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Il y a près de
cent ans, le système monétaire basé sur l'or,
établi librement par un processus millénaire, subissait les
premiers coups visant sa destruction par les divers gouvernements du monde.
Ceux-ci, en commençant par le Royaume-Uni et les États-Unis,
cherchaient ainsi un plus grand contrôle sur nos vies. Le socialisme
était alors naissant et le système monétaire basé
sur l'or rendait plus difficile à atteindre leur but de construire un
État fort.
D'un système
monétaire libre et juste à un système monétaire
politisé
Les hommes du
gouvernement ont donc détruit peu à peu ce système
monétaire pour le remplacer, dans les années trente, par un
système basé sur la livre anglaise et un taux de change fixe.
Toutefois, le protectionnisme étant vu comme une façon de
sortir de la crise, ils cherchaient en même temps à
accroître les exportations et à restreindre les importations en
dévaluant à répétition leur devise. La
façon la plus rapide de dévaluer une monnaie est d'en imprimer
à la tonne, c'est-à-dire créer de l'inflation et tenter
de l'exporter. Ces guerres économiques sont parmi les facteurs qui ont
généré la Deuxième Guerre mondiale.
En 1944, avec les accords de Bretton Woods, ils établirent un autre
système monétaire basé cette fois sur le dollar
américain mais toujours accompagné d'un taux de change fixe.
Autre problème: dans un tel système la valeur d'une devise ne
peut rester fixe que si les échanges sont abolis. Puisqu'ils ne
semblaient pas avoir pensé à cela, ils se sont vus dans
l'obligation de constamment manipuler le taux soi-disant fixe. En 1971, l'or
– qui gardait encore un rôle comme ancrage de la valeur de la
monnaie, même si celui-ci était secondaire – s'est vu
assener le coup de grâce. Deux ans plus tard, on établissait le
système actuel basé sur un taux de change variable.
Le taux est dit variable ou flottant à cause des fluctuations que les
devises subissent continuellement sur le marché des changes. Dans ce
système, une devise se transige comme les autres biens qui se vendent
librement, soit selon l'offre et la demande. La valeur d'une monnaie fluctue
selon les variations dans le ratio importations/exportations et les
différentiels d'inflation et de taux d'intérêt d'un pays
à l'autre. Chacun de ces facteurs est influencé par les hommes
de l'État qui favorisent, selon leurs humeurs, certains groupes
d'individus aux dépens des autres.
Il est intéressant de noter que lorsque le taux de change est dit
variable, nos dirigeants tentent de le rendre fixe, et lorsqu'il est dit
fixe, ils le manipulent à ce point qu'il est variable. C'est qu'ils
sont toujours à la recherche de l'inaccessible taux «
juste ». Ainsi ils peuvent bien parler de taux de change fixe ou
variable, mais certes pas de taux de change libre, car leurs manipulations
sont quotidiennes. Ils agissent ainsi dans le but de mettre en pratique leur
idée de la justice qui, elle, est véritablement variable.
Leur idée de la justice ne peut s'établir qu'en
dépensant l'argent des autres. Cet argent nous est confisqué
par les taxes et impôts, mais également par l'inflation. En
effet, puisque celle-ci encourage la consommation et décourage
l'épargne et l'investissement, plus ils créent de l'inflation,
plus ils arrivent à leurs fins alors que vous vous éloignez des
vôtres, à moins de n'avoir, comme eux, aucun projet à
long terme.
Cela leur permet également de rembourser à moindre coût
les énormes dettes (obligations) qu'ils ont contractées envers
vous pour payer leur consommation. Peu importe l'angle sous lequel on analyse
cette justice « sociale », on doit conclure qu'il
s'agit de destruction de richesse. Il ne faut donc pas se surprendre
lorsqu'ils nous disent que l'inflation est « normale »
et qu'il ne faut pas s'en faire.
Les politiciens ont ainsi détruit le seul système
monétaire viable, basé sur l'or, car il ne leur laissait pas la
marge de manoeuvre pour « régler », à
nos dépens, la Grande Dépression. Ils ont
préféré blâmer ce système et tout le monde
sauf eux-mêmes pour avoir causé cette dernière.
Comme les plus
importantes économies du monde sont mal en point et que le
système monétaire actuel n'a plus d'assise sur l'or, les
manipulations monétaires risquent de s'accentuer à court terme.
Déjà on constate la dévaluation du dollar
américain, alors que l'Union européenne, à son tour, est
à faire rouler à plein régime ses planches à
billets. Cela n'augure rien de bon. L'homme a la mémoire courte.
Si ce système s'écroule, en guise de consolation, nous pouvons
être certains que les hommes de l'État nous suggéreront
des coupables, le « marché » par exemple, car
ils sont maîtres dans l'art de la diversion. Si, toutefois, la
population commençait à douter de leur science, elle pourrait
exiger le rétablissement de l'or comme socle du système monétaire.
Il ne faut pas oublier que nos dirigeants ne sont là que par notre
consentement.
Comment
rétablir un système monétaire basé sur l'or?
