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« Nationaliser les banques » ? Non merci, on en a encore besoin !

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Publié le 11 octobre 2011
856 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

A l’heure où j’écris ces lignes, la banque franco-belge (ou belgo-française) Dexia est au centre de la tourmente. Ses actions ont dévissé de près de 20% en une seule séance. Les gouvernements belge et français discutent de son cas en comité ministériel restreint. Une victime de plus du capitalisme effréné ? La preuve qu’il faut de toute urgence nationaliser les banques ? Oh… wait




Dans un éditorial paru dans Le Monde Diplomatique en avril 2009 , Serge Halimi appelait sans ambages à nationaliser les banques. Son argument ? Les banques privées ont failli. Leurs gestionnaires, poussés par l’appât du gain, ont consenti à laisser l’ingénierie financière prendre les rênes. Les traders se sont livrés sans retenue à une politique de spéculation débridée qui a mené les banques au bord du gouffre. Preuve éclatante, s’il en fallait encore, que l’Etat et ses commis doivent d’urgence assumer le contrôle de l’ensemble du secteur financier.




Chute spectaculaire 


Plan séquence. Mardi 4 octobre 2011. Entre l’ouverture et la clôture des marchés, le titre de la banque Dexia dégringole : la chute est de 17%. Bon, en même temps, en chiffres absolus, ça fait moins peur : le titre est passé de 1,21€ à 1,01 € (avec un creux à 0,83€). Mais c’est surtout beaucoup moins impressionnant que la perte cumulée en moins d’un an. Le cours le plus élevé de la banque au cours des dix derniers mois était de 3,38€. En moins d’un an, Dexia aura donc perdu deux tiers de sa valeur. En cause : des actifs toxiques dont la toxicité grimpe plus rapidement encore que les taux de radioactivité dans les réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima. Clairement, une banque honteusement spéculatrice récolte aujourd’hui la récolte amère qu’elle a elle-même semée. La preuve que Serge Halimi avait raison ? Pas vraiment, non !




Ah ben zut alors!


Le hic, c’est que le groupe Dexia est la plus « nationalisée » de toutes les banques ouest-européennes. Il suffit d’ouvrir le rapport annuel 2010 du groupe pour s’en convaincre:


Au 31 décembre 2010, l’actionnariat se répartissait comme suit:


-          17,6% : Caisse des Dépôts et Consignations (le bras financier de l’Etat Français)


-          14,1% : Holding Communal (une société contrôlées par les municipalités belges)


-          13,8% : Arco Group (une société holding aux mains des syndicats catholiques belges)


-          5,7% : l’Etat français


-          5,7% : l’Etat belge


-          5% : Ethias Group (une société d’assurances qui a elle-même souffert de la crise et qui, au départ était une coopérative d’assurance mise sur pied pour les fonctionnaires belges. Elle est actuellement sous le contrôle de l’Etat et des entités fédérées belges)

-         



En clair : 48,1 % des actions sont directement ou indirectement dans les mains de l’Etat, et les 13,8% dans les mains des syndicats. La banque est donc virtuellement nationalisée. Dans ces conditions, difficile de prétendre que ce sont les vilaines banques privées aux mains de capitalistes sans scrupules qui se sont montrées les plus téméraires et les moins bien gérées.




Un conseil d’administration bourré de commis de l’Etat


Mais peut-être les Etats se contentaient-ils d’une position passive et le conseil d’administration, noyauté par d’horribles spéculateurs, faisait-il ce qu’il voulait ? Que nenni ! Jetez un œil au conseil d’administration de Dexia :




Président du Board of Directors : Jean-Luc Dehaene. Un monsieur bien connu des belges qui me lisent, puisqu’il a été plusieurs fois premier ministre du gouvernement belge.




Chief Executive Officer : Pierre Mariani.Un superbe énarque bien hexagonal, qui fut entre autres chef de cabinet du Ministre du Budget et porte-parole du gouvernement français.




Parmi les administrateurs, dont la liste est longue comme un jour sans pain, on retrouve notamment, à côté de banquiers de bon teint :


-          Isabelle Bouillot qui fut entre autres conseiller économique du président Mitterand avant d’occuper le poste de responsable du budget au Ministère de l’Economie et des Finances ;


-          Olivier Bourges, qui fut haut fonctionnaire à la Direction du Trésor, à Paris ;


-          Serge Kubla, bourgmestre de la ville de Waterloo, en  Belgique;


-          Koen Van Loo, ancien chef de cabinet du ministre des Finances belges ;


-          Francis Vermeiren, échevin de la ville de Zaventem.




Notons aussi que parmi les anciens administrateurs de Dexia, on retrouve Elio Di Rupo, qui dirige actuellement les négociations de formation d’un nouveau gouvernement belge.




Vous avez dit « banque publique » ?




Un actionnariat au mains de deux Etats et d’organisations syndicales. Un conseil d’administration dirigé par d’anciens politiciens et où siègent de nombreux commis de l’Etat. Et pourtant, Dexia est au bord du gouffre. Difficile, dans ces conditions, d’oser encore prétendre que confier la gestion des banques à l’Etat empêcherait les dérives actuelles.




Car, à part Dexia, quelle banque d’Europe continentale a-t-elle fait la culbute jusqu’ici ? Fortis, bien sûr. Une banque belgo-hollandaise aujourd’hui démantelée et en partie reprise par BNP Paribas. Or, Fortis est elle-même issue de la Caisse Générale d’Epargne et de Retraite, une institution bancaire créée par l’Etat belge et qui a longtemps eu en Belgique le monopole de la récolte de l’épargne publique.




Nationaliser les banques ? Sûrement pas la meilleure solution !


 

 

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Frédéric Wauters est journaliste économique indépendant et professeur de sciences commerciales et de communication à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles. Entrepreneur (www.ex-abrupto.be), il est également essayiste et vient de publier, avec son confrère Ludovic Delory, d'un ouvrage intitulé "Retraites Plombées: comment l'Etat vole votre avenir" (plus de détails sur www.retraites-plombees.be).
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Encore un article qui ne sera pas en première page d'un "vrai" journal...
Les banques et les gouvernements savent qu'ils peuvent continuer à faire ce qu'ils veulent vu qu'ils ont acheté la presse, qui continue à graver le cerveau de l'opinion publique, comme une cd-rw que l'on grave, efface et grave encore sans qu'il ne se rende compte ni réagisse...
Merci pour ce bon rappel sur la grandeur et justesse de l'état dans la gestion des finances... publiques comme privées...
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Encore un article qui ne sera pas en première page d'un "vrai" journal... Les banques et les gouvernements savent qu'ils peuvent continuer à faire ce qu'ils veulent vu qu'ils ont acheté la presse, qui continue à graver le cerveau de l'opinion publique, c  Lire la suite
jack.be - 11/10/2011 à 07:00 GMT
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