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John Maynard Keynes, l’immoral – partie I

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Extrait des Archives : publié le 28 février 2016
2395 mots - Temps de lecture : 5 - 9 minutes
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Rubrique : Fondamental

John Maynard Keynes est né en 1883 et mort en 1946. Henry Hazlitt est né en 1894, onze années après Keynes, et a vécu bien plus longtemps, pour mourir en 1993. Leurs vies et allégeances sont aux antipodes l’une de l’autre, particulièrement en termes de choix et de convictions personnelles dans le cas d’Hazlitt, ou d’absence totale de ces derniers pour Keynes.

Keynes est devenu l’économiste le plus célèbre du XXe siècle et le grand gourou qui a inspiré des milliers d’expériences économiques ratées et continue d’en inspirer aujourd’hui. Il est le Svengali qui a contre toute attente su convaincre le monde que l’épargne est une mauvaise chose, que l’inflation peut nous guérir du chômage, que l’investissement doit être socialisé, que les consommateurs sont des idiots dont les intérêts doivent être ignorés, et que le capital peut être accru grâce à une politique monétaire de taux d’intérêts à zéro pourcent – et par là même mis sens dessus-dessous les siècles de dur labeur d’autres économistes.

Keynes avait tous les privilèges imaginables, et tout le pouvoir et l’influence dont pouvait rêver un intellectuel de son temps. Et il les a utilisés de manière irresponsable au service de l’Etat.

Hazlitt était son contraire. Il ne venait pas d’un cercle privilégié, n’a pas jouit d’une éducation prestigieuse, et ne connaissait pas les bonnes personnes. Il venait de nulle part et a su monter les échelons par sa force intellectuelle et sa détermination morale.

Hazlitt a fini par devenir l’une des grandes voix du marché libre au XXe siècle, a écrit pour autant de tabloïdes que possible et a dédié son talent de penseur et d’écrivain à la défense du marché libre. Il a démontré la justesse de la pensée économique classique qu’ont peaufinée les Autrichiens, a prouvé que la monnaie est essentielle à la liberté, que les signes du marché permettent une coordination économique, et que partout, les politiques des gouvernements sont les ennemies de la liberté et de la prospérité.

Le grand livre d’Hazlitt, Economics in One Lesson, écrit l’année de la mort de Keynes, résume l’économie en un principe simple qu’il applique à toutes les politiques gouvernementales. Il est clair comme de l’eau de roche, et peut être lu par n’importe qui. Il vise à achever le rêve de Mises qu’est de placer l’économie à la portée de tous.

La plus grande œuvre de Keynes est sa Théorie Générale, que très peu ont pu lire en raison de sa complexité qui en fait quasiment un livre écrit en langage codé. Mais il n’a pas été écrit pour tout le monde. Il a été écrit pour les élites par un membre de la classe intellectuelle. Plus important encore, il a été écrit dans l’objectif d’impressionner les élites par son style convoluté et contradictoire qui vise plus à l’intimidation qu’à la compréhension. Son succès n’est autre que l’incroyable histoire de l’embarras d’une profession suivi de la mise en dérision du monde. S’il existe encore des gens qui croient en la théorie de Whig de Murray Rothbard – l’idée que l’Histoire ne soit plus que le progrès de l’Humanité vers la vérité – le succès de la Théorie Générale devrait suffire à leur faire changer d’avis.

Si je devais parier sur lequel de ces deux livres aura la plus grande longévité, je miserais sur celui d’Hazlitt. Hazlitt est mort sans notoriété. A dire vrai, ses jours de gloire ont atteint leur apogée à l’époque où il est devenu éditeur pour le New York Times. Lorsqu’on lui a annoncé qu’il devrait écrire un éditorial pour la défense du projet de Keynes pour Bretton Woods, il a rendu son tablier. Treize ans plus tard, alors journaliste pour Newsweek, il a écrit une réfutation ligne par ligne de la théorie de Keynes. C’est de loin sa plus grande œuvre, qui n’attendait que d’être écrite. Lui seul en avait ressenti le besoin. Elle continue de nous servir de manuel pour les erreurs du gouvernement.

Hazlitt et Keynes avaient tous deux un fort penchant pour la littérature et la philosophie, mais se sont finalement tournés vers l’économie. Les deux étaient en position de faire un choix de paradigme théorique au vu des évènements politiques et intellectuels de leur temps. Les deux étaient des intellectuels. Ils se considéraient l’un comme l’autre être des libéraux, dans le sens où ce terme était utilisé avant le New Deal, et se disaient favoriser les Droits de l’Homme, la liberté des échanges et l’ouverture des sociétés.

C'est dans cet esprit que Keynes a écrit une dénonciation du Traité de Versailles et de ses termes sauvages envers l’Allemagne après la guerre. Il défendait le libre-échange et se liait à la défense de cette cause. Malheureusement, cette passion qui lui venait de l’amour de l’ancien monde pour la liberté, était incompatible avec son agenda qui, selon lui, était son droit de naissance. Son agenda était de régner sur le monde grâce à ses connections avec les puissants. L’humilité qui était au cœur de la profession d’économiste au XIXe siècle – celle d’embrasser le principe du laisser-faire – était complètement absente de sa ligne de pensée.

