taux variables) et une
récession s’ensuivra. Mais là n’est pas l’essentiel
du sujet.
En effet, si General
Motors commence à sortir aujourd’hui la tête de
l’eau, c’est parce qu’elle a bénéficié
de fonds gouvernementaux astronomiques (60
milliards). Certes, l’argent n’est pas toujours le
remède miracle à la réussite d’une firme mais cela
l’aide considérablement. Sa mise en faillite lui a aussi permis
de ne plus avoir à respecter divers
et contraignants accords signés avec le syndicat United Auto Workers même si, en contrepartie, elle fut provisoirement
nationalisée.
L’idée
officielle était qu’il était impossible de laisser
sombrer ce fleuron de l’économie américaine. Mais, outre
ces raisons patriotiques discutables (après tout, General Motors
n’est pas le seul constructeur automobile du pays), quelle est la
rationalité économique de ces subventions qui
pèsent sur le contribuable américain au moment-même
où ce dernier subit déjà de plein fouet la crise
financière ?
La cause du
sauvetage serait-elle de préserver des emplois ? Ce ne serait
pourtant pas la première fois qu’une grande
société disparaît. Dans de tel cas, les actifs sont généralement
repris par ses anciens concurrents et les conséquences pour
l’emploi sont faibles. Que dire, par contre, du coût fiscal et,
surtout, du coût économique pour le pays de maintenir, sous
perfusion, une entreprise devenue inefficace car en partie gangrénée
de l’intérieur par un puissant syndicat qui rendait sa
compétitivité quasiment nulle par rapport par rapport à
ses concurrents japonais. Déjà, en 2006, le très
fécond George Reisman expliquait, de
façon extrêmement détaillée, l’influence
néfaste d’United Auto Workers au sein
du géant automobile.
En effet, du
fait des coûts exorbitants supportés par General Motors, cette
dernière avait cru bon de
se spécialiser sur les gros véhicules à forte marge
(tels que les 4x4 et autres light
trucks) sans anticiper la flambée du prix de l’essence, la
mode des voitures propres et, surtout, sur la crise économique qui a
réduit le pouvoir d’achat des consommateurs américains.
S’agit-il,
pour autant, d’une réelle incohérence ? Non. Il ne
faut pas analyser l’attribution de ces sommes à General Motors
sous l’angle économique mais plutôt scruter les raisons
politiques de ces subventions. En effet, il se trouve, tout simplement, que
General Motors a, de tout temps, dépensé des dizaines de
millions de dollars en lobbying et il serait naïf de croire que les
difficultés financières auxquelles a fait face le constructeur
automobile ont fait disparaître ces pratiques. C’est ce qui
explique très logiquement la mansuétude dont fait preuve
Washington à son égard. De plus, Barack Obama a
été élu, en partie, grâce au soutien
d’United Auto Workers, le syndicat
précité. Le contribuable américain sera donc ravi
d’apprendre que l’argent destiné à sauver General
Motors sert à financer le lobbying politique du géant
industriel…
L’historique
de ce sauvetage montre que les lunettes de l’économiste ne
suffisent pas à expliquer la situation en question : les
coulisses politiques et les jeux d’alliance sont des facteurs
essentiels pour comprendre ce qui se passe autour de nous.
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