Alors que les indicateurs sont au vert, que les économies se portent
plutôt bien, de nombreux experts -et pas des moindres- s’attendent à une
correction importante des bourses dans les mois qui viennent. Certains
agitent même le spectre du Krach Boursier “2008”.
Donc évidemment, pour les facétieux qui ont déjà coché dans leur agenda le
7 janvier pour revenir ici m’indiquer que je me suis trompé dans mes
prévisions (prédictions ?), la période de 6 mois n’est pas inscrite dans le
marbre. Est-ce que ce sera dans 3 ou 9 mois ? Fin 2018 ou début 2019 ? On
verra bien. L’important, c’est de voir qu’ils sont vraiment nombreux à
trouver que le risque boursier est important.
Tout d’abord, il faut avouer que nous sommes dans ce que certains
économistes ont appelé un scénario à la “Goldilocks”. Vous
vous souvenez de cette comptine “Boucle d’or” qui choisissait la soupe “ni
trop chaude, ni trop froide” au grand dam des trois ours. Eh bien l’économie
mondiale est dans cette zone tempérée, ni en forte croissance (au
surchauffe), ni en récession. L’inflation est faible tout comme les taux
d’intérêt, le chômage est plutôt en baisse, les actifs poursuivent tranquillement
leur progression : immobilier mais aussi actions.
Ces scénarios “dans le vert” ne peuvent pas durer. C’est
la vie des cycles économiques. La machine devrait se gripper. Le bol de
soupe de Boucle d’Or, ni trop chaud ni trop froid va se renverser !
Selon des spécialistes interrogés par Le
Temps en Suisse, c’est la reprise non prévue de l’inflation qui
devrait sonner le tocsin de cette belle période économique. Quelques uns
estiment d’ailleurs que les premières alertes viendront des États-Unis où
l’économie tourne à plein régime. Or, des réformes fiscales ont été votées en
fin d’année 2017, le gain de pouvoir d’achat interviendra donc un an plus
tard. Et là, pour un moteur lancé à plein régime, un ajout d’énergie, c’est
la surchauffe assurée !
Correction des marchés, risque majeur !
Côté marchés, là aussi, depuis 2017, tout va pour le mieux. Il y a bien eu
la petite alerte de février 2018 mais finalement, très vite oubliée. Les
actions et les obligations ont repris leur petite marche en pente ascendante.
Cette situation n’est pas tenable. Le risque de correction brutale des
bourses est d’ailleurs considéré comme risque numéro 1 par l’AMF (Autorité
des Marchés Financiers) dans sa cartographie
des marchés financiers 2018 !
Sur quoi repose cette analyse des spécialistes des marchés financiers ? On
peut lire dans leur rapport :
Une correction du prix des actifs constitue toujours le premier risque
pour les marchés financiers. En effet, les niveaux de valorisation atteints
semblent objectivement élevés à la fois en perspective historique, mais aussi
au regard des fondamentaux selon toute une batterie d’indicateurs, à
commencer par les marchés actions américains.
Ce qui revient à dire que les entreprises sont sur-valorisées par rapport
à leur activité réelle. Or les investisseurs s’intéressent aussi aux
résultats des entreprises surtout quand ils ne sont pas en ligne avec les
prévisions. On peut donc s’attendre à ce qu’une annonce de rentabilité
moyenne, de chiffre d’affaires en baisse ou autre indicateur négatif de la
part d’une entreprise américaine provoque une chute de l’indice boursier. Or
comme le précise le rapport de l’AMF “toute correction sur ce segment se
propagerait très vraisemblablement au reste des marchés actions”.
Si vous voulez tout comprendre sur ce risque de Krach, vous pouvez
regarder la vidéo pédagogique produite par Le Monde : Un krach boursier en
2019, science-fiction ou prémonition ?
Les analystes rappellent d’autre part que le monde économique et politique
est en tension. D’abord en raison de la politique du Président Américain qui
bouleverse en permanence les équilibres commerciaux en remettant en cause les
accords entre grandes puissances. Mais aussi, plus proche de nous, le Brexit
qui s’annonce. On ne sait toujours pas si nous aurons droit à un scénario
“dur” ou à une solution négociée qui évite de créer des cassures dans les
échanges entre l’Europe et la Grande-Bretagne. Enfin, il y a l’Italie qui a
une dette abyssale qu’il sera difficile de couvrir si un scénario à la
grecque se dessine.
Et toujours un incompréhensible désintérêt pour l’or !
Enfin, on ne peut que s’étonner d’un total désintérêt
pour l’or depuis une petite année. Comme si les investisseurs hypnotisés
par ces placements qui “montent, qui montent” n’arrivaient pas à prévoir la
fin du cycle haussier.
Le World Gold Council ne peut que noter que pour la première partie de
2018, les
cours de l’or mais aussi de l’argent métal et des autres matières
premières ont pris le chemin inverse des marchés actions. On voit ainsi une
forte progression du Nasdaq et une forte chute des matières premières. Les
actions sont au top.
Mais jusqu’à quand ?
Évidemment, on peut donc s’attendre, en cas de krach boursier à une
inversion des courbes. Ce qui est étonnant, c’est que les investisseurs ne
souhaitent pas anticiper cette éventualité ? On en reparle dans 6 mois ?