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Le CDI est mort, vive le CDI !

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Publié le 19 décembre 2011
883 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

On en parlait beaucoup voici quelques années, il fait aujourd'hui son retour dans le débat public. Promesse de campagne du candidat Nicolas Sarkozy en 2007, le contrat de travail unique (CTU) fera de nouveau parler de lui dans les mois à venir. Et le récent rapport de l'Institut Montaigne, qui défend l'assouplissement du contrat à durée indéterminée (CDI) en même temps que son universalisation, n'est pas pour rien dans cette réapparition.


Pour le Figaro, le CTU signifie la mort du contrat à durée déterminée (CDD) et le CDI pour tous. « C'est plutôt l'inverse », rétorque-t-on à gauche. Deux analyses pertinentes, selon que l'on adopte un point de vue juridique ou économique. Qu'en est-il exactement, et quel serait l'impact réel du CTU sur l'emploi en France ?



Derrière le slogan, une réalité complexe


Le CTU, un CDI pour tous ? La réalité est plus complexe, l'universalisation du CDI présupposant la disparition du CDI tel que nous le connaissons aujourd'hui. Car si le CDI devenait, demain, le seul contrat possible, ce serait au prix des changements proposés par l'Institut Montaigne.


L'un des changements les plus importants serait la possibilité de modifier unilatéralement certaines clauses du contrat. Ainsi il ne s'agirait plus de différencier les CDI des CDD (qui représentaient 80% des contrats signés au dernier trimestre 2009), mais de distinguer les différents types de CDI selon leur degré de flexibilité et le contenu des clauses pouvant être modifiées.


Les juristes ne tarderaient pas à évoquer trois types de contrats : « plutôt rigides », « plutôt flexibles », « relativement équilibrés ». Classification que les partenaires sociaux complèteraient par une distinction entre les contrats « favorables à l'employeur », les contrats « favorables au salarié », et enfin – mais plus rarement sans doute – les contrats « relativement équilibrés ». A peine disponible en rayon, le contrat unique existerait déjà en neuf coloris, voire plus.


Ne surestimons donc pas la simplicité du dispositif. Ni ses vertus égalisatrices. Car si le contrat de travail unique décristallise la distinction entre les contrats précaires (à durée déterminée) et les CDI, il ne peut rien contre des phénomènes socio-économiques comme l'accumulation des « petits boulots » ou, à l'extrême opposé, la productivité décroissante des « planqués ». Le CTU, nouveauté essentiellement juridique, aura peu d'impact sur la réalité économique.


Aussi, contrairement à ce que sous-entend le rapport de MM. Cahuc et Kramarz publié en 2004, l'universalisation du CDI ne facilitera ni ne compliquera l'accès au logement : bailleurs et banquiers apprendront comme tout le monde à faire le distinguo – plus qu'ils ne le font déjà – entre le CDI du cadre ou du fonctionnaire et celui du travailleur saisonnier. On change les mots, pas les choses.



La notion d'objet initial défini


L'autre innovation importante mentionnée par l'Institut Montaigne serait la notion d'objet initial défini. Nouveauté de prime abord ingénieuse : si A emploie B pour réaliser un certain travail, il paraît logique que le contrat arrive à échéance dès lors que le travail est réalisé. La durée du contrat de travail unique dépendrait donc du progrès de la mission confiée au salarié et serait, à ce titre, indéterminée.


En ce sens, évoquer l'universalisation du contrat à durée indéterminée est tout à fait justifié. Mais le principe de l'objet initial défini peut-il, lui, être universalisé ?


Quel serait, par l'exemple, l'objet initial défini du vigile, de l'employé de rayon ? C'est une première objection.


D'aucuns diront que « la réalisation d'une étude statistique en x jours » est un objet initial défini – mais réintroduire une dimension temporelle dans l'objet du contrat ne revient-il pas à maquiller en CDI de vulgaires CDD ? C'est une deuxième objection, d'autres sont possibles.


En outre, l'objet initial défini est-il compatible avec le mécanisme de la rémunération horaire ? Car combiner les deux, c'est favoriser les comportements les plus malhonnêtes : si j'ai la garantie d'être payé aussi longtemps que le travail n'est pas terminé, pourquoi me priverais-je de faire en cinq jours ce que je peux faire en cinq heures ? N'en déplaise à l'Association Nationale des DRH, ce fonctionnement n'est pas moins désincitatif que le fait de savoir à l'avance quand le contrat arrive à son terme.


À ce premier effet pervers s'en ajouterait un deuxième : soupçonnant ses salariés de travailler moins pour gagner plus, l'employeur pourrait tester sur eux de nouvelles formes de management, relevant plus de la surveillance que de l'encadrement, et portant in fine préjudice tant au salarié qu'à l'entreprise elle-même. Exiger par exemple des salariés qu’ils fassent constamment la preuve de leur  motivation peut en effet instaurer un climat de méfiance et inciter au mensonge, ce qui ne favorise ni la circulation de l’information au sein de  l’entreprise, ni la productivité du personnel.


Plus qu'un quelconque acharnement sur les plus démunis, l'inefficacité prévisible du CTU contre les emplois précaires trahit l'impuissance du législateur face à la complexité des phénomènes sociaux, comme en témoignent les effets pervers évoqués plus haut. C'est une leçon d'humilité.


C'est aussi une incitation à s'interroger sur la situation de l'emploi en France et sur les raisons pour lesquelles la précarité est devenue la norme. Une précarité qu’expliquent non seulement les obstacles au licenciement, mais encore et surtout le poids des charges sociales sur les entreprises et, partant, sur leurs salariés.


 

 

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Nils Sinkiewicz est le principal rédacteur du blog catholique et libéral "Marché Gris", qui propose au public analyses et réflexions sur l'actualité socio-économique
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L'absurdité de la situation ne semble choquer personne. Au moment où les repères sociaux habituels explosent, pour de multiples raisons, la France se crispe sur des débats d'un autre age, et sur la tentative habituelle de trouver une taille qui aille à tout le monde.

Bien évidemment, pas plus que les 35 heures ou la retraite à 60 ans, le système n'a le moindre sens et fait fi des besoins des personnes et des entreprises. Il devra être bricolé et amendé pour tenir, ce qui justifiera des millions d'heures de juristes, juges, avocats, syndicalites, directeurs du personnels, inspecteurs du travail, etc, etc, tous emplois tout à fait honorables, mais pas exagéréments productifs.

Le modèle social français, j'imagine.

Et pendant ce temps les Chinois travaillent...
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FLYTOX - 19/12/2011 à 07:46 GMT
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