Le 11
septembre 2001 n'a pas seulement eu des conséquences humaines dramatiques.
Cet événement fut particulièrement délétère pour les libertés civiles, notamment
aux États-Unis où la paranoïa n'a cessé de croître,
débouchant sur une augmentation des compétences de la NSA (National Security
Agency), l'agence chargée d'intercepter les communications. Aujourd’hui, ce
phénomène s’est répandu dans bien des pays – notamment la France – au plus
grand mépris des libertés individuelles et civiles.
Il y a
maintenant deux ans, Edward Snowden dénonçait le programme de renseignement
américain de surveillance électronique des personnes vivant hors des
États-Unis. Mais ce n'était pas tout : le Conseil européen et le siège
des Nations unies y étaient également visés.
Ce programme
exclut ouvertement la compétence de l'autorité judiciaire, avec les dangers
que cela implique, notamment en termes de séparation des pouvoirs, notion
fondamentale devenue illusoire dans ce pays. Les moyens mis en œuvre sont
particulièrement perfectionnés.
De façon peu
surprenante, il a également été révélé que le Royaume-Uni, avait un programme de surveillance assez similaire.
Le programme
américain montre également les dangers du « capitalisme d'État »
puisqu'on a pu constater que certaines sociétés américaines, dociles en la
matière, se sont pliées au diktat de la NSA, contre une indemnisation
substantielle : Google, YouTube, Yahoo!, Apple...
Politiquement
parlant, les révélations de Snowden ont suscité un tollé, notamment au sein
de la Commission européenne qui s'est alors interrogée sur l'opportunité de
poursuivre les négociations concernant le traité transatlantique.
Pourtant la Belgique
y va aussi de ses surveillances par le biais de son opérateur national, Belgacom. À ceux qui pensent que seules des
entreprises privées sont amenées à se déshonorer en acceptant les pots-de-vin
de la NSA, il convient de rappeler que l'État belge est toujours
l'actionnaire majoritaire de Belgacom...
Et en France,
quelle a été sa réponse du président François Hollande ? Après s’est
montré indigné, il a permis le vote de la dangereuse loi de programmation
militaire qui, à l'image de ce qui se fait aux États-Unis, exclut la
compétence du juge. Les services du Parquet de Paris n'ont pas été tellement
plus courageux en laissant mourir les
plaintes de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et la Fédération
internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) suite à l'espionnage
des services secrets américains. Une nouvelle preuve du manque d'indépendance
du Parquet, malgré les promesses électorales
de François Hollande ?
Y a-t-il déjà
eu, dans l'histoire politique récente de la France, un président de la
République plus atlantiste que François
Hollande ?
Mais ce n'est
pas tout : Le Monde – et saluons, pour une fois, l'excellent
travail journalistique du célèbre quotidien français – vient, une nouvelle
fois, d'attirer l'attention de ses lecteurs sur les petits
secrets français en matière de renseignement.
Un article
était déjà paru sur ce thème le 4 juillet 2013 : Jacques Follorou et
Franck Johannès détaillaient ce qu'ils
appelaient à très juste titre le Big Brother français. La NSA n'était
ainsi pas la seule à s'adonner à des pratiques illégales. Les moyens injectés
dans ce Big Brother français sont impressionnants : les données
électromagnétiques émises par les ordinateurs et les téléphones portables
sont ainsi interceptées et stockées pendant des années. Mais, comme
l'indiquaient les auteurs, si seule la DGSE (Direction Générale de la
Sécurité Extérieure) y avait accès, cela serait inquiétant mais peut-être pas
alarmant.
Or, les
auteurs de l'enquête montrent que les douanes – pour ne citer qu'un exemple
non isolé – y puisent également les informations qui les intéressent. Les
membres du Parlement français – censés représenter le peuple – seraient au
courant de ce scandale liberticide.
L'argument de
la lutte contre le terrorisme est évidemment sempiternellement utilisé en
bouclier contre les critiques. Les régimes totalitaires ont toujours un
prétexte pour assiéger leur population : le Grand
Dessein mérite bien quelques sacrifices...
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