La loi de l’offre et de la demande est le socle de l’économie.
Et pourtant, les prix de l’or et de l’argent sur le marché à terme du Comex,
où des contrats papier représentant 100 onces d’or ou 5.000 onces d’argent
sont négociés, ne correspondent pas aux conditions véritables de l’offre et
de la demande sur le marché physique. Quatre années durant, les prix de l’or
et de l’argent ont chuté sur le marché à terme, malgré une hausse de la
demande en métaux physiques et une limitation accrue de l’offre.
Les transformations en termes de revenus ou de sentiment envers
un actif peuvent influencer la demande. Par exemple, si les gens pensaient
que leur devise fiduciaire allait perdre de sa valeur, la demande en or et en
argent grimperait.
Les transformations en matière technologique et de ressources
peuvent affecter l’offre. Les nouvelles découvertes de dépôts et les
améliorations technologiques qui profitent au secteur minier font grimper
l’offre. L’épuisement de mines existantes en entraine la réduction.
Pourquoi le prix de l’or baisse-t-il ? Deux
réponses possibles : la demande en or baisse, ou l’offre augmente.
Un déclin de la demande ou une hausse de l’offre
n’est pas ce que nous observons aujourd’hui sur les marchés physiques de l’or
et de l’argent. Le prix des métaux physiques sur le marché à terme a baissé à
mesure que la demande en métaux physiques a grimpé et que l’offre a fait
l’objet de lourdes pressions. Ce que nous observons sur le marché physique
indique une hausse de prix. Et pourtant, sur le marché à terme sur lequel une
grande majorité des contrats sont réglés en liquide et non en métal physique,
le prix est en baisse.
Le 7 juillet 2015 par exemple, l’atelier monétaire des
Etats-Unis a rapporté une « hausse significative » de la demande et
s’est déclaré en pénurie de Silver Eagles, dont les ventes ont été suspendues
jusqu’en août. Les premiums ont augmenté, mais le prix au comptant de l’argent
a perdu 7% pour passer à un record à la baisse depuis le début de l’année.
Comment expliquer une telle situation ? La presse
financière stipule que la baisse du prix des métaux précieux a engendré une
hausse de la demande en pièces. Aux yeux d’un économiste, cette explication
n’a aucun sens. Le prix n’est pas un déterminant de la demande, mais de la
quantité demandée. Une baisse de prix ne fait pas se retourner la courbe de
la demande. Si la demande grimpe, alors les prix grimpent, ils ne baissent
pas.
Il est
clair que la demande en métal physique reste élevée, et que la capacité à
satisfaire cette demande demeure limitée. Et pourtant, le prix des métaux sur
le marché à terme continue de baisser. La seule explication possible est la
manipulation.
Les prix des métaux précieux sont déterminés sur le marché à
terme, où des contrats papier représentant du métal physique sont échangés en
liquide. Ils ne sont pas déterminés sur les marchés sur lesquels sont
échangés des métaux physiques. Il est donc facile de faire grimper l’offre
sur les marchés à terme, sur lesquels les prix sont déterminés, en imprimant
davantage de contrats à nu. La vente à découvert de contrats à nu est un
moyen d’accroître artificiellement l’offre sur le marché à terme. L’offre de
contrats papier ne représente en rien une hausse de l’offre en métal
physique.
Un spéculateur rationnel qui se retrouverait face à une forte
demande et une offre limitée ne déciderait pas de vendre à découvert. Aucun
acteur rationnel qui déciderait de se débarrasser d’une grosse position sur
l’or ne se débarrasserait de ses contrats en une seule fois. Comment donc
expliquer les ventes à découvert massives survenues sur les heures ouvrables
les plus calmes ?
Les banques commerciales sont les principaux acteurs des marchés
à terme. Elles sont également les membres de compensation du Comex, ce qui
leur donne accès à des données telles que les positions des hedge funds et
les prix auxquels sont fixés les ordres de vente stop. Elles planifient leurs
ventes de positions à découvert non-couvertes pour générer des ventes stop,
puis couvrent leurs positions à découvert en rachetant des contrats à la
baisse, tirant ainsi un profit de leur manipulation.
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