Où
se trouve l’or de la Grèce ?
Les 111 tonnes d’or possédées par la
Grèce sont placées auprès de trois banques centrales que
sont la banque d’Angleterre, la banque de France et la réserve
Fédérale. De mon humble avis (la BRI n’oserait jamais
faire état d’une telle chose), l’or de la Grèce a
déjà été utilisé dans le cadre des swaps
or/devises qui ont eu lieu il y a deux ans et s’élevant à
plus de 500 tonnes d’or.
Il semblerait que ces swaps aient été mis en
place par des nations ayant éprouvé des difficultés à
obtenir de nouveaux prêts à des taux abordables. Les swaps
or/devises furent mis en place en tant que collatéraux, ce dont les
créditeurs avaient besoin pour faciliter de nouveaux prêts. En
tant que tel, la valeur de l’or concerné par ces swaps fut
évaluée bien au-delà de son prix de marché.
Lorsque la Grèce obtenait pour la première
fois un plan de sauvetage de la part de créditeurs Européens,
beaucoup ont pensé que les 111 tonnes d’or de la Grèce
étaient incluses dans le collatéral. La nation Grecque serait
donc aujourd’hui en danger de perdre son or.
Le fait que l’or Grec ne soit pas conservé
par la banque centrale de son propre pays signifie qu’il a
été placé entre les mains d’autres banques
centrales qui n’hésiteraient pas à le remettre aux
créditeurs de la Grèce.
Pourquoi
stocker l’or d’une nation à l’étranger
Il peut paraître surprenant qu’une
majorité des banques centrales de la planète ne conservent pas
l’or de leur pays dans leurs propres coffres. Les choses en ont
été ainsi tout au long de ce dernier siècle. Bien que la
réputation des trois banques centrales auprès desquelles la
Grèce a placé son or soit sans taches, compte tenu de
l’état financier du monde, il semblerait bien plus prudent pour
une nation de ne pas confier son or à une autre.
L’an dernier, le Venezuela s’est
inquiété de la sécurité de ses réserves
d’or avant de les rapatrier, ce qui est probablement la raison pour
laquelle le pays ne fait pour le moment plus partie de la liste des chouchous
des Etats-Unis. Son or était placé auprès de nombreuses
banques centrales, dont la banque d’Angleterre. Le président
Chavez, sur les conseils de sa banque centrale, a pris la décision de
rapatrier l’or de son pays. Les choses ne furent pas simples, mais
elles ont abouti. L’or du Venezuela est désormais en
sécurité et hors de portée de tous ceux qui pourraient
ne pas être très heureux des politiques de nationalisation du
pays.
L’une des principales raisons pour lesquelles un
pays devrait conserver son or est de pouvoir un jour le vendre pour
s’ouvrir l’accès à des prêts et au commerce
international, à une période où sa solvabilité et
sa devise ne sont plus acceptable en dehors de ses frontières. En
plaçant son or auprès de nations étrangères, un
pays risque de le voir saisi par d’autres. Nous avons récemment
pu voir l’Iran souffrir d’une situation similaire,
l’ensemble de ses avoirs étrangers ayant été
bloqués afin de forcer le pays à mettre fin à ses
activités d’exportation pétrolière. Qu’une
telle chose soit ou non justifiée, la vulnérabilité des
actifs de toute nation devrait être prise en considération par
chaque gouvernement et chaque banque centrale. Rendre ses actifs
vulnérables à la saisie représente, et c’est le
moins que l’on puisse dire, un acte de parfaite imprudence.
Si la Grèce devait utiliser son or pour couvrir une
partie de son défaut, alors elle ne pourrait le faire qu’au prix
du marché. La capacité des swaps sur l’or
d’utiliser un prix supérieur à la valeur marché ne
serait donc plus de rigueur. Selon moi, ce devrait être le devoir de
chaque banque centrale que d’utiliser les actifs de sa nation dans le
plus grand intérêt de cette dernière. Toute banque
centrale devrait donc conserver l’or de son propre pays, et non le
placer entre les mains de nations qui pourraient un jour le saisir pour
quelque raison que ce soit.
Que
se passera-t-il si la Grèce quitte l’Euro ?
La Grèce devrait bientôt se voir
forcée de quitter complètement l’union monétaire,
de la même manière que le faisait l’Argentine dans les
années 1990. Après tout, son manque de solvabilité
nécessitera tôt ou tard une dévaluation de sa devise. Une
telle chose ne pourra se produire tant qu’elle utilisera l’Euro.
En observant le passé, nous pouvons voir qu’il lui serait tout
à fait possible d’établir une Drachme d’une valeur
s’élevant à 50% de celle de l’Euro. Il se pourrait
également que le pays soit forcé de limiter fortement ses
exportations, après quoi nous pourrions assister à la naissance
d’une Drachme financière (peu importe le nom que la banque
centrale Grecque décidera de lui donner) ainsi que d’une Drachme
commerciale, du fait des contrôles qui seront mis en place afin de
protéger ce qu’il reste de viabilité financière
à la Grèce.
La Drachme commerciale serait utilisée pour les
activités d’importation et d’exportation et les
activités liées au tourisme. La Drachme financière
serait utilisée pour les flux de capitaux entrants et sortants. Je me
lancerai dans une explication plus détaillée de tout cela une
fois que la Grèce aura quitté l’Euro, mais pour le
moment, je dirai juste que cette dernière serait une devise capable de
fluctuer à hauteur de plus ou moins 30% par rapport à la
Drachme commerciale (disons 35% du taux de change de l’euro). Dans un
prochain article, nous verrons les avantages qu’aurait la Grèce
à utiliser un tel système.
Elle pourrait également mettre en place un
système de conversion de dette à l’intérieur de
ses frontières afin d’encourager l’investissement sur le
développement de projets et d’infrastructures en Grèce.
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