Comme elle l’a souvent fait par
le passé, la Bundesbank a fait publier un communiqué de presse en période de
Noël dans l’espoir d’éviter tout examen ou discussion. Le communiqué de
presse en question a concerné le rapatriement de ses réserves d’or.
Les quantités d’or qui auraient récemment
été rapatriées s’élèvent à « approximativement 200 tonnes », ce qui
porte le total de réserves rapatriées à approximativement 1.580 tonnes d’or,
soit 47% des réserves de l’Allemagne. C’est bien, mais loin d’être
spectaculaire. Et ce mois-ci, l’or de l’Allemagne a fait l’objet d’une
actualité bien plus importante, qui a cependant été ignorée.
Cette actualité importante a été
publiée le 21 décembre par l’agence médiatique allemande, DPA-AFX, et a très
certainement été rédigée par la Bundesbank elle-même. L’agence médiatique a
publié un article en Allemand repris plus tard par de nombreux journaux et
magazines du pays, sans aucun regard pour ses aspects politiques, économiques
et historiques.
L’article
stipule ceci : « ... in den 1950er und 1960er Jahren wuchs der
deutsche Goldschatz rasant. Denn. ... Bundesrepublik [hatte] dank des Exports
viele Dollar, die bei der US-Zentralbank gegen Goldforderungen eingetauscht
werden konnten. »
« Les réserves d’or de l’Allemagne
ont rapidement gonflé dans les années 1950 et 60. Grâce à ses surplus d’exportation,
la République fédérale a amassé beaucoup de dollars qui ont pu être échangés
contre des titres sur de l’or auprès de la banque centrale américaine. »
Le communiqué mentionne bien des
titres sur de l’or, et non des barres physiques. Pourtant, la Bundesbank et
la Réserve fédérale continuent d’insister sur le fait que les réserves
allemandes déposées aux Etats-Unis sont bel et bien constituées de barres d’or.
Le texte du 21 décembre contenant
la phrase citée plus haut a été republié sans aucune modification par au
moins vingt organisations médiatiques dès le lendemain. Voici par exemple la
publication Der Spiegel :
http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/bun...-goldbarren-...
Nous n’avons pour le moment
aucune preuve que la Bundesbank a rédigé cette phrase. Il serait cependant
très peu habituel qu’un simple apprenti des médias ait fabriqué le terme.
Il est donc raisonnable de
penser que ce que pensent les « théoriciens de la conspiration »
depuis des décennies est bel et bien fondé. Ce qu’ils ne cessent de répéter
en effet, c’est que les réserves d’or allemandes supposément déposées à l’étranger
et notamment auprès de la Fed de New York n’existent plus sous leur forme physique
depuis les années 1960. L’or allemand déposé à l’étranger n’a peut-être
jamais été qu’une question d’inscriptions comptables.
Il y a évidemment peu de chances
que la Bundesbank l’admette. Sans quoi ses mensonges concernant la fonte de
barres d’or déposées à New York depuis cinquante ans ne tiendraient pas la
route.
Depuis des années, la campagne
pour le rapatriement de l’or allemand demande à voir les barres d’or allemand
déposées à Francfort, New York et Paris. Mais ni la Bundesbank ni la Fed de
New York n’ont su prouver de leur existence et publié une seule photographie,
liste de barre ou vidéo.
Tout ce que nous avons reçu n’a
jamais été plus que de vagues déclarations accompagnées de listes incomplètes
de barres, et de rapports incomplets d’audits.
Mais si les barres allemandes
déposées à l’étranger n’étaient seulement que des titres sur du papier et des
inscriptions comptables, alors ce qui s’est passé est parfaitement sensé.
Ce n’est que maintenant, après
des années de pressions, qu’une partie de l’or allemand semble devenir
physique au cours de son transfert depuis l’autre côté de l’Atlantique.
La Réserve fédérale ne vient
seulement que de commencer à « transférer » l’or vers l’Europe, où
la Bundesbank peut s’acheter de nouvelles barres.
Maintenant, la Fed et la
Bundesbank pourront à jamais éviter d’avoir à montrer les 125.000 barres d’or
allemandes des années 1950 et 60, dont une majorité n’a jamais existé.
Merci, DPA-AFX, et merci,
Bundesbank, pour nous avoir apporté un peu de vérité après tout ce temps.
Merci pour cette admission tardive.
Merci pour nous avoir donné un
aperçu de ce qui se passe dans les coulisses et les coffres des banques
centrales, depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui.
Malheureusement, les actualités
trompeuses concernant l’or de l’Allemagne continuent de se multiplier.
Bien que le directeur de la
Bundesbank, Carl-Ludwig Thiele, ait annoncé le 24 décembre que la Bundesbank
a rapatrié 200 tonnes d’or supplémentaires depuis New York et Paris --
http://www.reuters.com/article/germany-bun...d-idUSL5N1EI4IY
-- des détails ne nous en seront
fournis que ce mois-ci, et les coffres de la Bundesbank à Francfort manquent
encore de transparence. Nous n’avons jamais pu lire de liste de numéros de
série – la liste de numéros d’inventaire dont nous disposons ne vaut
absolument rien – et n’avons jamais vu ni photo ni vidéo des 125.000 barres
qui sont supposées se trouver à Francfort aujourd’hui, ou encore la signature
de quelqu’un qui en aurait fait l’audit.
Voici la conclusion que nous en
tirons : Notre campagne pour le rapatriement de l’or allemand a connu un
progrès matériel à la fois sur le plan physique et sur le plan
informationnel. A la fin de l’année 2016, l’Allemagne disposait de 47% de ses
réserves d’or, ou 1.580 tonnes, à Francfort.
Je ne suis cependant pas
satisfait par les preuves fournies par la Bundesbank pour justifier sa
déclaration selon laquelle « toutes les barres sont déposées à Francfort
sous la propriété exclusive de la Bundesbank », c’est-à-dire que sa
propriété n’est pas partagée et qu’il ne s’agit pas de réserves
fractionnaires.
Le document publié par DPA-AFX
qui indique que l’or allemand déposé auprès de la Fed de New York n’était
rien que du papier, rien que des inscriptions comptables, devrait nous
pousser à demander à la Bundesbank de rapatrier non pas la moitié de son or,
mais l’intégralité de ses réserves.
Les réserves d’or d’un pays
devraient toujours se trouver sur son propre sol, et ne jamais faire l’objet
de risques de contrepartie, notamment à une heure où l’euro se trouve sauvé
chaque jour à l’aide de milliards de garanties et d’achats illégaux d’obligations
par la Banque centrale européenne, et semble toucher à la fin naturelle de
son existence surnaturelle en tant que devise supranationale.
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