L’économiste
en chef de Citibank, Willem Buiter, vient d’ajouter son nom à la liste d’idiots
(je m’en excuse, mais je ne parviens pas à trouver de terme plus approprié)
qui ont osé appeler à l’abandon de l’argent liquide et à la taxation des
dépôts.
Lorca
Roche Kelly, qui est éditeur chez Bloomberg, a mordu à l’hameçon de Buiter et
publié l’article Citi Economist Says It Might Be Time to Abolish Cash.
Il
y précise que les taux d’intérêt auraient dû être de -6% au sommet de la
crise. Kelly est suffisamment ignorant pour décréter qu’il « semblerait
que Buiter ait raison ».
Le
28 mai 2014, l’économiste Kenneth Rogoff proclamait dans un article écrit
pour le Financial Times que la monnaie papier n'est pas faite pour un monde de crimes et
de faible inflation.
Bien
que je tombe d’accord avec la notion que la monnaie fiduciaire soit inapte,
et que je soutienne le retour d’un étalon or, ce n’est pas exactement là ce
que Rogoff avait en tête.
Buiter
voudrait lâcher des sacs de billets depuis des hélicoptères
Buiter
a développé l’idée plus loin encore que Rogoff.
Le
9 mai 2012, Buiter a décrété que les banques centrales devraient lâcher
des sacs de billets depuis des hélicoptères, voire abandonner complètement
l'usage de liquide.
Taux
d’intérêt négatifs
J’ai
déjà abordé à maintes reprises l’absurdité des taux d’intérêt négatifs. Un
taux d’intérêt naturel ne peut jamais être négatif.
Voyez
par exemple cet article : Stupidity
of Negative Interest Rates Expands to Spain; Deflation Shock Thesis.
Ou
encore celui-ci : Thrown Under the Bus, qui offre un regard nouveau sur le
lancement du blog de Ben Bernanke et du rôle joué par le Brookings Institute.
L’article
de Pater Tenebrarum intitulé Ben Bernanke’s Apologia for the Fed offre une autre
discussion intéressante sur le sujet.
Des
idées idiotes pour des solutions idiotes
Pour
mieux comprendre la solution offerte par Buiter, il suffit d’observer ses
notions économiques illettrées selon lesquelles la déflation des prix serait
une mauvaise chose qu’il nous est nécessaire de combattre.
J’ai
déjà demandé aux Keynésiens de me prouver qu’une hausse des
prix puisse présenter des bénéfices économiques.
La
déflation des prix à la consommation n’est pas malfaisante
La
BRI elle-même en a conclu que la déflation des prix à la consommation ne
représentait pas de menace. Pour plus de détails, je vous conseille de lire
ceci : Historical Perspective on CPI Deflations: How Damaging are
They?
Sous
le premier lien, Buiter énonce les raisons pour lesquelles nous devrions nous
débarrasser de l’argent liquide, avant de se contredire lui-même. Comme c’est
souvent le cas dans le milieu de la folie économique, un chien de compagnie
de Bloomberg avale des idioties come si elles étaient des sucreries.
Pourquoi
nous en sommes arrivés là
Si
nous en sommes arrivés là, c’est parce que la Fed a fait presque tout ce dont
ces idiots avaient rêvé. Les conséquences en ont été l’éclatement de la bulle
sur la dotcom, puis la création d’une bulle si grande sur les actifs que n’importe
qui est susceptible de la voir si ce n’est les économistes les plus idiots.
Les
mauvaises idées ne disparaissent jamais
Il
est temps de récapituler ma loi des mauvaises idées :
- Loi
des mauvaises idées : les mauvaises idées ne disparaissent pas
avant d’avoir été mises en place et tentées à plusieurs reprises.
Certaines ne disparaissent jamais.
- Corollaire
numéro un : si on ne s’y oppose pas, elles s’aggravent au fil du
temps.
- Corollaire
numéro deux : le désir de mettre en place des mauvaises idées mène
à des compromis qui ne peuvent qu’aggraver la situation.
- Corollaire
numéro trois : ceux qui sont au pouvoir ont non seulement les pires
idées qui soit, ils ont aussi les moyens de les faire devenir réalité.
- Corollaire
numéro quatre : pire est l’idée, plus elle a de chances d’être
embrassée par les intellectuels et les opportunistes politiques.
- Corollaire
numéro cinq : aussi mauvaises qu’elles soient, toutes les idées politiquement
acceptables ont la capacité de devenir pires encore.
- Corollaire
numéro six : les mauvaises idées entraînent d’autres mauvaises
idées pour régler les problèmes générés par les premières.
Les
corollaires trois à six sont tirés de Democrat Sponsored "Income Inequality"; Law of Bad
Ideas, Yet Again.
En
parlant d’inégalité des revenus, ceux qui vivent au jour le jour grâce à l’argent
liquide (les plus pauvres) seront les plus affectés par l’idée de Buiter.
J’ai été
surpris d’apprendre que personne n’avait encore formulé de loi des mauvaises
idées, c’est pourquoi j’ai établi la mienne le 14 février 2014.
Ne vous
attendez pas à voir disparaître l’idée de Buiter. Attendez-vous plutôt à ce
qu’elle soit adoptée par les intellectuels, bien que de telles idées soient
exactement ce qui se trouve derrière les inégalités de revenus qu’eux-mêmes
et la Fed déplorent tant.