Le système
monétaire classique fournit le meilleur moyen pour contrer le penchant
inflationniste naturel des gouvernements et une excellente façon de
maintenir la balance des paiements en équilibre. Si un pays augmente
sa quantité d'argent papier (celui-ci agissant alors comme substitut
de la véritable monnaie qu'est l'or), ses prix montent; les revenus
croissants qui en découlent stimulent les importations, car les biens
étrangers sont conséquemment moins chers que les biens
domestiques. À l'inverse, des prix domestiques élevés
découragent les exportations.
Le résultat est un déficit de la balance des paiements (plus
d'importations que d'exportations) qui doit être remboursé par
le pays inflationniste par une remise équivalente en or au pays
étranger partenaire de l'échange. Étant donné que
rares sont les gouvernements qui aiment voir « leur »
or quitter le pays, ils réduisent la quantité d'argent papier
en circulation, ce qui, à son tour, a pour résultat de diminuer
les prix. Les gouvernements sont donc ramenés à
l'équilibre des prix malgré eux. Dans un système
où la monnaie aurait été entièrement
privatisée et le système des réserves fractionnaires
aboli, les gouvernements n'auraient rien à faire et ces
équilibres se feraient par le simple jeu de l'offre et de la demande
de monnaie privée sur les marchés financiers. Les banques qui
créeraient trop de réclamations monétaires non garanties
par des réserves en or risqueraient en effet de perdre la confiance de
leurs clients et seraient ramenées à l'ordre.
Jusqu'en 1933, les devises étaient définies selon une
unité de poids de l'or. Par exemple, au cours du 19e siècle, le
dollar américain était défini comme étant 1/20
d'once d'or, la livre anglaise 1/4 d'once d'or et le franc français
1/100 d'once d'or. Ainsi, les taux de change n'étaient que la
proportion en or des diverses monnaies entre elles. La livre anglaise valait
donc 5$ américain et le franc français, 20 cents
américain. Ces valeurs relatives ne variaient pas.
C'est parce que l'or a une valeur en soi que les différentes monnaies
en possèdent une à leur tour. Cette réalité est
devenue illégale après que les hommes de l'État l'aient
ainsi déclarée. En 1933, aux États-Unis, l'or
appartenant aux individus fut confisqué, celui qui osait encore
l'utiliser dans des transactions étant passible d'amende. Il y eut peu
de protestations car les pièces d'or (la « petite monnaie
») avec lesquelles la majorité des gens transigeaient ont
été bannies dès 1914, et peu d'individus
possédaient de l'or en barre (grosse monnaie).
Les politiciens ont déclaré que leur monnaie fiduciaire (le
papier-monnaie) avait néanmoins une valeur, car elle serait «
garantie », d'où la fiducie. Garantie ou non elle devint
seule permise dans les transactions. L'or, de son côté, n'a pas
perdu pour autant sa valeur, seulement sa légalité comme moyen
d'échange. Pour ce qui est de la légitimité de l'une et
l'autre monnaie, elle est assez facile à identifier pour celui qui
veut bien laisser tomber ses oeillères. Puisque les hommes de
l'État créent la monnaie fiduciaire à volonté, sa
véritable valeur tient à la confiance que nous accordons
à ce papier auquel l'État donne sa bénédiction en
déclarant qu'il a « cours légal ».
La politique est comme la religion, il faut y croire pour que ça
marche.
Cet arnaque sans pareil réussit à tromper à peu
près tout le monde, car sa durée laisse croire à sa
rectitude. Ce système enrichit les uns au détriment des autres,
mais inévitablement, survient un moment où il appauvrit tout le
monde à grande échelle. Les hommes de l'État ont
réussi à s'en sortir en se faisant passer pour les sauveurs
d'un système qu'ils disaient corrompu. Lorsque le système
s'écroulera de nouveau, on peut envisager qu'ils accuseront leur bouc
émissaire favori, mais une chose est certaine, ils n'auront plus l'or
comme excuse. Néanmoins, on a tout intérêt à ne
pas attendre cette catastrophe annoncée pour prendre les
décisions qui s'imposent.
La première étape à suivre afin de rétablir l'or
comme moyen d'échange est de redonner une fois pour toutes aux
diverses monnaies une valeur liée au poids de l'or. Ensuite, les
banques centrales pourront être abolies et l'or remis au public au
poids fixé pour chaque devise. De bons arguments peuvent être
avancés afin d'attribuer la définition de l'or au prix courant,
soit environ 370 $ américain (500 $ CAN)
l'once troy, ou à un prix suffisamment élevé qui
permettrait aux banques centrales, au moment de leur liquidation, de payer
non seulement leurs dettes mais les dépôts encaissables sur
demande. Ce qui porterait le prix de l'or à quelques milliers de
dollars. En autant que son prix se retrouve dans cette marge, la
précision dans l'établissement de la valeur a moins
d'importance que les réformes nécessaires au retour d'une
véritable monnaie.
André Dorais
André
Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à
Montréal.
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