Je
parlais déjà en 1999 de l’approche d’un effondrement systémique dans le monde
développé, qui aurait de lourds impacts sur toutes les économies. J’ai
commencé à énumérer certains des « dominos » qui risqueraient de
tomber à son approche, et ai prédit que le « grand dénouement »,
comme on l’appelle, devrait se présenter sous dix ans. J’estimais à l’époque
que les deux premiers dominos, un effondrement du marché immobilier suivi
d’un effondrement du marché américain des actions, tomberaient dès 2005.
Cette
prévision était bien évidemment prématurée, puisque le premier de ces deux
effondrements s’est présenté en 2007. Il faut dire que je me sois quelquefois
trompé en matière de timing. Bien que les évènements aient été prédits
correctement, ils ne sont pas tous survenus au moment où je m’y attendais.
En
revanche, et malheureusement, mes prédictions liées aux évènements qui nous
mèneront à l’effondrement ont pour beaucoup été correctes.
J’ai
également émis la prédiction que, de la même manière qu’une boule de fils en
caoutchouc voit sa vitesse de rotation accélérer à mesure qu’elle se déroule
dans sa chute, les évènements du grand dénouement devraient se précipiter
plus rapidement à mesure que la situation s’aggrave. La sévérité de ces
évènements devrait également augmenter en parallèle à leur vélocité.
Aucun
des évènements que j’ai pu prédire et qui se sont déroulés n’a été le
résultat d’une bonne fortune ou n’a demandé un excès de réflexion. Mes
prévisions ont été basées sur la simple idée que l’Histoire se répète – que
ceux qui dirigent le monde font et refont les mêmes erreurs, parce que la
nature humaine ne change jamais. Tous ceux qui sont prêts à étudier
l’Histoire avec diligence et à réfléchir en termes contraires devraient être
capables de déterminer ce que nous réserve le futur.
En
1999, la simple idée que le monde puisse être en passe de traverser une
calamité économique sévère était considérée comme ridicule par la plupart des
gens. La triste réalité veut que la plupart des gens ne vivent que dans le
présent et ne remettent pas en question le futur au-delà de l’avenir
immédiat. Cette vérité est prouvée par le fait qu’une majorité de personnes
qui ont déjà traversé un certain nombre des évènements qui nous mèneront au
grand dénouement ne peuvent imaginer ce qui arrivera ensuite comme quelque
chose de plausible. Les gouvernements du monde finiront bien par trouver une
solution.
Mais
de plus en plus nombreux sont ceux qui ouvrent aujourd’hui les yeux, et
beaucoup d’entre eux se demandent quelles formes prendra l’effondrement à
mesure qu’il se développera. Quels en seront les symptômes ?
Les
évènements primaires sont quelque peu prévisibles : ils incluent
l’effondrement total des marchés des actions et obligations et une possible
déflation (notamment des prix des actifs) suivie d’une très importante
inflation, sinon hyperinflation (notamment du prix des marchandises), suivie
de l’effondrement de nombreuses devises majeures, dont l’euro et le dollar.
Les
évènements secondaires seront moins certains, mais ils pourraient inclurent
une hausse du chômage, des contrôles de capitaux, des tarifs douaniers et une
sévère dépression.
De
nombreuses surprises nous attendent en cours de route- comme des actions
prises par les gouvernements qui pourraient s’avérer tout aussi illégales que
sans précédent. Pourquoi ? Parce que de telles actions deviennent la
norme lorsqu’un gouvernement perd sa mainmise sur ceux qu’il perçoit comme
ses minions. En voici quelques exemples :
- Restriction des déplacements : qui prendra dans un premier temps la forme d’une
restriction des voyages à l’étranger, et d’un
suspension ou d’un
- retrait de
passeports (chose qui a dans une certaine mesure déjà commencé en Union
européenne et aux Etats-Unis). Ces restrictions seront ensuite élargies
aux pays frontaliers.
- Confiscation de capital : L’Union européenne a institué la confiscation des
comptes en banques de ses citoyens, qui pourrait devenir une forme
internationale de vol gouvernemental. Ce qui ne signifie pas
automatiquement que les autres actifs tels que les métaux précieux et
les propriétés immobilières seront aussi confisqués. La barrière de la
confiscation a toutefois été éliminée. Nulle raison de croire donc que
tous les actifs sont protégés des gouvernements qui approuvent le vol
par les bail-ins.
- Pénuries de nourriture : L’industrie alimentaire opère sur de très fines
marges de profit et ne survit que par le paiement rapide de factures. Si
une inflation importante se développait, les entreprises marginales
(fournisseurs, vendeurs au gros et détaillants) seront laissées en
bordure de chemin. Le pourcentage d’entreprises qui feront faillite
dépendra de la durée et de la sévérité de l’inflation.
- Rébellion des squatters : La forte hausse du nombre de saisies de domiciles
et d’entreprises entraînera une flambée du nombre de sans-abri et tous
ceux sont la dette excèdera la capacité à payer se retrouveront à la rue
– y compris ceux qui aujourd’hui s’en sortent bien. Une nouvelle classe
de sans-abris naîtra de l’ancienne classe moyenne. A mesure que cette
classe s’élargira, la propriété de grande échelle devrait se transformer
en une « possession » de grande échelle.
- Emeutes : Elles seront vraisemblablement spontanées en raison
des conditions citées plus haut, sans quoi les gouvernements les
créeront pour justifier leur désir de contrôle accru des masses.
- Loi martiale : Les Etats-Unis s’y sont déjà préparés avec la
mise en place du National Defense Authorization Act (NDAA)
en 2012, que beaucoup pourraient interpréter comme déclarant les
Etats-Unis un champ de bataille. Le NDAA permet l’abolition de l’habeas
corpus, la détention à durée illimitée et l’idée que tout résident
puisse être considéré un combattant ennemi. Une législation similaire
pourrait prendre forme dans d’autres pays qui perçoivent la loi martiale
comme la solution aux soulèvements populaires.
La liste
ci-dessous est volontairement concise – elle n’est qu’une série d’exemple
d’éventualités qui, si elles venaient à se présenter, le feraient sans crier
gare. A mesure que se développera le déclin, leur fréquence se fera de plus
en plus rapide.
Mais
tenter de déterminer ce que les gouvernements feront ou non à leurs citoyens
n’est rien de plus qu’un exercice de spéculation. En anticipant la
possibilité qu’un ou plusieurs des évènements ci-dessus se produise,
l’individu pourrait juger prudent d’éteindre la télé pour une soirée et de
réfléchir à ce qu’il ferait si les évènements ci-dessus se présentaient. (Une
fois encore, ces projections ne sont en rien une fantaisie. Elles sont ce que
mettent généralement en place les gouvernements lorsqu’un déclin se présente).
Plus
important encore, si un lecteur venait à conclure que la possibilité de voir
l’un de ces évènements se présenter est grande, il pourrait déterminer s’il lui
serait possible de vivre avec. Dans le cas échéant, il pourrait tenter de
déterminer combien de temps il lui reste avant que ces évènements se
présentent, et prendre des mesures pour y échapper.
Bien
qu’au travers du monde développé, nous entendions partout que « le monde
devient un enfer », ce n’est en réalité pas le cas. Bien que certains
pays soient en déclin, d’autres gagnent en puissance. A vous donc de juger si
vous serez les victimes des évènements à venir, ou si vous les utiliserez
comme une opportunité d’internationalisation.