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Le crédit carbone, relais de croissance de « l’industrie financière »

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Publié le 30 juin 2009
1319 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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L’hypothèse, sérieuse mais ne pouvant par définition être établie, subsiste toujours : cela va craquer à nouveau de quelque part, soudainement, en dépit du sentiment largement répandu que « le pire est passé ». Les précautions de langage et les réserves employées par les grandes institutions internationales sont là pour nous le rappeler discrètement si on l’oubliait à notre tour. Car il y a beaucoup de méthode Coué - et si peu d’analyse charpentée - derrière ce que nous entendons dire, surtout quand cela est proclamé avec force et conviction. Vous rappelez-vous ces « jeunes pousses » impatientes sortaient de terre en veux-tu en voilà et dont on attend toujours la croissance ? Vous souvenez-vous de cette reprise annoncée en Chine, dont la situation inquiète en réalité les analystes attentifs, car on y observe une bulle financière gigantesque, constituée en peu de temps au nom de la relance et du crédit à tout va, mais qui a surtout abouti à une spéculation tous azimuts ?

Certes, les autorités sont parvenues une fois à contenir l’effondrement du système financier – une véritable chute libre, ont depuis reconnu certains - et cela permet d’accréditer l’idée qu’elles y parviendraient peut-être une seconde fois, si nécessaire. Mais la vérité, tenace, reste que la « shadow banking», la finance de l’ombre, est susceptible de réserver de nouvelles surprises. Et que les indices et autres repères dont disposent les économistes, et dont ils se prévalent encore souvent, non sans une certaine forfanterie et comme s’ils n’avaient rien appris, sont inopérants pour transpercer l’opacité de ce monde-là.

Rien cependant n’interdit de regarder de plus près, au cas où, les scénarii possibles de sortie de crise. Et de tenter de comprendre sur quelles bases la crise suivante se prépare.

Une question domine à ce sujet toute les autres, une fois admis que le monde ne retrouvera pas pour longtemps ses taux de croissance d’avant la crise, impliquant des coûts financiers et sociaux dont on tarde à reconnaître l’ampleur future, vu leur importance. Passant d’un déni à l’autre, car cela est dans l’instant toujours plus confortable. Dans leur course à « la création de la valeur », donc, où les financiers vont-ils désormais pouvoir chercher leurs leviers, depuis que certains de leurs terrains de jeux favoris ne sont plus praticables ? Dans quels domaines spéculatifs vont-ils chasser à nouveau, afin de renouer avec ces rendements à deux chiffres auxquels ils ont pris goût et qu’ils veulent retrouver ? Ni l’économie, dans l’état de pré-convalescence dans laquelle elle va se trouver, ni les recettes classiques reposant sur la titrisation des crédits à la consommation et hypothécaires, ne vont plus permettre de générer ces rendements de choix. L’endettement ne va en effet plus être le moteur de la croissance qu’il a été, ni la machine à profit du secteur financier. D’autres secteurs non plus, dont on découvre tardivement combien ils sont sinistrés et menaçants en Europe, notamment celui des LBO, qui consistent à acheter des entreprises grâce à l’emprunt, en faisant ensuite rembourser celui-ci par leurs soins, avant de les revendre.

Par quoi donc remplacer ces marchés perdus, avec quels collatéraux relancer la titrisation, ainsi que toute la palette des produits structurés ?

Dans l’immédiat, il y a certes quelques lots de consolation, non négligeables faut-il croire, vu qu’ils permettent aux banques senior de se prévaloir de superbes résultats. Il est d’ailleurs d’ores et déjà prévu que ceux du second trimestre ne devraient déparer ceux du premier. Les banques centrales arrosent le marché de liquidités à bas prix, on l’a déjà remarqué, accroissant les marges des banques alors que les taux des prêts ainsi que des obligations privées sont élevés et tendanciellement à la hausse pour la dette d’Etat. Mais, même dans ces conditions privilégiées, on est encore loin du compte en termes de rendements. D’autres secteurs déjà largement labourés restent certes également attrayants - comme disent les commentateurs financiers – dans le secteur des « commodities » (les matières premières), à commencer par l’incontournable pétrole, mais il est politiquement délicat d’en abuser. Enfin, le carry trade, en raison de la fragilité du marché des changes et des écarts qui pourraient laminer les marges, comme les ventes à découvert, ne sont plus ce qu’ils étaient.

Le Financial Times évoquait hier, à sa façon, quatre scénarii de sortie de crise, dans un article titré « à la recherche d’une sortie ». Il accréditait bien le retour de cette spéculation, en décrivant un dernier scénario parmi les quatre étudiés, le plus redouté par les banques centrales selon le journal. Il envisageait une situation de stagflation, marquée par une faible croissance, une forte hausse des prix, et un chômage important. Il précisait que ce serait la hausse du pétrole et des matières premières qui serait, dans cette hypothèse, à l’origine de la hausse des prix, c’est-à-dire de l’inflation. Alors que tout le monde s’inquiète de la création monétaire des banques centrales.

Mais la grande affaire financière qui s’annonce, afin de ne pas s’en tenir à ces bricolages, c’est bien entendu celle que va générer le « green business ». Le très documenté article de la revue Rolling Stones sur les turpitudes de Goldman Sachs, mis en ligne en anglais par le site contre-info ( http://contreinfo.info ), explique très bien les mécanismes par lesquels de majestueux profits s’annoncent. Le marché du crédit carbone va connaître aux Etats-Unis, la loi désormais adoptée par la Chambre des représentants, un développement foudroyant. Rappelons que ce marché va permettre à des industries polluantes d’acheter des droits à polluer à ceux qui disposent de surplus de ceux-ci, en raison de la baisse de leurs émissions de carbone. Et qu’il est prévu que la quantité globale de ces crédits diminue progressivement, ayant pour conséquence le surenchérissement graduel de ces droits. La décision de créer et de développer ce nouveau marché financier, et non pas de procéder par taxation gouvernementale, est du pain béni pour l’« industrie financière ». Rolling Stones l’a résumé ainsi : « C’est pire que le sauvetage (des banques) : cela permet aux banques de s’emparer cette fois-ci de l’argent des contribuables avant même qu’il ne soit collecté ».

Il ne faudrait pas penser que ce qui est ni plus ni moins que la création d’une nouvelle « commodity » résulte d’une improvisation. Le même article décrit toutes les actions de lobbying qui ont précédé et favorisé l’adoption de la loi, où la présence de Goldman Sachs est partout repérée, ainsi que l’ensemble des investissements déjà réalisés dans le secteur des technologies énergétiques de substitution, toujours par Goldman Sachs ou ses filiales. Cerise sur la gâteau, enfin, ce nouveau marché va se développer grâce à un produit, le crédit carbone, dont il est d’ores et déjà prévu que le prix va en augmenter, avec la bénédiction des autorités, sans qu’il soit nécessaire d’organiser en sous-main cette hausse, comme par exemple sur le marché du pétrole.



               

Paul Jorion

pauljorion.com


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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).



Les vues présentées par Paul Jorion sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour.   Les articles présentés ne constituent en rien une invitation à réaliser un quelconque investissement.  . Tous droits réservés.




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