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Cours Or & Argent

« L’offre crée sa demande » : une interprétation erronée de la loi des débouchés de Say

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Publié le 14 février 2014
743 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Le pacte dit de « responsabilité » présenté par le président François Hollande lors de sa conférence de presse du 14 janvier laisserait entendre un changement de stratégie dans l’économie politique du gouvernement. Elle se traduirait par l’abandon des politiques keynésiennes de relance de l’économie par la consommation. Plus précisément, les commentateurs de ce discours mettent en avant ce qui serait une politique de l’offre du président plutôt qu’une politique de  la demande. La phrase clé en serait: « l’offre crée même sa propre demande. » Dans cette formule, plusieurs économistes ont pensé reconnaître la « loi des débouchées » de l’économiste français Jean-Baptiste Say et se sont empressés d’alerter le public de la possibilité d’un tournant libéral des politiques économiques du gouvernement socialiste.


Il est donc important d’apporter quelques précisions pour rassurer les économistes en question. Il ne peut pas y avoir de tournant libéral derrière une formule que les libéraux ne semblent pas comprendre eux-mêmes. Il s’agit en réalité d’une fausse interprétation de la loi des débouchés de Say, souvent répétée par les enseignants du lycée et du supérieur et reprise comme telle – semble-t-il – par les auteurs du discours prononcé par François Hollande. Il est intéressant de noter que cette formulation erronée a été propagée par John Maynard Keynes, qui l’emploie dans l’introduction et le deuxième chapitre de son influent ouvrage publié en 1936 (The general theory of employment, interest, and money) dans l’objectif de travestir la pensée de Say.


Il suffit pourtant de lire attentivement le chapitre XV du Traité d’Economie Politique de Jean-Baptiste Say pour comprendre à la fois la pertinence de la loi et la mauvaise interprétation keynésienne qui en est faite. Say élabore sur plusieurs pages l’argument selon lequel  « un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur ». Il faut donc bien comprendre que d’après Say, « l’offre ne crée pas sa propre demande » mais que la vente d’un produit permet de faire une offre pour un autre produit, d’un prix équivalent, ce qui est évidement incontestable, même par Keynes.


Ainsi, en lisant l’ouvrage de Say, il est de bon sens d’admettre qu’il faut produire pour consommer car l’on ne peut logiquement s’enrichir qu’en produisant des biens ou des services qui sont désirés par d’autres personnes. Si l’on consomme en revanche sans produire, on ne fait que s’appauvrir puisque l’on réduit ses revenus en proportion de sa propre consommation. Lorsque une intervention publique stimule la consommation (comme le propose Keynes), elle  ne fait qu’écouler (plus rapidement et à des prix plus élevés qu’autrement) les bien qui ont déjà été produits. Certes, ces achats lancent en même temps des signaux aux producteurs pour produire davantage, mais ils s’avéreront faux dès lors que l’intervention publique ne pourra plus les soutenir. Or de toute évidence les subventions ne peuvent pas durer indéfiniment. Au lieu d’encourager une demande artificielle qui augmente les prix et reste insoutenable à long terme sans l’aide publique, Say montrait donc dans son fameux chapitre que la productivité est la meilleure manière d’assurer une croissance durable à long terme.


Ainsi on comprend mieux pourquoi l’interprétation keynésienne de la loi de Say est erronée. En parlant de la « demande » et de la « consommation » en général, l’interprétation de Keynes ne tient pas compte de la productivité effective, ni de l’utilité et de la valeur des biens produits, qui ne seront établies que si les biens en question trouvent réellement des acheteurs. Les biens produits qui ne trouvent pas d’acheteur sont des biens gâchés, comme tous les biens qui sont produits dans les programmes de relance keynésiens.


On peut donc conclure que dans la mesure où le gouvernement n’a pas su se débarrasser de ses préjugés keynésiens sur le plan rhétorique, il est peu probable que la mise en œuvre de ce discours y réussisse davantage. Ainsi, la proposition du pacte de responsabilité restera sans doute vaine. Car lorsque la diminution des charges sociales promise dans le cadre du pacte provoquera une augmentation du déficit de la sécurité sociale, il s’agira alors de lever d’autres impôts, sous d’autres noms. En effet, le discours prononcé le 14 janvier est loin d’être libéral et il reste cohérent avec l’obsession d’Arnaud Montebourg qui consiste à mettre l’industrie française davantage sous perfusion (à travers des subventions) en pensant naïvement que produire coûte que coûte des produits français augmentera miraculeusement la consommation et donc la richesse.


 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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"Ainsi, la proposition du pacte de responsabilité restera sans doute vaine. Car lorsque la diminution des charges sociales promise dans le cadre du pacte provoquera une augmentation du déficit de la sécurité sociale, il s’agira alors de lever d’autres impôts, sous d’autres noms."
Tout est dit !
De toutes manières, tout tourne autour de la "Sécu" que personne n'a jamais eu le courage ni de remettre en cause et encore moins de mettre en concurrence.
Tout le reste n'est que du bla-bla.
Quant à Nono Monte-Bourre, il est plus attractif en manequin qu'en ministre !
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@merisier

Pour ce qui concerne le mannequin, bof! Il y a mieux. Ne pas perdre de vue que le PS est un ramassis de médiocres. Y-compris dans ce domaine. Quant à l'affiliation à la "sécu" la loi européenne l'a rendue facultative. Mais dans les faits, cette loi est inapplicable en France. La cour européenne de justice basée à Luxembourg-ville est mandatée pour régler ce type de litiges. Enfin bon, c'est la loi.

Pour ce qui concerne Jean-Baptiste Say, il faut bien reconnaître que la phrase en question, hors de tout contexte, n'est pas précise : « un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur ». "produit terminé" ne signifiant pas "produit vendu". A moins que...
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@merisier Pour ce qui concerne le mannequin, bof! Il y a mieux. Ne pas perdre de vue que le PS est un ramassis de médiocres. Y-compris dans ce domaine. Quant à l'affiliation à la "sécu" la loi européenne l'a rendue facultative. Mais dans les faits, cett  Lire la suite
calefactor - 14/02/2014 à 19:44 GMT
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