La semaine dernière fut bonne pour l’or. Le métal jaune
fut en mesure d’enregistrer sa 4e hausse hebdomadaire consécutive. Il a même
dépassé brièvement la barre des 1350 $ vendredi dernier, tandis que l’indice
Arca Gold Miners testait son plus haut des 52 dernières semaines.
Des risques qui se précisent
Les investisseurs se sont tournés vers les valeurs refuges
en raison d’un faisceau de risques géopolitiques. Notamment les
manifestations de Hong Kong concernant la loi sur les extraditions, ainsi que
les attaques sur deux superpétroliers à proximité de l’Iran et du détroit
d’Ormuz. Après avoir accusé l’Iran, Trump doit désormais prendre la lourde
décision de réagir ou pas.
Le milliardaire Paul Tudor Jones, fondateur et patron du
hedge fund Tudor Investment Corp., a déclaré qu’en raison de la situation
géopolitique l’or est son investissement favori pour les 12 à 24 prochains
mois. Selon lui, le métal « a tous les atouts de son côté »,
en précisant que s’il devait atteindre les 1400 $ l’once, il pourrait pousser
jusqu’à 1700 $ « assez rapidement ».
Selon Jones, les raisons majeures qui pourraient entraîner une telle
hausse sont les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ainsi
que leurs conséquences globales sur un commerce mondial qui ralentit. Après
75 années de mondialisation et de commerce libre, nous assistons au retour
des politiques protectionnistes.
La loi Smoot-Hawley de 1930, qui avait également implémenté des droits de
douane, a précipité l’économie américaine et mondiale dans une récession
longue de 10 ans, ainsi qu’engendré l’effondrement du système bancaire, selon
Larry Kudlow et Stephen Moore. Le mois dernier, le PMI mondial a enregistré
sa première contraction depuis 2012, notamment en raison des tensions
commerciales. Les échanges commerciaux ont également baissé en volumes d’une
façon que l’on n’avait plus vue depuis la crise financière.
Cela n’empêche pas Trump de menacer la Chine de 325 milliards de dollars
de droits de douane supplémentaires, en plus des 200 milliards déjà en
vigueur. Une réunion entre Trump et Xi est anticipée à l’occasion du G20 qui
aura lieu au Japon.
Ce processus de démondialisation « rend une récession possible.
Cela signifierait que les taux seraient à nouveau proches de zéro aux
États-Unis. Dans une telle situation, l’or va rugir. Il s’agira de l’antidote
pour les investisseurs qui possèdent des actions ».
Gundlach et Dalio aussi optimistes pour l’or
Jones n’est pas le seul patron de hedge fund qui pense que l’or est
attractif en ce moment. Dans une interview récente, le PDG de DoubleLine Jeffrey
Gundlach a déclaré qu’il parie sur la hausse de l’or. Il justifie sa
position par son anticipation de voir le dollar baisser d’ici la fin de
l’année (une façon certaine de le faire serait d’annuler la dette représentée
par les crédits étudiants, soit 1,5 trillion de dollars. Il se chuchote que
la sénatrice américaine Elizabeth Warren, candidate à la présidentielle, veut
déposer une proposition de loi allant dans ce sens).
Bien entendu, il y a aussi Ray Dalio, le gestionnaire de
hedge fund le plus performant du monde. Il croit fermement en la règle des 10
%, et d’après les déclarations réglementaires auprès de la SEC, il dispose de
positions importantes sur toutes les classes d’actifs qui concernent le métal
jaune.
Inversion de la courbe des rendements
La semaine dernière, l’inversion de la courbe des rendements des
obligations sur 5 ans et 3 mois a franchi un cap clé. Dans le passé, cela a
toujours débouché sur une récession. Dans un tweet daté du 13 juin, Lisa
Abramowicz de Bloomberg a partagé un graphique concernant cette inversion en
commentant : « Cam Harvey, le premier économiste qui a fait le lien
entre l’inversion de la courbe des rendements et les récessions, estime que
la courbe 3 mois/5 ans est un indicateur clé d’une récession lorsque
l’inversion se maintient durant un trimestre entier. Nous venons d’atteindre
cette durée de 3 mois hier. » Reste à voir quand elle se
manifestera. Selon Gundlach, il y a de 40 à 45 % de chances pour qu’elle ait
lieu dans les 6 mois à venir, 65 % l’année prochaine.
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