Le cash est en voie de disparition. Plus les pays sont
développés, plus cette évolution est rapide. Bientôt, il n’y aura plus de
billets, plus de pièces de monnaie pour payer. Les Etats veulent en effet mieux
contrôler les échanges. Et si finalement c’était une magnifique opportunité
pour l’or et les crypto-monnaies ?
L’évolution de la doctrine des Etats et des autorités de régulation vers une société sans cash date du début des années 2000. Une volonté de réduire le liquide, les espèces en circulation poussée par la crise financière des Subprime. Dans un livre publié en 2016, « the curse of cash » – la malédiction du liquide – Ken Rogoff professeur d’économie à Harvard explique que les banquiers centraux se désintéressaient de la monnaie sous forme de pièces ou de billets. Pour les responsables des banques centrales l’important ce sont les taux d’intérêt et la macro-économie. Autant dire que l’émission de billets ou de pièces, c’est un sujet éventuellement lié à l’inflation et encore.
La possibilité de taux négatifs
Pour Ken Rogoff les
espèces, le liquide, le cash, c’est avant tout le carburant de l’économie
souterraine. C’est utilisé par les mafias, les trafiquants mais aussi par les
fraudeurs fiscaux. C’est donc au-delà de l’aspect moral, un réel problème pour
les pays qui ne lèvent pas d’impôts sur ces activités. Il est aussi difficile
de contrôler les échanges « commerciaux » et donc de mettre fin à des
pratiques illégales.
L’autre thèse défendue par l’économiste c’est que la société sans cash ouvre la porte aux taux d’intérêts négatifs. En effet, depuis que nous sommes passés au principe de la monnaie fiduciaire, c’est-à-dire basée sur la confiance et non plus sur un étalon-or, c’est « la société tout entière » qui porte cette confiance. On doit avoir confiance dans la capacité d’un Etat à rembourser la dette (notre dette collective) mais aussi dans sa capacité à ne pas provoquer une dépréciation de nos actifs. Or des taux d’intérêts négatifs, c’est mécaniquement une diminution de la valeur de la monnaie. Evidemment pour le gestionnaire de la dette c’est plutôt positif puisque cela diminue le coût de la dette. Sans cash, plus de risque de panique, plus de peur du Bank Run avec les files d’attentes aux guichets pour récupérer en espèces le contenu de ses comptes bancaires.
Quand les banques bloquent les comptes : l’exemple de Chypre
Cette société sans cash
est rejetée par de nombreux acteurs économiques et particuliers. Ils reprochent
en effet aux Etats de vouloir limiter la liberté des individus. La société sans
cash, c’est l’assurance de la traçabilité des échanges et des dépenses. On voit
tous au quotidien la liste précise de nos achats par carte bancaire. Evidemment
notre banquier la connait aussi.
L’autre reproche, c’est de donner beaucoup trop de pouvoir au monde de la finance qui peut, en cas de crise ou de besoin, couper l’accès aux comptes des particuliers et des entreprises. La crise de Chypre en 2012/2013 est une illustration de ce risque. Un vendredi soir, ordre est donnée aux banques de ne plus distribuer d’espèces. Les distributeurs automatiques de billets ne fonctionnent plus pour les cartes bancaires locales, seuls les touristes ont encore un petit accès au cash avec leurs CB étrangères.
Le fonds de garantie bancaire pour quel montant ?
Pour rassurer les particuliers en France, le gouvernement a
mis en place le FGDR, le fonds de garantie bancaire et de résolution. Il assure
aux détenteurs de comptes bancaires de récupérer 100 000 euros en sept
jours ouvrables en cas de défaillance des banques. Mais ces détracteurs
affirment qu’il ne s’agit pas d’une protection « anti-Chypre ». En
effet, si une crise survient au niveau du pays tout entier, alors, les autorités
pourront toujours décider la « fermeture » des comptes en banque pour
éviter qu’une panique s’ajoute à la crise. Cette mesure protège uniquement le
citoyen d’une faillite d’un établissement bancaire isolé.
Les paiements en liquide limités
En France, le
paiement en espèce est très réglementé depuis 2015. Entre particuliers, il n’y a pas de limite sauf
qu’un écrit est recommandé par le ministère de l’économie et des finances dès
1500 euros. Pour un particulier vers un professionnel ou entre professionnels,
la limite est fixée à 1000 euros ! C’est un plafond vite atteint.
Même pour le
paiement de ses impôts et taxes, le paiement en liquide est limité à 300 euros.
Ajoutez à cela, l’obligation faite aux
banques de signaler tout mouvement au-delà de 10 000 euros vers l’étranger
et vous avez une bonne maîtrise des flux financiers dans un pays.
Les billets de 500 euros vont disparaître
Il est vrai qu’en France,
la culture n’est pas à la « grosse coupure ». En revanche, chez les
allemands, c’est une habitude. Le billet de 500 euros avait d’ailleurs été créé
pour remplacer le billet de 1000 marks. Depuis la fin 2018, le billet de 500
euros n’est plus émis, il disparaîtra donc rapidement.
La Suède pays sans cash
On estime que le cash aura totalement disparu en Suède en 2030.
En 2008 pratiquement la moitié des achats se faisaient en liquide, en 2016, les
couronnes suédoises sonnantes et trébuchantes ne sont présentes que pour 15%
des échanges.
Comment en est-on arrivé là ? Grâce au numérique et
notamment à une application qui permet les échanges de valeurs entre
particuliers ou professionnels directement de compte à compte…sans frais !
Résultat les espèces ne pèsent plus que 2% du PIB en Suède quand la moyenne est
de 10% dans la zone euro.
La limite de l’exercice ? L’appli en question, l’appli
Swish a été mise en place par les banques ! C’est-à-dire qu’elles contrôlent
totalement les échanges monétaires du pays. Que se passerait-il si une crise comme
celle de 2008 touchait à nouveau la finance et le système bancaire ? Comment
l’économie suédoise pourrait-elle fonctionner ?
Bitcoin et or piliers de l’économie sans cash ?
Si ce n’est pas le Bitcoin, cela peut être une ou plusieurs
autres cryptomonnaies. En effet, le principe, inventé après la crise de 2008
répond bien à toutes les exigences d’une société sans cash. Elle permet d’échanger
de la valeur sans passer par un établissement bancaire et pour l’instant, sans
trop de maîtrise des banquiers centraux. Donc dans une situation à la Chypre, Argentine
ou 2008, les échanges seraient toujours possibles.
Reste la problématique de la valeur de la cryptomonnaie. Pour l’instant volatile, trop souvent spéculative, elle n’offre pas la garantie et la confiance nécessaire. En revanche, l’or qui a une histoire, un vécu et un ADN forts dans l’histoire monétaire et du commerce peut servir de sous-jacent pour une crypto-monnaie. Un actif tangible, des pièces d’or, des lingots comme garantie d’une valeur numérique non contrôlée par une autorité centrale et le monde de la finance.
Ne serait-ce pas là la monnaie idéale ?