Keynes est né parmi l’élite dirigeante d’Angleterre. Son père, John Neville Keynes, et le bon ami de son père Alfred Marshall, étaient des personnages puissants de l’Université de Cambridge. Ils l’ont pris sous leur aile et introduit aux bonnes personnes. Puis le temps est venu pour lui d’intégrer la société secrète des intellectuels du monde anglophone. Ce groupe se faisait appeler les Apôtres, et c’est lui qui est à l’origine de ses idées et de son approche de la vie. Le groupe a été formé en 1820 et comptait parmi ses rangs certains membres de la classe dirigeante britannique. Ils se réunissaient chaque samedi soir sans faute, et passaient le plus clair de leur temps en la compagnie de leurs confrères. Ils en étaient les membres à vie.

Il est impossible de surestimer l’arrogance intellectuelle extraordinaire de ce groupe. Ils faisaient référence à leur société comme à tout ce qu’il restait de réel dans le sens kantien, et percevaient le reste du monde comme une simple illusion. Keynes, alors qu’il était étudiant, a écrit ceci à l’un des membres du groupe : « Est-ce de la monomanie – cette supériorité colossale que nous ressentons ? J’ai le pressentiment que le reste du monde, en dehors des Apôtres, ne voit jamais rien du tout, qu’il est trop stupide ou trop méchant ».

Au temps de Keynes, comme l’ont expliqué ceux qui ont étudié ce groupe, les Apôtres étaient dominés par une philosophie qui comprenait deux traits principaux : premièrement, ce qui tenait le monde ensemble et le poussait vers l’avant était l’amitié et l’amour que ressentaient les Apôtres les uns pour les autres, ainsi que l’idée qu’aucun autre principe ne comptait vraiment, et deuxièmement, un dédain intense pour la religion et les valeurs, les institutions, les idées et les goûts bourgeois.

C'est à cette époque que Keynes a rencontré G.E. Moore, membre des Apôtres et philosophe à Trinity. Sa plus grande œuvre est Principia Ethica, publiée en 1903, qui est une attaque philosophique des principes fixes et une défense de l’immoralité. C’est ce livre qui a complètement changé Keynes. Il l’a décrit comme « excitant, le début d’une renaissance, l’ouverture des yeux des habitants de la Terre ». C’est ce livre qui l’a poussé à croire qu’il était possible de rejeter complètement toute forme de moralité, de convention et de tradition. Il peut être considéré comme un prototype de son travail à venir.

Ces mêmes valeurs ont trouvé leur chemin jusqu’au groupe Bloomsbury que Keynes a rejoint après avoir terminé ses études. Comme l’ont dit de nombreux historiens de l’époque, il était la plus grande force culturelle et intellectuelle en Angleterre dans les années 1910 et 1920. Il ne se reposait pas sur la science mais sur l’art et le renversement des standards victoriens au profit du courant avant-gardiste. La contribution de Keynes aux efforts du groupe étaient principalement financière, puisqu’il avait fait fortune en tant que spéculateur et dépensé énormément d’argent pour défendre la cause du groupe Bloomsbury. Il a également introduit les membres du groupe au monde de la finance et de l’économie.

En discutant de l’immoralité et le rejet des principes appliqués à l’économie, Rothbard a attiré l’attention sur la vision qu’avait Keynes du libre-échange. En tant que bon Marshallien, il en était un partisan au début de sa vie publique. Puis soudainement, en 1931, tout a changé après la publication d’un article qui demandait un protectionnisme et un nationalisme économique, le parfait contraire de ce qu’il avait prôné jusqu’alors. La presse l’a ridiculisé pour son retournement d’opinion, mais ça n’a jamais dérangé Keynes, qui en tant qu’Apôtre et champion de l’immoralité, prétendait qu’il n’y avait là aucune contradiction qui méritait d’être soulevée. Il pensait pouvoir adopter la position qu’il voulait quand à n’importe quel sujet, et pouvait vivre sa vie sans standards ni règles. Il était toujours prêt à modifier son opinion en fonction de la constellation politique et ne s’efforçait jamais de s’expliquer.

C’est précisément en raison de cette tendance à changer de point de vue en un clin d’œil que les critiques ont commencé à en avoir assez de lui. Hayek a passé le plus clair de son temps à réfuter ses théories sur de nombreux sujets, notamment son livre sur la monnaie, simplement pour le voir ignorer ses critiques sur le principe qu’il avait déjà changé d’opinion. Il était un partisan de FDR et appelait les gouvernements à adopter le New Deal. Mais lorsqu’il s’est vu poser des questions relatives au National Industrial Recovery Act, il est revenu sur ses paroles et a déclaré qu’il s’était trompé. Son opportunisme était palpable et exaspérant.

