Pourquoi la Chine laisse-t-elle certaines de ses entreprises faire
faillite, se demande le service économique de l’agence Sputnik.
C’est assez simple. En fait non, c’est compliqué, mais l’on peut
simplifier ce sujet en se concentrant sur les grands principes.
La Chine reste avant tout un pays communiste avec une économie
profondément administrée. C’est le gouvernement qui décide de la quantité de
monnaie créée, c’est le gouvernement qui décide de la manière dont sont
octroyés les prêts. C’est le gouvernement qui choisit de couper les vivres ou
pas à une entreprise ou de la laisser tourner.
Progressivement, un secteur privé s’est créé en Chine. Il prend petit à
petit plus d’ampleur. Mais l’économie chinoise reste surtout très fermée. Les
partenaires économiques, à commencer par les États-Unis, demandent à Pékin
une ouverture plus grande, sinon, eux, ils ferment l’accès à leur marché s’il
n’y a pas de réciprocité.
Les dirigeants chinois doivent donc « internationaliser » leur
économie. Pour pouvoir le faire, il faut commencer à intégrer la notion de
risque auprès des acteurs financiers et des banques chinoises, toute une
culture qu’elles n’ont pas en réalité.
Alors, quel est le meilleur moyen d’apprendre que de laisser les
entreprises en difficultés faire faillite ? C’est un peu ce qu’il se passe.
La Chine permet à tous ses agents économiques d’apprendre les risques de
marché. La Chine en profite aussi pour assainir certains pans de son
industrie.
C’est, comme souvent en Chine, de très bonnes stratégies avec une vision
de très long terme.
Le nombre de défauts de paiement sur les obligations en Chine a quadruplé
en 2018 par rapport à 2017, selon Bloomberg. Cette vague de faillites revient
en bonne partie à des entreprises «zombies», endettées et non rentables, qui
ne doivent leur survie qu’à des taux d’intérêt très faibles. Un analyste
chinois a commenté la situation pour Sputnik.
Bien que douloureuses, les faillites des entreprises « zombies », sociétés
très endettées qui ne parviennent à poursuivre leurs activités que grâce à
des subventions publiques, sont un processus d’évolution parfaitement
indispensable, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Bian Yongzu, du
centre des études financières à l’Université Renmin, en Chine.
« La guerre commerciale sino-américaine s’est évidemment répercutée sur
les chaînes de livraisons et les taxes sur la production de nombreuses
entreprises. […] C’est un problème sérieux et pas seulement pour la Chine.
Toute l’économie mondiale se trouve à présent dans une sorte d’incertitude »,
a indiqué l’interlocuteur de l’agence.
Et de reconnaître qu’une vague de défauts de paiement affectait les
créanciers.
« Pourtant, cela permettra d’assainir le système des finances, faisant en
sorte que les crédits et les décisions sur leur octroi revêtent davantage un
caractère de marché. Par conséquent, les structures financières pourront
envoyer leurs ressources à des entreprises plus prometteuses au lieu de les
disperser entre les « zombies » qui dévorent énormément de fonds »,
a souligné le Chinois.
Et de résumer que les entreprises « zombies » compromettaient la
rentabilité des structures de crédit. Aussi, la Chine entend-elle accélérer
l’élimination des entreprises « zombies » qui représentent un poids mort pour
la croissance économique et un risque en cas de remontée des taux.
Selon les observateurs, par le passé, Pékin continuait de maintenir à flot
des groupes incapables de rembourser leurs dettes, des millions d’emplois
étant en jeu. Désormais, luttant contre la prolifération des sociétés
zombies, Pékin laisse de plus en plus souvent d’entreprises faire faillite et
le nombre de nouvelles banqueroutes est remonté en flèche depuis juin 2018
après une première vague entre 2015-2016.
Source Sputnik.com ici