L’or, sous toutes ses formes, accompagne l’homme depuis des millénaires.
Signe de richesse, support aux transactions commerciales à travers les
civilisations : le métal précieux est aussi une valeur refuge
en temps de conflit… aujourd’hui comme il y a 2000 ans !
Mais même au plus fort des ruées vers l’or, il n’a jamais suffi de se
baisser pour ramasser des pépites. Il faut désormais chercher plus loin dans
les profondeurs de la terre pour trouver des filons. Plus compliquée, trop
polluante, l’extraction aurifère est aussi devenue très coûteuse.
Et avec l’exploitation des derniers filons accessibles, le métal va
encore plus se raréfier.
La fin des derniers filons d’or
Le mythe de l’El Dorado a la peau dure. Pendant des siècles, le rêve d’une
cité entièrement couverte d’or a mené les conquistadors, puis les pionniers
dans leur soif de richesses dans le Nouveau-Monde. Les pièces et joyaux
coulés dans les galions espagnols ont marqué les esprits des chasseurs de
trésors. La ruée
vers l’or californien à partir de 1848, puis dans les
Rocheuses et en Alaska dans les années qui ont suivi, ont transformé les
paysages d’Amérique du Nord.
Il aura pourtant fallu attendre la fin du XIXe siècle, et surtout le XXe
siècle, pour voir une industrialisation de l’extraction aurifère. Rendement
et productivité prennent alors la place des premiers pionniers : la chimie
met le cyanure, le mercure et l’acide nitrique au cœur des processus
d’extraction aurifère.
Plus polluante, l’extraction aurifère est aussi beaucoup plus invasive.
Les mineurs cherchent dès la fin du XIXe siècle de l’or dans les profondeurs
de la terre : en France, le puits Arthur-de-Buyer atteint le kilomètre de
profondeur en Franche-Comté en 1900. Et en Afrique, les mines sud-africaines
plongent toujours plus profond jusqu’à 3 kilomètres sous terre dans les
années 1950.
Les richesses du sous-sol ne sont pourtant pas inépuisables. Le dernier
gisement d’or d’importance a été découvert au Nevada… il y plus d’un
demi-siècle, en 1961. Et les dernières découvertes en Guyane font état de 15
à 20 tonnes d’or. Ce n’est plus grand’chose au regard des quelques 173 000
tonnes d’or déjà extraits par l’homme !
Social, écologie : l’extraction aurifère face à de nouveaux défis
Les produits chimiques utilisés pour extraire l’or de la terre peuvent
être particulièrement nocifs. C’est le cas du mercure : particulièrement
utile pour séparer l’or des autres minerais, le
métal lourd provoque aussi des maladies graves et a un impact terrible
sur les populations une fois rejeté dans l’air. Même chose pour le cyanure,
dont l’effet sur l’environnement est très néfaste. Pollution de l’eau,
déforestation… les conséquences sur l’environnement d’une extraction aurifère
non maîtrisée sont catastrophiques !
Et c’est encore sans parler des conditions de travail des mineurs. Pas
seulement celles des orpailleurs illégaux, qui ont recours à des pratiques et
des produits dangereux. Mais aussi celles des mineurs qui travaillent pour de
grandes compagnies. En Afrique du Sud par exemple, les mines d’or ont été le
théâtre d’affrontements
violents entre grévistes et forces de l’ordre en 2012. Les mineurs se
plaignaient de la dangerosité de l’extraction et des matériaux chimiques
utilisés, avec des salaires beaucoup trop bas.
Les dégâts chimiques, la déforestation, la pollution de l’eau, les
conditions de travail… l’extraction aurifère telle qu’elle a été pratiquée
pendant des décennies n’est plus viable. Une évolution vers une « clean
extraction » apparaît comme une évolution nécessaire et inévitable.
Recyclage, extraction propre : des réponses possibles !
D’après une enquête réalisée en 2012 par l’IFOP pour AuCoffre.com, 62
% des Français seraient prêts à acheter de l’or plus cher à condition
qu’il s’agisse d’or « propre », c’est-à-dire un or qui respecte l’homme et
l’environnement. L’extraction propre est en effet la seule réponse possible
et la seule évolution envisageable.
La
« clean extraction » a déjà fait des émules dans le monde. Le label
Oro Verde, par exemple, encourage une exploitation sans mercure ni
cyanure. L’environnement est protégé, et les autres activités agricoles sont
encouragées pour permettre leur développement. Cette politique, née en
Colombie, peut aussi être appliquée ailleurs !
En Suisse, c’est l’usine Valcambi qui s’est lancée dans un or propre, en
mettant en place une chaîne de production éco-responsable qui répond à un
cahier des charges strict. Garanti sans cyanure ni mercure, cet or sert à
produire la Vera Valor, la pièce-lingot issue de l’extraction propre. « Nous
voulions une filière propre, qui corresponde aux valeurs d’AuCoffre. Nous
voulions un contrôle absolu de la provenance de l’or, de son extraction, de
son traitement et de sa finalisation », expliquait AuCoffre.com
dans une interview en 2013.
L’autre solution, c’est celle présentée par le recyclage. Il y a quelques
semaines, le constructeur américain Apple a annoncé avoir recyclé une tonne
d’or à partir d’appareils défectueux ou obsolètes renvoyés par les clients.
Le circuit imprimé de chaque appareil contient en effet 34 milligrammes
d’or….
Attention néanmoins à choisir les bonnes filières de recyclage : les
solutions proposées par les comptoirs de rachat d’or sont tout sauf
intéressantes pour le particulier qui se défait de bijoux !
Quand la raréfaction du métal mène à la hausse des cours
Il resterait quelques 50 000 tonnes d’or à extraire. Des estimations
basées sur les dernières découvertes, auxquelles il faut opposer les 173 000
tonnes déjà extraites au fil des siècles. Il va donc falloir creuser plus
loin, plus profond et sans aucune certitude quant aux filons à découvrir,
puisque l’or le plus accessible a déjà été extrait depuis longtemps.
L’exploitation de l’or va donc être plus compliquée pour les années à
venir, et donc plus coûteuse. D’autant plus que la recherche d’une extraction
propre implique de préserver l’environnement et les hommes : cela peut aussi
se révéler plus coûteux, mais c’est nécessaire !
La courbe qui va être observée dans les prochaines années sera donc une
courbe en hausse, pour deux raisons : d’abord une extraction plus coûteuse
dont un métal précieux plus coûteux. Mais aussi une raréfaction qui va
naturellement provoquer plus de demande : les industries ne sont pas prêtes
de se passer d’or, et l’or n’est pas prêt de quitter son statut de valeur
refuge !