A mesure que la Dépression prenait place, il a commencé à se voir en héros philosophe du monde économique, et s’est mis à conseiller les gouvernements en matière de politique. Sa cible première était l’étalon or, qu’il percevait comme la relique d’une époque depuis longtemps révolue, le symbole ultime de l’ère victorienne, l’incarnation monétaire de la moralité, la limite à la capacité des gouvernements à manipuler l’économie et, de son point de vue, l’ennemi de tout ce qu’il espérait pouvoir accomplir. Il avait longtemps auparavant écrit qu’une « préférence pour une devise de réserve stable était une relique d’un temps où les gouvernements étaient moins fiables qu’ils ne le sont aujourd’hui ». En d’autres termes, il pensait que l’or n’était non seulement pas nécessaire, mais aussi un obstacle aux ambitions des économistes.

Venons-en maintenant à parler de sa Théorie Générale publiée en 1936. Laissez-moi introduire ce livre par une question. Qu’appellerions-nous une personne qui pense que les politiques du gouvernement puissent éliminer complètement la rareté du capital ? Une majorité des économistes du passé et du présent appelleraient cette personne une imbécile heureuse. Le problème économique auquel s’attaquent les théories économiques est la rareté du capital. L’idée que nous soyons capables d’imaginer un système dans lequel la rareté n’existerait pas revient à dire que le gouvernement puisse être capable de créer une utopie permanente en appuyant simultanément sur quelques boutons. Voilà qui revient à croire en une contrée magique et lointaine. Ce n’est là que la manifestation d’un échec cuisant de comprendre la réalité.

Et pourtant c’est précisément ce que Keynes a achevé au travers des politiques qu’il a promues dans sa Théorie Générale. Son idée était de créer une terre de bonheur universel en 1) portant les taux d’intérêts à zéro pour 2) achever l’euthanasie de la classe des rentiers – c’est-à-dire de ceux qui vivent d’intérêts et 3) éliminer ce qu’il considérait être l’aspect exploiteur du capitalisme, celui qui récompense les investisseurs pour leur sacrifice.

Comme il l’explique, porter les taux d’intérêts à zéro signifierait -

- l’euthanasie des pouvoirs oppresseurs des capitalistes et de leur capacité à exploiter la valeur rare du capital. Les intérêts ne récompensent aujourd’hui plus aucun sacrifice réel, pas plus que le fait la rente de la terre. Il n’y a aucune raison intrinsèque pour laquelle le capital devrait être une rareté. La raison intrinsèque de cette rareté, dans le sens d’un sacrifice réel qui découle de l’offre de récompense sous forme d’intérêts, ne peut exister sur le long terme… Je perçois donc l’aspect rentier du capitalisme comme une phase transitionnelle qui disparaîtra quand son moment sera venu.

Comme vous pouvez le constater, Keynes avait une vision bien plus extrémiste que ce que les médias nous laissent entendre. Et la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, notre épargne qui ne nous rapporte rien et les taux d’intérêts fixés à zéro pourcent à perpétuité, ne sont que la réalisation du plus sombre des rêves keynésiens.

Pour ce qui est de la contribution du livre à la théorie, Rothbard écrit que la « Théorie Générale n’a rien de révolutionnaire, et n’est rien de plus qu’un amas de théories mercantilistes et inflationnistes depuis longtemps réfutées vêtues de nouveaux vêtements, fleuries par un jargon nouveau et largement incompréhensible ».

Mises a ajouté que même les idées déjà réfutées de Keynes n’avaient rien de nouveau. « La Théorie Générale de Keynes n’a en rien inauguré une nouvelle ère de politiques économiques, mais a marqué la fin d’une époque. Les politiques recommandées par Keynes étaient déjà en passe de laisser transparaître leurs conséquences inévitables, et leur continuation deviendrait bien vite impossible ».

Ce dont avaient besoin les mauvais économistes était du secours d’un intellectuel prestigieux, et c’est précisément là le rôle qu’a joué le livre de Keynes. Les gouvernements du monde l’ont accueilli à bras ouverts. Quant à son succès auprès des économistes eux-mêmes, d’importantes raisons sociologiques sont à soulever. Le langage de Keynes était majoritairement impénétrable. Il a fardé chaque page de nouveaux termes. Plutôt que d’être un désavantage, c’est souvent là un avantage pour une profession qui ne sait plus où elle en est.

Keynes voulait séparer le monde en deux classes distinctes : les consommateurs abrutis dont le comportement est déterminé par des forces extérieures, et les épargnants qui sont une menace pour la croissance économique. L’objectif des politiques gouvernementales était donc de diriger le premier groupe vers un nouveau comportement et de détruire le second. Toutes ses théories suivent ce principe de base. Voilà qui explique son mépris pour l’étalon or, le capitalisme traditionnel et le système de prix en tant que mécanisme de production et d’allocation de ressources.

 

A suivre…

 

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